Coupe du Monde 2030 : une émission d’euro-obligations réussie pour le Maroc

Dans un contexte de mobilisation financière accrue en vue de la Coupe du monde 2030, le Maroc a levé avec succès 2 milliards d’euros, à l’occasion de sa première émission d’euro-obligations. Une opération qui s’est déroulée avec succès, vu le fort engouement qu’elle a suscité. Une donne qui reflète la confiance des investisseurs dans la situation économique du pays et dans son potentiel de croissance à long terme.
La première émission d’euro-obligations du Maroc depuis 2020 s’est déroulée avec succès avec une levée de 2 milliards d’euros. Une opération qui a suscité un fort engouement auprès des investisseurs internationaux, attirant plus de 6,75 milliards d’euros d’offres.
Signal positif
Cette émission obligataire était prévisible. Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, avait ainsi récemment déclaré que le Maroc a plus besoin d’euros que de dollars. Une affirmation qui transparaît dans la dynamique récente des obligations marocaines en euros, dont le rendement sur l’échéance de mars 2026 a reculé d’environ un point de pourcentage depuis le début de l’année 2025, pour atteindre 3,03% en février.
Selon un opérateur du marché, cette levée était déjà attendue pour la fin 2024, surtout que les financements étaient principalement orientés vers le marché local.
Pour notre interlocuteur, la machine est bien lancée. D’éventuels financements extérieurs sont attendus, encouragés par les dispositions de la Loi de finances. Toutefois, la nouveauté réside dans la devise. Les analystes estiment que le choix de l’euro n’est pas anodin. Il est justifié par son coût plus compétitif car la politique monétaire en Europe demeure plus accommodante. Ils mettent également en relief l’impact que cette émission peut avoir sur le marché.
Les effets commencent d’ores et déjà à se faire sentir, notamment sur la courbe des taux. Le déficit de la liquidité bancaire peut indéniablement profiter de cette manne financière. Et ce, sans parler du stock des avoirs officiels des réserves de change qui se verront renflouer.
Sur le marché obligataire, le trésor bénéficiera d’une avance budgétaire en termes de trésorerie, ce qui le place dans une situation confortable, atténuant ses besoins et lui permettant ainsi un retrait du marché local. Toujours en termes d’atouts, l’émission d’un eurobond s’avère plus avantageuse en raison de taux d’intérêt compétitifs par rapport aux coûts d’emprunt en dollars surtout que la FED (la Banque centrale américaine) n’a pas réduit son taux directeur.
Le financement de l’émission s’avère ainsi moins coûteuse. Plusieurs analystes de la place s’accordent également à dire que cette opération permettrait au Maroc d’attirer des investisseurs institutionnels européens tout en évitant une exposition accrue au dollar, dont la volatilité peut affecter les coûts de remboursement.
Des investissements structurants en perspective
À noter que cette émission se décline en deux tranches. L’obligation à quatre ans a été émise avec un rendement final de 155 points de base (pbs) au-dessus du midswap, en baisse par rapport aux 190 pbs initialement annoncés. Quant à l’obligation à 10 ans, elle a été fixée à midswap plus 215 pbs.
Et ce sont les banques BNP Paribas, Citigroup, Deutsche Bank et JPMorgan Chase qui ont été mandatées en tant que teneurs de livre, tandis que Lazard a joué le rôle de conseiller financier. Les fonds levés par cette émission obligataire seront principalement dédiés aux projets d’infrastructures liés à la co-organisation de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal.
Selon les estimations de professionnels, le coût total des investissements prévus d’ici 2035, incluant les dépenses de reconstruction liées au séisme de 2023, pourrait dépasser les 35 milliards de dollars. Ceci étant, les investissements prévus incluent l’extension du réseau ferroviaire, la modernisation des aéroports, le renforcement des infrastructures routières et portuaires, ainsi que le développement de stations de dessalement et d’énergies renouvelables, notamment l’hydrogène vert.
Malgré son statut de pays détenant la meilleure note en catégorie spéculative au sein des agences de notation internationales, le Maroc affiche une volonté d’optimiser ses coûts d’endettement.
En 2023, le pays avait déjà émis 2,5 milliards de dollars en obligations. Cependant, cette nouvelle levée de fonds intervient après le renouvellement d’une ligne de crédit flexible accordée par le Fonds monétaire international, un facteur qui a pu favoriser des conditions de financement plus profitables, mais qui représente également un filet de sécurité solide face aux chocs externes. La Banque mondiale a également réaffirmé son soutien aux ambitions marocaines.
Dans le même sens, le Conseil économique et social de la Ligue arabe, réuni en février, a appelé les États membres à soutenir les préparatifs du Royaume. Une dynamique confortée par l’engagement du Conseil de coopération du Golfe qui, dès décembre 2024, avait fait part de son intention de fournir au Maroc toutes les formes de soutien et de coopération.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO