Maroc

Aide directe au logement : l’offre pourra-t-elle suivre la demande ?

Un an après son lancement, le programme d’aide directe au logement suscite un fort engouement. Au-delà de son impact social, cette initiative a généré des retombées économiques notables, dynamisant le secteur immobilier et les crédits bancaires. Toutefois, des interrogations persistent du côté des promoteurs, qui pointent du doigt des lenteurs administratives et un manque de clarté sur l’offre de logements éligibles. Pour eux la production ne suit pas.

Cela fait un an que le programme d’aide directe au logement a été lancé. Un programme qui a apporté beaucoup d’espoir à une population en quête de logements décents à coût abordable. Depuis son lancement, un fort engouement a été observé, d’autant plus que le programme s’est étendu aux Marocains résidant à l’étranger, lesquels représentent une part importante des bénéficiaires. Comme le confirme le bilan annuel établi par le ministère de l’Aménagement et de l’Habitat, 25% sur un total de 63.000 bénéficiaires sont des Marocains résidant à l’étranger (MRE), dont 32% sont des jeunes.

Côté répartition, 63% des bénéficiaires ont reçu une aide de 70.000 dirhams, tandis que 37% ont bénéficié de 100.000 dirhams. Quant aux demandes, elles se sont élevées à 114.365 depuis la mise en ligne de la plateforme dédiée en janvier 2024. Un chiffre qui reflète un fort enthousiasme, bien que près de la moitié des demandes aient été refusées. L’impact de cette aide directe ne se limite pas à la population bénéficiaire, il se répercute également sur l’ensemble de l’écosystème lié au logement.

Selon le département de tutelle, des retombées économiques significatives ont été enregistrées, notamment une hausse des ventes de ciment, qui ont progressé de 9,45%. Dans le même esprit, les crédits immobiliers ont connu une augmentation de 1,7% au cours de l’année, tandis que les prêts accordés aux promoteurs immobiliers ont grimpé de 7,2%.

Le bilan annuel met également en avant une couverture territoriale plus large. Le programme d’aide directe au logement a été élargi à des villes qui en avaient jusque-là peu bénéficié, notamment Fès, Settat, El Jadida, Benslimane, Oujda, Berkane et Taza. La production annuelle des unités de logement destinées aux classes à faibles et moyens revenus avoisine les 113.000, dont 94.000 ont bénéficié de l’aide directe au logement.

Là où le bât blesse…
Toutefois, du côté des promoteurs immobiliers, des interrogations persistent. «Le programme mis en place est une mesure unique en son genre. Nous ne contestons pas l’effort louable du ministère, et nous sommes disposés à collaborer étroitement avec la tutelle afin de mener à bien ce programme, d’autant plus que de nombreux obstacles entravent le développement du secteur de la promotion immobilière. Nous ne disposons toujours pas de détails concernant les logements autorisés dans le cadre du programme, alors que la production ne suit pas», déplore Anis Benjelloun, porte-parole de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI).

Ce que les professionnels du secteur demandent, c’est une analyse plus approfondie des chiffres, notamment en ce qui concerne les unités de logement concernées par le programme d’aide au logement. Comme l’a souligné Mohamed Rachid Tadlaoui, secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des notaires, les logements éligibles doivent bénéficier d’un permis d’habiter daté à partir du 1er janvier 2023 et correspondre à une première mutation, autrement dit un habitat neuf. Le notaire ajoute que les plateformes dédiées ont permis de faciliter les démarches en toute transparence.

Selon lui, cette aide directe a contribué à dynamiser de nouveaux projets de logement. Pour la FNPI, il est essentiel d’accompagner ce programme d’autres mesures, notamment face aux défis persistants tels que la cherté du foncier et des matériaux de construction. Un autre obstacle réside au niveau de l’administration.

Selon Anis Benjelloun, plusieurs dossiers en souffrance sont bloqués au niveau des services des autorisations de construction, un retard qui impacte fortement l’économie nationale.

La FNPI estime le coût de ces retards entre 5 et 10 milliards de dirhams par an, d’où l’urgence de fluidifier les procédures administratives. Enfin, la fédération s’interroge sur la nature des logements autorisés dans le cadre du programme. S’agirait-il d’un ancien stock en train de s’écouler ? En effet, pour obtenir une autorisation, il faut souvent patienter plus d’un an. La demande pour ce type de logement à prix bas est bien présente, mais l’offre sur le marché reste limitée.

Anis Benjelloun
porte-parole de la FNPI

«Le programme mis en place est une mesure unique en son genre. Nous ne contestons pas l’effort louable du ministère, et nous sommes disposés à collaborer étroitement avec la tutelle afin de mener à bien ce programme, d’autant plus que de nombreux obstacles entravent le développement du secteur de la promotion immobilière. Nous ne disposons toujours pas de détails concernant les logements autorisés dans le cadre du programme, alors que la production ne suit pas.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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