Éco-Business

E-paiement : vers la fin de règne du cash ?

Le Maroc n’a pas à rougir de ses infrastructures technologiques, notamment en matière de paiement électronique, mais l’usage fait encore défaut. Quoi qu’il en soit, la dynamique est lancée et le CMI ne compte pas baisser les bras, en dépit des péripéties traversées. D’ailleurs, les chantiers de transition sur lesquels l’opérateur s’est engagé sont bel et bien initiés, dont certains seront opérationnels incessamment.

L’e-paiement, longtemps relégué au second plan par une économie où le cash était roi, est en train de changer la donne. Il fut un temps où, au Maroc, le paiement électronique relevait plus de la curiosité que de l’usage quotidien. Certes les vieilles habitudes ont la peau dure, mais depuis la pandémie de covid-19, tous les paradigmes ont été bousculés au profit d’une digitalisation qui s’est fortement accélérée et qui a imposé le paiement électronique comme une évidence. Les chiffres attestent d’une croissance fulgurante d’année en année.

Un taux d’usage encore trop faible
Mais cette métamorphose n’a rien d’un simple phénomène spontané. Derrière cette ascension, des acteurs, tels que le Centre monétique interbancaire (CMI), œuvrent pour fluidifier l’expérience utilisateur et renforcer la sécurité des transactions, critère qui cristallise les réticences.

«Le paiement électronique évolue en moyenne de 15% en valeur, et de 20 à 25% en nombre de transactions. Le CMI doit doubler sa capacité quasiment tous les trois ans. Toutefois, l’évolution est due à des facteurs tels que le rajeunissement d’une population qui est davantage portée sur la technologie, ou encore le renforcement de la politique de numérisation, notamment au niveau de l’administration et même des entreprises. La sophistication des circuits de distribution y a également considérablement contribué. L’autre force motrice reste l’émergence de fintechs qui ont apporté des solutions novatrices», précise Rachid Saihi, directeur général du CMI.

Si le Maroc se distingue par son infrastructure digitale qui n’a rien à envier aux pays développés, le changement de comportement demeure problématique. En effet, un nombre important de cartes bancaires en circulation, soit 20 millions, le nombre de transactions ne suit pas la même cadence. «Le nombre de transactions en 2024 est de l’ordre de 216 millions. L’analyse de ces données indique que chaque carte bancaire effectue 10 transactions par an.

Ainsi, l’usage fait encore défaut. Et c’est ce que nous essayons de développer auprès d’une population équipée. Celle qui ne l’est pas est un autre challenge», relève Saihi. L’enjeu est de renforcer l’inclusion financière en rendant l’acceptation des paiements digitaux plus accessible et moins onéreuse.

Par ailleurs, le CMI mise sur l’amélioration de l’expérience client, ou ce qui est communément appelé le «reach», ou encore sur la richesse fonctionnelle pour stimuler davantage l’utilisation du paiement électronique.

Engagements
Un élan qui n’a pas été freiné ces derniers mois, alors que la situation de monopole du CMI sur le marché a été dénoncée par la société NAPS via une saisine déposée auprès du Conseil de la concurrence. Une situation qui a incité l’opérateur à s’engager à prendre des mesures visant à répondre aux préoccupations de concurrence identifiées lors de l’instruction de l’affaire, et à améliorer le fonctionnement concurrentiel du marché du paiement électronique par carte.

Dans ce sens, la plateforme technologique du CMI subira une transformation de taille. À partir du 1er mai, une plateforme multi-acquéreur sera opérationnelle. Durant la phase transitoire, le CMI continuera de servir ses clients existants au moins jusqu’à la fin de l’année, avant de transférer les contrats aux banques actionnaires.

Pour Saihi, il est primordial que le commerçant ne paie pas les dommages collatéraux de cette transition qui s’opère. À cet égard, l’écart du taux d’interchange qui a été réduit à 0,65%, au lieu de 1,2% auparavant, a été répercuté sur les clients qui se situaient dans la tranche supérieure. Entre-temps, tous les clients qui étaient dans une tranche d’interchange supérieure à 0,65% ont bénéficié d’une baisse à partir du 1er octobre dernier.

Toutefois, pour rester dans les engagements, le CMI ne compte pas lésiner sur les moyens technologiques et promet des avancées innovantes notamment au niveau pour la partie paiement électronique. L’ambition ne manque pas de promesses non plus pour le volet fatorati, celui du paiement des factures. Un plan colossal d’investissement est prévu afin d’apporter des services additionnels.

Rachid Saihi
DG du CMI

«Le nombre de transactions qui se sont déroulées en 2024, sont de l’ordre de 216 millions. Tout compte fait, l’analyse de ces données indiquent que chaque carte bancaire effectue 10 transactions par an. Ainsi, l’usage fait encore défaut. Et c’est ce que nous essayons de développer auprès d’une population équipée. Celle qui ne l’est pas est un autre challenge, mais d’une dimension nationale».

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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