Edito. Faites vos jeux
Une taxe de 30% pourrait bientôt être appliquée sur les paris sportifs et autres jeux de hasard en ligne. Une idée inattendue qui pourrait bien ouvrir la voie à une nouvelle ère de fiscalité plus inclusive. Mais ce ne sera pas facile à appliquer.
En cherchant à élargir l’assiette fiscale, l’État vise à intégrer des revenus perçus comme «exceptionnels», allant des gains de jeux aux activités des influenceurs et blogueurs. Une forme de «justice fiscale» puisque les revenus issus de l’économie numérique seraient passés à la loupe.
L’idée de faire intervenir les banques marocaines pour prélever l’impôt à la source est ingénieuse, mais les choses se compliquent lorsque les gains sont réalisés sur des plateformes internationales.
Comment assurer la récupération de ces taxes si les joueurs choisissent de garder leurs fonds à l’étranger ? Cette question de la souveraineté fiscale s’étend aussi aux revenus des influenceurs, dont l’activité dépasse souvent nos frontières. Leur inclusion dans le champ de l’imposition révèle la volonté de l’État de s’adapter aux nouvelles réalités économiques, mais la mise en œuvre soulève des défis en matière de traçabilité et de coopération internationale.
Ce tournant vers une fiscalité plus large pourrait avoir un double impact : d’un côté, il permet de répondre à un besoin d’équité en intégrant divers revenus, et de l’autre, il risque de décourager joueurs, influenceurs et même les opérateurs de casinos, qui pourraient chercher des alternatives moins restrictives.
La difficulté pour l’État sera donc de trouver un équilibre entre contrôle accru et attractivité des secteurs concernés, tout en renforçant son expertise technologique pour traquer les flux financiers. Ce pari audacieux ne sera réalisable que si l’on parvient à définir un cadre clair, transparent et efficace, à même de garantir l’équité sans étouffer la dynamique de ces secteurs.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO