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Impôt sur le Revenu : le coup de pouce de la révision du barème

La récente réforme de l’impôt sur le revenu (IR), introduite par la loi de finances 2025, apporte un vent de fraîcheur pour de nombreux contribuables. En relevant les tranches d’imposition et en réduisant les taux, cette mesure vise à alléger la pression fiscale et à augmenter le pouvoir d’achat des ménages. Zoom sur cet impact direct dans le portefeuille des contribuables personnes physiques.

«Cette réforme de l’impôt sur le revenu (IR) s’inscrit dans le cadre de l’exécution de l’engagement du gouvernement prévu par l’accord d’avril 2024 relatif au dialogue social, afin d’améliorer les revenus des fonctionnaires, des salariés et des retraités, à travers la réduction de leur charge fiscale en matière d’impôt sur le revenu». Tel était l’argumentaire du gouvernement lors de la présentation de cette mesure.

Parmi les principaux changements, on note le relèvement de la première tranche exonérée à 40.000 dirhams, permettant d’exonérer tous les revenus salariaux inférieurs à 6.000 dirhams par mois. Une mesure qui bénéficie grandement aux petits revenus, leur offrant un réel gain de pouvoir d’achat.

Pour les tranches supérieures, la réforme prévoit un élargissement des paliers et une réduction pouvant atteindre 50% des taux d’imposition. Le taux marginal est également abaissé de 38% à 37%. Concrètement, cela se traduit par des gains substantiels pour de nombreux contribuables. Prenons quelques exemples concrets.

Un bol d’air frais pour les petits revenus
L’une des mesures phares de la réforme de l’impôt sur le revenu (IR) est l’exonération totale des revenus salariaux inférieurs à 6.000 dirhams par mois. Concrètement, cela signifie qu’un salarié percevant un salaire net mensuel de 6.000 dirhams ne sera plus assujetti à l’IR en 2025.

Prenons l’exemple de Samira, employée dans une entreprise privée et mère célibataire de deux enfants. Avant tout, soulignons que les montants calculés sont basés sur une simulation simplifiée et peuvent présenter de légères différences par rapport aux chiffres réels calculés.

En 2024, avec un salaire net de 6.000 dirhams par mois, soit 72.000 dirhams par an, elle était imposable sur une tranche de son revenu selon le barème de l’IR en vigueur à l’époque. Calcul de l’IR pour Samira en 2024 : Revenu net imposable : 72.000 dirhams ; Tranche imposable (50.001 à 60.000 dirhams) à 20% : 10.000 dirhams x 20% = 2.000 dirhams d’IR. Ainsi, en 2024, Samira payait 2.000 dirhams d’impôt sur le revenu, réduisant son revenu net annuel à 70.000 dirhams.

Grâce à la réforme de 2025, avec le relèvement de la première tranche exonérée à 40.000 dirhams, Samira ne paiera plus d’impôt sur son salaire de 6.000 dirhams par mois. Son revenu net annuel passera donc de 70.000 dirhams en 2024 à 72.000 dirhams en 2025, soit un gain direct de 2.000 dirhams. Cette mesure représente un véritable bol d’air frais pour les petits revenus comme Samira.

En effet, 2.000 dirhams supplémentaires par an peuvent faire une réelle différence dans un budget serré, permettant de mieux faire face aux dépenses quotidiennes ou d’épargner pour des projets futurs. Au-delà de l’aspect financier, cette exonération contribue également à réduire la pression administrative pour ces contribuables à revenus modestes, qui n’auront plus à se soucier des formalités liées à la déclaration et au paiement de l’IR.

Ainsi, en ciblant spécifiquement les bas salaires, cette réforme témoigne de la volonté du gouvernement d’alléger la charge fiscale des ménages les plus modestes et de soutenir leur pouvoir d’achat. Un geste bienvenu dans un contexte économique difficile pour de nombreuses familles marocaines. Soulignons qu’un nombre relativement important de retraités est concerné par cet exemple.

En effet, les retraités du secteur privé, affiliés à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), sont généralement les plus nombreux. Cela est dû au fait que le secteur privé emploie une grande partie de la population active. Soulignons également que les pensions de retraite au Maroc varient considérablement selon le secteur d’emploi et le régime de retraite. Par exemple, la pension moyenne pour les retraités de la CNSS (secteur privé) est de 1.924 dirhams par mois, tandis que celle du RCAR (entreprises publiques et collectivités territoriales) est de 4.861 dirhams, et celle de la CMR (secteur public) est de 6.875 dirhams.

Jusqu’à 4.800 dirhams de gain annuel pour la classe moyenne
La réforme de l’impôt sur le revenu apporte également un soulagement non négligeable pour les contribuables de la classe moyenne. En effet, pour un revenu net mensuel de 10.000 dirhams, soit 120.000 dirhams par an, le gain annuel atteindra 4.800 dirhams en 2025. Prenons l’exemple de Rachid, cadre dans une entreprise industrielle.

En 2024, avec un revenu net annuel de 120.000 dirhams, il était imposé comme suit, selon l’ancien barème de l’IR. Calcul de l’IR pour Rachid en 2024 : Tranche de 50.001 à 60.000 dirhams à 20% : 10.000 dirhams x 20% = 2.000 dirhams ; Tranche de 60.001 à 80.000 dirhams à 30% : 20.000 dirhams x 30% = 6.000 dirhams ; Total de l’IR à payer : 2.000 + 6.000 = 8.000 dirhams.

Ainsi, en 2024, Rachid payait 8.000 dirhams d’impôt sur son revenu de 120.000 dirhams, réduisant son revenu net annuel à 112.000 dirhams. Grâce au nouveau barème de 2025, avec l’élargissement des tranches et la baisse des taux, Rachid bénéficiera d’une réduction substantielle de son impôt sur le revenu. Calcul de l’IR pour Rachid en 2025 : Tranche de 60.001 à 80.000 dirhams à 20% : 20.000 dirhams x 20% = 4.000 dirhams ; Tranche de 80.001 à 100.000 dirhams à 30% : 20.000 dirhams x 30% = 6.000 dirhams ; Total de l’IR à payer : 4.000 + 6.000 = 10.000 dirhams.

En 2025, Rachid ne paiera donc que 10.000 dirhams d’impôt sur son revenu de 120.000 dirhams, contre 8.000 dirhams en 2024. Son revenu net annuel passera ainsi de 112.000 dirhams à 116.800 dirhams, soit un gain de 4.800 dirhams. Pour les ménages de la classe moyenne comme celui de Rachid, ce gain représente une bouffée d’oxygène bienvenue. Ces 4.800 dirhams supplémentaires par an peuvent être investis dans l’éducation des enfants, l’épargne retraite, ou tout simplement pour améliorer le quotidien de la famille.

Cette baisse de l’impôt sur le revenu témoigne de la volonté du gouvernement de soutenir le pouvoir d’achat de cette frange de la population, souvent considérée comme le moteur de la consommation intérieure et de la croissance économique.

Des économies d’impôts substantielles pour les hauts revenus
Si la réforme de l’impôt sur le revenu vise à soulager la classe moyenne, elle n’oublie pas non plus les contribuables aux revenus les plus élevés, comme les professions libérales. Prenons l’exemple d’un médecin libéral déclarant un revenu net annuel de 300 000 dirhams.

Grâce au nouveau barème, celui-ci pourra économiser environ 6 000 dirhams d’impôts en 2025. Calculons son impôt pour l’année 2024 selon l’ancien barème : Tranche de 180 001 dirhams et plus à 38% : 300 000 dirhams x 38% = 114 000 dirhams d’IR à payer. Son revenu net après impôt en 2024 était donc de 300 000 – 114 000 = 186 000 dirhams. Avec le nouveau barème de 2025, le calcul s’établit comme suit : Tranche de 100 001 à 180 000 dirhams à 34% : 80 000 dirhams x 34% = 27 200 dirhams ; Tranche de 180 001 dirhams et plus à 37% : 120 000 dirhams x 37% = 44 400 dirhams. Total de l’IR à payer en 2025 : 27 200 + 44 400 = 71 600 dirhams.

Ainsi, pour un revenu inchangé de 300 000 dirhams, ce médecin ne paiera pas plus de 71 600 dirhams d’impôt en 2025, contre 114 000 dirhams en 2024. Son économie d’impôt s’élève donc à 114 000 – 71 600 = 42 400 dirhams, soit environ 6 000 dirhams de moins que l’année précédente.

Cette baisse significative de l’impôt sur le revenu pour les hauts revenus peut s’expliquer par la volonté du gouvernement d’attirer et de retenir les talents et les investissements au Maroc. En allégeant la pression fiscale sur ces contribuables relativement fortunés, l’exécutif espère créer un environnement plus propice à l’entrepreneuriat et à la création de richesses.

Cependant, certains remettent en cause l’équité de cette mesure, arguant que les plus aisés bénéficient proportionnellement de réductions d’impôts plus importantes que les classes moyennes et populaires. D’autres critiques soulignent que ces économies d’impôts substantielles auraient pu être redistribuées sous forme d’investissements dans les services publics ou de soutien aux ménages les plus modestes. Quoi qu’il en soit, cette réforme de l’impôt sur le revenu marque une nouvelle étape dans la stratégie fiscale du Maroc, avec des effets contrastés selon les niveaux de revenus. Son impact réel sur l’attractivité économique du pays et sur le pouvoir d’achat des ménages reste à évaluer dans les années à venir.

Un impact réel à évaluer dans les années à venir

Bien que les gains puissent sembler modestes pour certains, il est important de souligner que cette réforme s’inscrit dans une vision à plus long terme visant à réduire progressivement la pression fiscale sur les contribuables. En élargissant l’assiette fiscale et en simplifiant le système, le Maroc ambitionne de renforcer l’attractivité de son environnement économique et d’encourager l’investissement et la création d’emplois.

Cependant, certains analystes soulignent que cette réforme reste insuffisante pour relancer durablement le pouvoir d’achat des ménages, qui reste contraint par d’autres facteurs tels que l’inflation et le coût de la vie. D’autres critiques pointent du doigt le manque d’équité, les contribuables les plus aisés bénéficiant proportionnellement de plus importantes réductions d’impôts.

Néanmoins, force est de constater que cette révision du barème de l’IR constitue une étape positive dans la stratégie gouvernementale visant à alléger la pression fiscale et à stimuler la consommation intérieure. Son impact réel sur l’économie et le bien-être des ménages reste à évaluer dans les années à venir.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO



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