Maroc

Métiers en voie de disparition : la céramique de Meknès renaît de ses cendres

La céramique de Meknès, fleuron artisanal menacé, se voit offrir une nouvelle vie grâce à un programme de formation lancé par l’UNESCO et le ministère de l’Artisanat. Un atelier de transmission des savoir-faire ancestraux de ce métier vient d’être lancé. Objectif : former une nouvelle génération d’artisans et pérenniser ce savoir-faire ancestral. 

Meknès est depuis des siècles réputée pour la finesse et l’originalité de sa céramique traditionnelle. Ses motifs complexes, inspirés des traditions berbères, arabes et andalouses, et ses couleurs témoignent d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération.

Pourtant, ces dernières décennies, ce fleuron du patrimoine artistique marocain s’est trouvé confronté à de nombreux défis. L’industrialisation, la concurrence des produits importés et le manque de relève ont progressivement fragilisé ce secteur artisanal, menaçant la disparition d’un savoir-faire unique.

Face à ce constat alarmant, le ministère le l’artisanat et l’UNESCO ont décidé d’agir en lançant un programme de transmission ambitieux, visant à sauvegarder cet héritage et à former les artisans de demain.

Un atelier de transmission pour assurer la pérennité du métier
Jeudi dernier, l’Institut spécialisé des arts traditionnels de Meknès a accueilli le lancement officiel du premier atelier de transmission dédié à la céramique. Fruit d’une collaboration entre le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire et l’UNESCO, ce programme s’inscrit dans le cadre de la deuxième édition du programme «Trésors des arts traditionnels marocains».

D’après les partenaires, l’objectif est clair, il s’agit de transmettre les techniques traditionnelles de la céramique de Meknès aux jeunes générations tout en intégrant des éléments de modernité, afin d’assurer la pérennité de cet art séculaire et de lui permettre de s’adapter aux exigences du marché actuel. Lors de la cérémonie de lancement, Eric Falt, directeur du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, a souligné l’importance de la transmission intergénérationnelle pour la sauvegarde des pratiques artisanales millénaires.

«Notre objectif est de transmettre aux jeunes générations les savoir-faire ancestraux pour que ces pratiques puissent continuer d’exister», a-t-il déclaré.

Il a également insisté sur la nécessité de protéger ces traditions face aux menaces de la modernisation, rappelant que le Maroc est un pays particulièrement riche en savoir-faire ancestraux. Falt a ajouté que cet atelier est une «concrétisation de l’attention qui est portée aux détenteurs de cet héritage culturel», soulignant ainsi le rôle essentiel des maîtres artisans et des apprentis dans la préservation de ces métiers. Le responsable de l’UNESCO a également annoncé le lancement prochain d’un nouveau programme (2024-2025) axé sur dix savoir-faire menacés de disparition, citant en exemple un programme de formation sur le caftan rbati lancé récemment à Rabat.

Une formation complète alliant tradition et modernité
Ce programme de formation, d’une durée de neuf mois, s’adresse à de jeunes apprentis et à des artisans confirmés désireux de perfectionner leurs compétences. Il propose une approche complète, alliant ateliers pratiques, rencontres avec des maîtres céramistes et visites de lieux emblématiques de la céramique à Meknès. Les participants auront l’occasion de se familiariser avec toutes les étapes de la création, de la sélection de l’argile à la peinture minutieuse des motifs, en passant par les différentes techniques de cuisson.

L’accent sera mis sur la maîtrise des techniques traditionnelles, tout en sensibilisant les participants aux nouvelles tendances du marché et aux exigences de la clientèle moderne.

Bellamlih Abdelhaq, maître artisan céramiste et «trésor humain vivant» portant en lui le poids de six générations de savoir-faire, a souligné que face au constat alarmant du ministère concernant la disparition progressive de la céramique de Meknès, la tutelle a exprimé un vif soutien au projet.

Pour lui, «le lancement de cette formation arrive à point nommé. Il est important d’agir maintenant pour transmettre ce précieux héritage aux jeunes générations».

l’avenir sous le signe de l’espoir
Abdelmalek Bouteyine, président de la Chambre d’artisanat de la Région Fès-Meknès, s’est également réjoui de cette initiative, la qualifiant de «journée historique». Il a insisté sur l’importance de l’appui et de l’attention accordés à cette formation dans le cadre du chantier de préservation des métiers en voie de disparition.

«Ce programme permettra de faire renaître ce métier en voie de disparition», a-t-il déclaré, rappelant l’originalité et les spécificités de la céramique de Meknès, reconnue depuis plusieurs siècles.

Ce programme de transmission représente un véritable espoir pour l’avenir de la céramique de Meknès.

«En formant une nouvelle génération d’artisans passionnés et compétents, il permettra de préserver un savoir-faire unique et de contribuer au rayonnement international de l’artisanat marocain», conclut le président de la Chambre d’artisanat.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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