Maroc

Les «Nuits des Suds» à Fès : explorer la richesse et la complexité des nuits du monde

Le premier colloque international «Nuits des Suds», qui se tient à Fès, a exploré la dimension méconnue de la vie nocturne dans les pays du Sud, soulignant son importance sociale, culturelle et économique. Rassemblant des chercheurs de différents domaines, il a permis un dialogue interdisciplinaire et international sur l’aménagement, l’organisation et la perception de la nuit, en particulier dans le contexte de la transition écologique.

La nuit, longtemps considérée comme un simple contrepoint à la journée, s’impose aujourd’hui comme un espace-temps à part entière, riche d’enjeux sociaux, culturels et économiques. C’est cette dimension méconnue, particulièrement dans les pays du Sud, que le premier colloque international «Nuits des Suds» a exploré à Fès, du 20 au 22 septembre.

L’évènement a rassemblé chercheurs, artistes et acteurs locaux autour d’une question peu étudiée, à savoir comment les nuits du monde se vivent-elles, se façonnent-elles et s’organisent-elles ?
Organisé sous l’égide de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (USMBA), en partenariat avec de prestigieuses universités internationales, ce colloque, qui a réuni plusieurs dizaines de chercheurs, a permis de traiter la nuit dans sa dimension sociale, culturelle, économique et environnementale, avec un focus particulier sur les réalités du Sud.

Une exploration transversale d’un espace-temps méconnu
Longtemps négligée dans les études urbaines et sociales, la nuit s’impose aujourd’hui comme un objet d’étude majeur. Les organisateurs du colloque soulignent la complexité de cet espace-temps, marqué par des représentations contrastées et soumis à de multiples pressions. Les «Nuits des Suds» se sont penchées sur les aspects multiformes de la vie nocturne dans les pays du Sud, un champ d’investigation où les recherches, bien que croissantes, restent souvent cloisonnées. Le colloque a ainsi permis de combler un vide scientifique et d’encourager une meilleure circulation des connaissances sur la question.

Un dialogue interdisciplinaire et international
L’ambition du colloque était de dépasser les frontières disciplinaires et géographiques. Des chercheurs issus de diverses disciplines – aménagement, anthropologie, art, architecture, droit, géographie, économie, histoire, sciences de l’ingénieur, études sur les médias, sciences politiques, sociologie, urbanisme – se sont réunis pour partager leurs travaux et leurs perspectives sur les nuits des Suds.

L’intervention de Pape Sakho, de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, illustre parfaitement cette ouverture interdisciplinaire. En tant que géographe spécialisé dans les questions urbaines, il a présenté ses recherches sur la mobilité nocturne à Dakar, ouvrant ainsi la voie à des échanges fructueux avec les participants venus d’horizons divers.

Le caractère international du colloque était également une composante essentielle. Des universités de premier plan en France, en Espagne, en Équateur, au Mexique, au Canada et en Chine ont participé à l’événement, témoignant de l’intérêt grandissant pour cette thématique à l’échelle mondiale. La participation de chercheurs issus du Maroc, du Sénégal, de France, d’Italie, d’Espagne et d’autres pays du Sud et du Nord a permis de confronter différents points de vue et d’enrichir la réflexion collective.

Mohammed Bouzlafa, doyen de la FSJES de Fès, a souligné l’importance de cette diversité dans la compréhension de cette thématique et dans la formulation de recommandations pertinentes pour le développement économique et social de la région de Fès-Meknès.

Le musée Nejjarine, un lieu symbolique pour explorer le patrimoine nocturne
L’organisation du colloque au Musée Nejjarine des arts et métiers du bois à Fès a donné une dimension particulière à l’événement. Le conservateur du musée, Mohammed Chadli, a mis en avant l’importance de la nuit en tant qu’espace propice à la valorisation du patrimoine et à l’accessibilité culturelle.

Il a rappelé l’expérience des «Nuits des Musées» à Fès, qui a démontré que la nuit pouvait être un moment privilégié pour découvrir le patrimoine et le rendre accessible à un public plus large.

L’idée étant de susciter une réflexion sur la manière dont les institutions patrimoniales et culturelles peuvent s’approprier l’espace nocturne pour proposer de nouvelles formes d’expériences et de découvertes du patrimoine.

Un regard prospectif sur l’avenir des nuits dans le contexte de la transition écologique
Au-delà des aspects descriptifs et analytiques, le colloque a également mis l’accent sur la dimension prospective des «Nuits des Suds». Face aux défis du réchauffement climatique, la nuit peut-elle devenir un espace d’activité privilégié, permettant de réduire la consommation énergétique et de promouvoir des modes de vie plus durables ? Le colloque a encouragé une réflexion sur le rôle potentiel de la nuit dans le processus de transition écologique. Il a souligné la nécessité de développer des politiques publiques et des stratégies innovantes pour gérer et valoriser cet espace-temps de manière responsable et durable.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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