Maroc

Marché de l’emploi : le chômage décolle en 2024

Pour la seconde année consécutive, le chômage s’inscrit en hausse, passant de 1,580 million de chômeurs en 2023 à 1,638 million en 2024 (+58.000). Le taux de chômage est ainsi passé de 13% à 13,3% en un an. Cette hausse est la conséquence d’un accroissement de 42.000 chômeurs en milieu urbain et de 15.000 en milieu rural.

Le marché de l’emploi ralentit, le taux d’activité aussi. À la lecture des dernières statistiques du Haut-commissariat au plan (HCP) relatives à la situation du marché du travail en 2024, la hausse du chômage se confirme, une fois de plus, au Maroc.

Sur ce front, le tableau que dessine le HCP interpelle à plus d’un titre. Pour la seconde année consécutive, le chômage continue sa hausse, passant de 1,580 million de chômeurs en 2023 à 1,638 million en 2024 (+58.000). Le taux de chômage est ainsi passé de 13% à 13,3% sur la période.

Cette hausse est la conséquence d’un accroissement de 42.000 chômeurs en milieu urbain et de 15.000 en milieu rural. Ceci signifie que, malgré la création d’emplois, la croissance économique n’est pas suffisante pour absorber le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail. Si l’on se réfère à la période couvrant les six dernières années et à l’avant-Covid, on constate que le taux de chômage est passé de 10,2% en 2017 à 9,5% en 2018 et à 9,2% en 2019.

Ce niveau a été dépassé, bien évidemment, en 2020 et 2021 à 11,9% et 12,3% durant la période pandémique avant de revenir à 11,8% en 2022. Par contre, c’est par la suite que le seuil historique de 13% a été enregistré (en 2023) avant de se stabiliser à 13,3% en 2024.

Une tendance plus accentuée en milieu rural
La tendance connaît des intensités différentes selon qu’on soit en milieu urbain ou rural. Ainsi, le nombre de chômeurs a progressé de 42.000 en milieu urbain et de 15.000 en milieu rural.

Parallèlement, le taux de chômage est différencié. Il est passé de 16,8% à 16,9% en milieu urbain (+0,1 point) et de 6,3% à 6,8% en milieu rural (+0,5 point). Bien que le taux urbain soit plus élevé, l’augmentation relative en milieu rural est plus marquée, ce qui pourrait signaler des difficultés croissantes puisque le Maroc continue de pâtir des incidences climatiques, notamment l’extrême vulnérabilité du Royaume face aux changements climatiques, (perte d’emplois agricoles).

Cela révèle aussi la capacité de l’économie marocaine à créer de l’emploi surtout en milieu urbain, en relation avec la question de l’investissement, en vue d’endiguer le chômage croissant.

Par catégorie de population, il est à signaler que le taux de chômage des femmes a augmenté de 1,1 point, passant de 18,3% à 19,4%, ce qui est significatif. Cela met en lumière les difficultés particulières rencontrées par les femmes sur le marché du travail. Pour les hommes, le taux de chômage a légèrement augmenté (+0,1 point), passant de 11,5% à 11,6%.

En ce qui concerne les jeunes (15-24 ans), leur taux de chômage reste alarmant. Il a augmenté de 0,9 point, passant de 35,8% à 36,7%. La persistance du chômage de cette catégorie et des diplômés met en évidence des problèmes structurels. Elle souligne aussi la vulnérabilité de cette tranche d’âge et le défi de son insertion professionnelle, surtout pour ce qui est des NEET. Pour les autres tranches d’âge (25-34 ans, 35-44 ans, 45 ans et plus), le chômage a également augmenté, bien que de manière moins marquée.

Précarité et inadéquation
En ce qui concerne les caractéristiques des chômeurs, la part des personnes au chômage depuis moins d’un an a augmenté, passant de 33,3% à 37,1%. Cela indique une augmentation des flux de chômage, signe que de nouvelles personnes rejoignent le rang des chômeurs alors que la durée moyenne de chômage reste alarmante.

Elle atteint en effet 31 mois, ce qui montre la grande difficulté pour les chômeurs de longue durée à retrouver un emploi. 30% des chômeurs se sont retrouvés dans cette situation suite au licenciement ou à l’arrêt de l’activité de l’établissement et 25,6% suite à l’achèvement des études.

À noter que 50,7% des chômeurs sont des personnes ayant déjà travaillé. Parmi ceux-ci, 80% résident en milieu urbain, plus de trois quarts sont des hommes et plus de la moitié sont des jeunes (15-34 ans). Une majorité de ces chômeurs sont diplômés, avec une proportion importante de diplômés de niveau moyen et supérieur. La grande majorité de ces chômeurs étaient salariés et ont exercé principalement dans les services, le BTP et l’industrie.

Par ailleurs, le taux de chômage des diplômés a connu une quasi-stagnation (-0,1 point), passant de 19,7% à 19,6%. Cela suggère que l’obtention d’un diplôme ne garantit pas une protection contre le chômage.

Pour les non-diplômés, le taux de chômage a augmenté de 0,3 point (évoluant de 4,9% à 5,2%), alors que les hausses les plus importantes ont été enregistrées chez les titulaires de diplômes en qualifications professionnelles (+1,5 point) et de l’enseignement secondaire qualifiant (+1,3 point). Cela souligne un problème d’adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail, avec un manque de débouchés pour les diplômés de ces filières.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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