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Taux directeur : BAM lance l’acte II de la détente monétaire

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé, à l’issue de sa quatrième réunion trimestrielle au titre de l’année 2024, tenue hier, d’abaisser son taux directeur de 2,75% à 2,5%. Cette réduction intervient après un premier assouplissement décidé le 25 juin.

La décision était très attendue, et même ardemment réclamée par les marchés. Le Conseil de Bank Al-Maghrib a donc décidé ce mardi d’abaisser son taux directeur 2,5%, soit de 25 points de base de moins que la précédente marque. Cette réduction, la deuxième du genre, intervient après un premier assouplissement décidé le 25 juin 2024, suite à la seconde réunion trimestrielle de l’année 2024 de la Banque centrale.

Cette réduction, qui intervient dans le cadre d’une tendance à l’assouplissement des politiques monétaires des banques centrales des principales économies, aura une incidence directe sur la croissance économique. Il va sans dire que le Conseil a jugé que le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et certaines activités économiques ont permis des progrès en matière de retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-covid de l’activité économique.

L’économie nationale devrait s’accélérer à 4,5% en 2025
Après des taux de 6,6% en 2022 de l’inflation domestique et de 6,1% en 2023, l’économie nationale est revenue à des taux plus faibles ces derniers mois. Elle a été principalement tirée par l’atténuation des pressions d’origine externe et la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils.

Tenant compte de ces réalisations et de la reprise du processus de décompensation, elle devrait terminer l’année en cours sur un taux moyen de 1,5% et repartir à 2,7% en 2025. Sa composante sous-jacente, qui traduit la tendance fondamentale des prix, est ressortie à 2,1% en moyenne sur les cinq premiers mois de l’année et devrait rester proche de ce niveau d’ici fin 2025.

Le Conseil de BAM a également pris note du bon ancrage des anticipations d’inflation telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle menée auprès des experts du secteur financier. Celles-ci ont enregistré un repli significatif, revenant au deuxième trimestre de l’année à 2,7% pour l’horizon de 8 trimestres et à 2,8% pour celui de 12 trimestres.

Pour ce qui est de la croissance économique, elle a connu, selon la Banque centrale, une accélération de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023, résultat d’une amélioration de 3,5%, après 3,4%, de la valeur ajoutée non agricole, et d’un léger redressement de 1,4%, après une contraction de 11,3%, de celle agricole.

À moyen terme, les activités non agricoles devraient se raffermir à des rythmes de 3,8% en 2024 et de 4,1% en 2025, à la faveur, notamment, des différents chantiers lancés et programmés, de la poursuite de la dynamique des activités liées au tourisme et de la consolidation de la consommation des ménages en relation avec le repli de l’inflation et les revalorisations salariales.

En revanche, la production agricole resterait tributaire des conditions climatiques. Ainsi, tenant compte d’une récolte céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 31,2 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9% cette année, avant de rebondir de 8,6% en 2025 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte céréalière moyenne de 55 millions de quintaux. Au total, la croissance de l’économie nationale devrait revenir à 2,8% en 2024 avant de s’accélérer à 4,5% en 2025.

Les exportations de biens devraient s’améliorer de8,9% en 2025
Sur le plan des comptes extérieurs, après une quasi-stagnation en 2023, les exportations de biens devraient s’améliorer de 4,4% en 2024 et de 8,9% en 2025, tirées essentiellement par les ventes du secteur automobile et de phosphates et dérivés qui atteindraient respectivement 185,1 milliards et 88,5 milliards de dirhams en 2025.

En parallèle, et après un repli de 2,9% en 2023, les importations augmenteraient de 6,1% puis de 9,7%, en lien en particulier avec une progression des acquisitions de biens d’équipement et de consommation, tandis que la facture énergétique connaîtrait un allègement cette année, suivi d’un alourdissement de près de 5% en 2025 à 125,1 milliards de dirhams.

Pour leur part, les recettes de voyages poursuivraient leur performance avec des accroissements annuels de 5,8% pour se situer à 117,2 milliards en 2025. De même, les données disponibles laissent présager une poursuite de la tendance haussière des transferts des MRE, avec des améliorations de 1,9% cette année et de 5,3% en 2025 à 123,7 MMDH. Dans ces conditions, et après une atténuation exceptionnelle à 0,6% du PIB en 2023, le déficit du compte courant avoisinerait 1,7% du PIB en 2024 et 2,7% en 2025.

Par ailleurs, les recettes des IDE, après un niveau relativement bas en 2023 équivalent à 2,4% du PIB, se renforceraient à près de 3,1% du PIB en 2024 et en 2025. Au final, et tenant compte des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve continueraient de se renforcer pour atteindre 382 milliards de dirhams à fin 2024 et 395,6 milliards à fin 2025, représentant ainsi une couverture avoisinant les 5 mois et demi d’importations de biens et services.

Pour ce qui est des conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire devrait s’atténuer légèrement, revenant de 111,4 MMDH à fin 2023 à 109,8 MMDH à fin 2024, avant de se creuser à 133,6 MMDH à fin 2025, tiré principalement par l’expansion prévue de la monnaie fiduciaire.

Tenant compte de ces évolutions, des prévisions de la croissance non agricole et des anticipations du système bancaire, la progression du crédit au secteur non financier devrait s’accélérer de 2,7% en 2023 à 4,4% en 2024 et à 5,2% en 2025.

S’agissant du taux de change effectif réel, considérant le différentiel d’inflation avec les principaux partenaires et concurrents commerciaux et sa hausse en termes nominaux, il devrait poursuivre sa légère appréciation à des taux de 0,5% en 2024 et de 0,2% en 2025, après 0,8% en 2023.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



Taux directeur : le marché réclame une baisse !


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