Comptes nationaux : PIB en hausse, dette en forte progression en 2023
L’économie nationale a affiché en 2023 une hausse de 10% de son produit intérieur brut (PIB), passant de 1.320,2 MMDH en 2022 à 1.463,3 MMDH en 2023. Parallèlement, l’endettement extérieur a connu une forte augmentation, enregistrant un flux net de l’ordre 34,9 MMDH en 2023 contre 6,1 MMDH en 2022.
De 1.320,2 MMDH en 2022 à 1.463,3 MMDH en 2023, l’économie nationale a affiché une progression à deux chiffres de son PIB (+10%) par rapport à 2022. Cette hausse s’explique par l’évolution des différents secteurs institutionnels, comme le révèle le dernier arrêté des comptes nationaux. On constate que le secteur des sociétés financières et non financières, premier producteur de la richesse nationale, a affiché une contribution plus ou moins stable au PIB : 45,1% en 2023, 45,3% en 2022 et 43,7% en 2021. La contribution des administrations publiques s’est établie à 15,2% du PIB au lieu de 16,3% l’année dernière.
En revanche, la participation des ménages et Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) s’est située à 29,6% du PIB contre 28,6% une année auparavant. Les impôts nets de subventions sur la production et les importations ont enregistré un gain de 0,5 point par rapport à 2022 pour atteindre 10,1% du PIB. Pour sa part, le Revenu national brut disponible (RNBD) a connu une hausse de 9,7% en 2023 pour se situer à 1.575,6 MMDH.
Cette évolution est due à la hausse de 10,5% du revenu brut des sociétés (financières et non financières), de 9,7% pour les ménages et ISBLSM et de 8,9% pour les administrations publiques. De ce fait, les contributions des secteurs institutionnels au RNBD se sont situées à 64,3% pour les ménages et les ISBLSM, 19,6% pour les administrations publiques et 16,1% pour les sociétés (dont 2% pour les sociétés financières).
Forte augmentation de l’endettement
Pour couvrir son besoin de financement, l’État a toujours eu recours à l’endettement intérieur et extérieur. En effet, l’endettement extérieur a connu une forte augmentation, enregistrant un flux net de l’ordre 34,9 MMDH en 2023, contre 6,1 MMDH en 2022.
À ce niveau, le flux net des titres de créances négociables émis à l’international est passé de -11,6 MMDH en 2022 à 24,1 MMDH en 2023. Aussi, les émissions du trésor public sur le marché intérieur ont affiché une hausse remarquable, passant d’un flux net de l’ordre de 20,5 MMDH en 2022 à 40 MMDH en 2023.
De leur côté, les sociétés non financières (SNF) ont marqué une forte baisse des crédits bancaires. Ainsi, le flux net des crédits accordés aux SNF a enregistré 15,9 MMDH en 2023 contre 46,1 MMDH en 2022, représentant ainsi 34% et 39% de leurs engagements, successivement pour 2023 et 2022. L’endettement des ménages (y compris les entrepreneurs individuels) auprès des banques a affiché une baisse modérée.
A ce propos, le flux net des crédits est passé de 16,4 MMDH en 2022 à 12,3 MMDH en 2023. En revanche, les dépôts ont enregistré une diminution importante, affichant un flux net de 64,8 MMDH en 2023 contre 90,4 MMDH en 2022, ce qui représente 84% et 95% respectivement de leurs avoirs.
En outre, les sociétés financières (SF) ont marqué une régression importante au niveau des crédits et des dépôts. En effet, le flux net des crédits accordés par ce secteur a enregistré 65,5 MMDH en 2023 contre 87 MMDH en 2022. En parallèle, les dépôts auprès de ces établissements ont affiché un flux net de l’ordre de 88 MMDH en 2023 contre 177,9 MMDH une année auparavant.
Le revenu disponible brut des ménages en hausse
Dans le détail, le revenu disponible brut (RDB) des ménages a augmenté de 9,6 % en 2023 pour atteindre 996 MMDH, contre une hausse de 4,6 % enregistrée en 2022. La rémunération des salariés a contribué à hauteur de 45% à ce revenu, avec une progression de 5%. Le revenu mixte, incluant l’excédent brut du service de logement, a représenté 40% du RDB des ménages et a connu une évolution de 14%.
Par ailleurs, les revenus de la propriété nets ont enregistré une forte progression de 26%, ces revenus ajoutés aux prestations sociales et autres transferts nets ont contribué de 31,9% au RDB des ménages. Toutefois, les impôts sur le revenu et le patrimoine, constitués principalement des impôts sur les salaires, et les cotisations sociales ont contribué négativement, selon le HCP, de 16,9% à la formation du revenu disponible des ménages. La dépense de consommation finale des ménages a absorbé 88,9% du revenu disponible brut des ménages. Ainsi, le taux d’épargne des ménages s’est situé à 11,4%.
De leur côté, les transferts sociaux en nature ont évolué de 4,1% contre 5,7% en 2022. Par conséquent, la consommation finale effective des ménages a atteint 1.008,3 MMDH contre 934,3 l’année précédente. Par habitant, le revenu disponible des ménages a atteint 26.903 DH en 2023 au lieu de 24.791 DH en 2022 enregistrant ainsi une hausse de 8,5%. Suite à l’évolution de 6,1% de l’indice général des prix à la consommation en 2023, le pouvoir d’achat des ménages s’est amélioré de 2,4 points après une baisse de 3 points enregistrée en 2022.
L’épargne nationale à 412,7 MMDH en 2023
En ce qui concerne la formation brute du capital fixe et son financement, l’épargne nationale s’est située à 412,7 MMDH en 2023, enregistrant une hausse de 16 % par rapport à l’année précédente. Les sociétés financières et non financières y ont contribué à hauteur de 60,6%, les ménages et les ISBLSM à 28,9%, et les administrations publiques à 10,6%.
La formation brute du capital fixe (FBCF), de son côté, s’est située à 371,9 MMDH en 2023, en amélioration de 4,8% par rapport à 2022. Ceci est dû à une forte reprise des investissements des administrations publiques en hausse de 24,4% et d’une évolution de 8,4% de la FBCF du secteur des ménages et ISBLSM, tandis que la FBCF des sociétés a connu un fléchissement de 1,5%. Les sociétés (financières et non financières) ont contribué de 55,1% de la FBCF nationale en 2023.
De leur côté, les ménages et ISBLSM ont contribué de 28,5% au lieu de 27,6%, celle des administrations publiques s’est située à 16,4% au lieu de 13,8%. Globalement, le besoin de financement de la nation a été de 9 MMDH en 2023 et a représenté 0,6% du PIB au lieu de 3,6% une année auparavant.
Cette nette amélioration résulte principalement du passage du secteur des sociétés non financières d’un besoin de financement de 8,2 MMDH à une capacité de financement d’environ 13,7 MMDH. Aussi, les ménages (y compris ISBLSM) ont vu leur capacité de financement s’améliorer de 11,2 MMDH.
Pour leur part, les sociétés financières ont connu un net allégement de leur besoin de financement, passant de 8,8 MMDH en 2022 à 1 MMDH en 2023. Alors que le secteur des administrations publiques a vu son besoin de financement se creuser de 2,6 MMDH.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO