Maroc

Ressources hydriques : cap sur des barrages de nouvelle génération ?

Le retour de la pluie depuis quelques semaines a permis aux barrages d’améliorer considérablement leurs retenues d’eau. Toutefois, il devient nécessaire de rendre ces infrastructures plus «intelligentes» afin de leur permettre d’alimenter la nappe phréatique, tout en évitant la déperdition des ressources hydriques avec le phénomène de l’évaporation. Explications.

Le Maroc a rarement été aussi bien arrosé dans l’espace et le temps au cours des sept dernières années , qui ont été marquées par une forte sécheresse. En tout cas, durant ce mois de mars, et en plein Ramadan, les barrages du Royaume ont pu capter des quantités d’eau considérables, faisant passer le taux de remplissage de 26% à près de 36% en quelques jours.

D’ailleurs, selon certaines estimations, c’est une première depuis 2021, en termes de retenues d’eau. Selon les données mises à jour du ministère de l’Équipement et de l’eau, près de 6 milliards de mètres cubes d’eau étaient désormais stockés à la date du 18 mars 2024.

Il faut donc rendre grâce et espérer une poursuite des précipitations durant le printemps, qui se pointe à l’horizon et qui commence dès le 21 mars. Si pour la campagne agricole il sera difficile de rattraper le retard pris sur les cultures céréalières, l’espoir demeure pour les cultures maraîchères et sucrières.

L’optimisme est également de mise concernant la réponse à la demande en eau potable pour la consommation des ménages. Ces barrages qui recommencent à se remplir ne gagneraient-ils pas à être restructurés afin de renforcer leur action dans la préservation des ressources hydriques ?

Nappe phréatique
«Maintenant, il nous faut réfléchir à développer des barrages malins et intelligents, qui peuvent servir à alimenter la nappe phréatique. Ainsi, nous pourrons continuer d’utiliser l’eau depuis cette source, sachant que l’évaporation sera évitée», lance le climatologue Mohamed Said Karrouk.

Car, il faut bien noter qu’après le printemps, se profile une longue période sèche, et qui connaîtra son pic durant la saison estivale, chaude et rarement pluvieuse. Si rien n’est fait, une bonne quantité de l’eau retenue actuellement sera perdue.

«En effet, la nappe phréatique protège de l’évaporation. Avec la hausse des températures, il faut éviter de laisser l’eau dans les barrages trop longtemps. C’est de la ressource que nous perdons», explique Mohamed Said Karrouk.

Le principe est donc simple, il faut faire en sorte que les retenues des barrages aillent plutôt vers la nappe phréatique, et rester à la disposition des agriculteurs via le système de pompage et de goutte à goutte, plutôt que de s’évaporer inutilement.

Actuellement, ce ne sont pas tous les barrages qui parviennent à jouer ce double rôle de retenir l’eau en surface et de la stocker dans la nappe phréatique. «Cela s’applique dans les grands barrages, notamment dans le Nord du pays.

De même, le barrage d’Al Wahda a réussi à disposer de l’eau malgré six années de sécheresse. Toutefois, cette capacité à garder l’eau veut également dire qu’il y a eu énormément de quantités qui se sont évaporées. Il est donc préférable que ce type de barrages puisse servir à transférer l’eau dans d’autres parties du Maroc», poursuit le climatologue.

Bassins collinaires
En plus de la dynamique de transferts d’eau, dans le cadre des nouvelles autoroutes hydriques, l’accent devrait donc être mis sur l’amélioration des infrastructures hydrauliques. Cela permettrait à l’agriculture de se mettre à l’abri des longues périodes de sécheresse, comme c’est le cas actuellement. Il faut noter que le Royaume construit actuellement plus d’une dizaine de barrages afin de limiter l’effet du stress hydrique et de pouvoir continuer d’assurer la fourniture d’eau malgré les épisodes de baisse importante des pluies.

Ce chantier est mené en parallèle avec celui de la construction de stations de dessalement d’eau de mer, le tout pour une enveloppe de 140 MMDH.

En tout cas, dans le Nord du Royaume, région la moins touchée par la sécheresse de ces années, on se lance malgré tout dans une nouvelle logique de construction de bassins et de barrages collinaires. C’est ce qui a d’ailleurs été décidé récemment par le Conseil de la région, afin de capter au maximum les eaux de pluies et de pouvoir les retenir pour un redéploiement dans l’agriculture notamment.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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