Pêche : quelles perspectives après la stratégie Halieutis ?
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Zakia Driouich, secrétaire d’État à la Pêche, s’est livré à un exercice de questions-réponses, en marge de la 7e édition du salon Halieutis qui a clôturé ses travaux en fin de semaine dernière. Zoom sur les principales réalisations, défis et enjeux abordés lors d’un point de presse en marge du salon Halieutis.
Vieillissement de la flotte, raréfaction de la ressource, contrôle des navires et développement de l’aquaculture… Zakia Driouich, secrétaire d’État à la Pêche, s’est livrée à un exercice de questions-réponses, en marge de la 7e édition du salon Halieutis qui a clôturé ses travaux en fin de semaine dernière.
L’édition 2025 du salon a cristallisé, une fois de plus, l’importance économique des filières de la pêche maritime et de l’aquaculture qui placent le Royaume en tête des pays africains producteurs et au 13e rang mondial. Lancée en 2009, la stratégie Halieutis constitue le cadre stratégique pour le développement du secteur halieutique marocain. Elle a reposé sur trois axes principaux, dont la durabilité des ressources.
Parmi les mesures phares adoptées, figure l’installation du dispositif «VMS» (Vessel Monitoring System) qui a nécessité 116 MDH pour assurer le suivi par satellite des navires. En parallèle, un Centre national de surveillance des navires de pêche a été créé à Rabat pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Investissements fructueux
En matière de suivi des infractions, 4.500 contraventions ont été enregistrées en 2010, un an après le lancement de la stratégie Halieutis. Un chiffre qui s’explique notamment par une résistance au changement de la part des professionnels. Le nombre d’infractions a progressivement baissé pour atteindre 384 en 2024.
«Le contrôle est important pour préserver la ressource d’autant plus que les professionnels se sont impliqués dans ce processus avec une prise de conscience de cet outil», a noté Zakia Driouich.
De surcroît, l’État a investi 45 MDH à Dakhla pour le triage d’eau ainsi que les débarquements pour le pesage et le respect des quotas de pêche. Partant du constat que la ressource halieutique est à caractère biologique, l’État a également investi 1,6 MMDH pour développer une recherche de pointe afin de trouver les solutions nécessaires, notamment en matière de durabilité.
De l’avis du secrétaire d’État à la Pêche, «ce chiffre n’est pas suffisant, compte tenu de l’étendue de la bande côtière marocaine de 3.600 km, puisque chaque espèce a besoin de son propre plan d’aménagement et d’une recherche spécifique. Actuellement, 32 plans d’aménagement et de gestion couvrent les pêcheries marocaines».
Relancer le programme Ibhar
Lors de son intervention, Zakia Driouich est revenu sur la question du renouvellement de la flotte de pêche, surtout face aux défis que pose le changement climatique.
«Le chantier naval à Agadir, Tan-Tan, entre autres, connaît une forte demande pour assurer le renouvellement de la flotte. L’investissement injecté par le privé s’élève à 357 MDH», a indiqué la secrétaire d’État.
Rappelons que le renouvellement de la flotte était l’un des objectifs poursuivis par le programme Ibhar, lancé en 2008.
«Éventuellement, ce programme, qui consistait à inciter financièrement les professionnels à adhérer à la modernisation et à la mise à niveau des flottes, est intervenu dans un contexte prématuré où les professionnels, malgré leur adhésion, n’étaient pas conscients de son importance. Le programme n’a commencé à porter ses fruits que durant les dernières années avant sa clôture», a confié Zakia Driouich, qui promet de futures discussions pour relancer le programme afin de mieux structurer ce volet.
Sardine : le repos biologique prendra fin le 15 février 2025
Pour ce qui est de l’approvisionnement en sardine à l’approche de Ramadan et des cours qui ont grimpé récemment, Zakia Driouich a rappelé qu’un repos biologique avait été instauré pour améliorer la capacité reproductive et le renouvellement des biomasses de ces stocks.
«La période de janvier à mars est un intervalle très connu où l’offre est très faible. Le repos biologique s’achèvera le 15 février. Les indicateurs, surtout pour les anchois, sont actuellement prometteurs», a-t-elle déclaré, ajoutant que 80% de la ressource halieutique nationale est constituée de petits pélagiques, notamment la sardine, le maceron et le séchon.
La secrétaire d’État a aussi expliqué que les prix de la sardine étaient affectés par de multiples facteurs, notamment l’offre et la demande, le repos biologique et les changements de température.
En vue du mois sacré, il a annoncé le lancement d’une opération «Poisson à prix raisonnable» qui concernera les produits congelés. Elle sera déployée dans 35 villes avec 700 points de vente, y compris les grandes surfaces.
Aquaculture : 8 plans d’aménagement couvrant 70% du littoral
Zakia Driouich est également revenu sur le développement de l’aquaculture au Maroc. 14 ans après sa création, l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) compte parmi ses réalisations la mise en place de 8 plans d’aménagement régionaux couvrant plus de 2.400 km de côtes, soit 70% du littoral national.
Ils ont concerné les régions de Dakhla-Oued Eddahab, Laâyoune-Sakia El Hamra, Guelmim-Oued Noun, Souss-Massa, Marrakech-Safi, Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et l’Oriental. Cette planification a permis d’identifier près de 24.000 hectares de zones adaptées pour accueillir des projets d’investissement en aquaculture marine diversifiés et portant sur les trois principales filières, à savoir la pisciculture, la conchyliculture et l’algoculture.
Ce secteur, qui a nécessité 1,5 MMDH d’investissements publics, a enregistré en 2024, une production de 7.000 tonnes, pour un chiffre d’affaires de 310 MDH. Entre-temps, quelque 200 fermes aquacoles ont vu le jour en 2024 dans les différentes régions du Royaume, et 322 conventions de création et d’exploitation de fermes aquacoles ont été publiées au Bulletin officiel en plus du développement des écloseries.
Au total, le Maroc mise sur le développement de 450 projets aquacoles, dont 123 à caractère social pour de jeunes entrepreneurs et des coopératives de pêche artisanale. Ces projets ont vocation à porter la production annuelle à 390.000 tonnes et à créer 6.300 opportunités d’emplois.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO