GNL : bientôt les premiers coups de pioche pour le Terminal de Nador West Med

Le Maroc lancera bientôt un appel à manifestation d’intérêt pour le développement de la première phase du terminal flottant de stockage et de regazéification du port de Nador West Med. Une fois opérationnelle, cette infrastructure, un des piliers de la feuille de route gazière 2024-2030, permettra au Royaume de répondre à la forte demande nationale en gaz naturel liquéfié, au cours des cinq prochaines années.
Dans le pipe depuis l’été dernier, le projet de construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le futur port de Nador West Med devrait s’accélérer dans les prochains jours. Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a annoncé le lancement imminent d’une consultation, lors de son intervention, le 21 avril, à la Chambre des représentants.
«Cette semaine, nous lancerons un appel à manifestation d’intérêt pour le développement de la première phase du terminal méthanier de Nador», a-t-elle déclaré, selon l’agence Reuters.
Concrètement, il s’agira d’installer une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) dans les eaux profondes de Nador West Med. Celle-ci sera reliée à un pipeline existant, lequel permet au Maroc d’importer chaque année 0,5 milliard de mètres cubes de gaz depuis l’Espagne, via le Gazoduc Maghreb Europe (GME).
Des besoins en gaz naturel estimés à huit milliards de mètres cubes en 2027
Une fois opérationnelle, cette infrastructure permettra au Maroc, dont les besoins en gaz naturel devraient atteindre huit milliards de mètres cubes en 2027 selon Leila Benali, de répondre à cette forte demande, particulièrement pour les industriels. Raison pour laquelle ce terminal méthanier sera également relié à des zones industrielles situées près de Kénitra et de Mohammedia.
Le futur terminal portuaire fait partie de la feuille de route gazière 2024-2030, fruit d’un protocole d’accord signé le 26 mars 2024 entre le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Économie et des Finances, et le ministère de l’Équipement et de l’Eau.
Cinq organismes et sociétés publics, en l’occurrence l’Agence nationale des ports (ANP), l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), la société Nador West Med et la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM), y sont également associés.
Construction de deux autres terminaux GNL
Parallèlement, le département de Leila Benali prévoit aussi la construction de deux autres terminaux dans le port atlantique de Jorf Lasfar 2 (ou de Mohammedia), et dans celui de Dakhla Atlantique. Une annonce faite par la ministre le 2 avril 2024, lors d’une intervention au siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Elle avait en outre révélé la construction de gazoducs domestiques qui permettront de transporter le gaz naturel liquéfié (GNL) issu des champs gaziers de Tendrara et d’Anchois (Larache) vers le réseau national et les sites industriels.
«Nous souhaitons une minimisation de la contribution de l’État pour permettre au secteur privé d’accroître ses investissements dans ces infrastructures et garantir une meilleure flexibilité dans leur mise en œuvre», avait-t-elle souligné.
À travers ces grands projets gaziers, le Royaume souhaite diversifier ses sources d’énergie et surtout réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, particulièrement le charbon. Pour rappel, l’objectif stratégique du Royaume reste l’accélération de sa transition énergétique tout en portant la part des énergies renouvelables dans la capacité totale installée de 45% actuellement à 52% d’ici 2030.
Connecter le réseau gazier au Gazoduc Africain Atlantique
Le Maroc envisage aussi de connecter son réseau gazier au gazoduc Nigéria-Maroc, rebaptisé Gazoduc Africain Atlantique (AAGP), via un terminal méthanier prévu dans le port de Dakhla Atlantique. D’ailleurs, lors de son face-à-face avec les parlementaires, Leila Benali a indiqué que les travaux pour la première phase, comprenant l’axe Sénégal-Mauritanie-Maroc, sont en cours, de même que les études sur le terrain et l’étude d’impact environnemental et social.
Début mars dernier, à l’occasion d’un évènement organisé par le think tank américain Atlantic Council à Washington, la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, avait affirmé que la décision finale d’investissement progresse, avec la perspective d’une mise en service des premiers tronçons dès 2029.
Estimé à 26 milliards de dollars, l’AAGP, dont les études de faisabilité et d’ingénierie ont été achevées, regroupe le projet d’extension du gazoduc Maroc-Nigéria (25 milliards de dollars), prévu sur un tracé de 5.669 km, et le gazoduc ouest-africain (975 millions de dollars), d’une longueur de 678 km.
Ce mégaprojet gazier partira du Nigéria et traversera treize pays de la côte ouest-africaine ainsi que trois pays enclavés (Mali, Burkina Faso et Niger), pour atteindre le Maroc, où il sera connecté au GME, puis à l’ensemble du réseau gazier européen.
Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO