Culture

Musique. Hindi Zahra en concert à Casablanca

La musicienne donnera un concert le 13 septembre 2024 au Studio des Arts Vivants, à Casablanca. L’occasion de se replonger avec délice dans un répertoire aux riches influences, venues de toutes parts, constituant une œuvre unique et heureuse de l’être.  

Née en 1979 à Khouribga, Hindi Zahra chante en anglais, en arabe, en tamazight, et en français. Elle avait remporté en 2011, en France, une Victoire de la Musique pour son album «Handmade» et une autre en 2016 pour «Homeland». Son titre «Beautiful Tango», tiré de son premier album «Hindi Zahra», l’avait révélée au public en 2009. Une kyrielle de titres comme «Set me free», «Imik si mik» ou «Stand up» a ravi et fidélisé son public.

«Couleurs méditerrafricaines»

En 2010, le quotidien britannique «The Guardian» évoquait ses «couleurs méditerrafricaines». Le néologisme peut convenir à cette enfant d’un Mauritanien touareg, militaire de carrière, polyglotte et qui a vécu, au gré de ses affectations, jusqu’en France et en Italie. Sa mère et ses oncles, artistes chleuhs, lui ont donné le goût de la musique gnaouie, du reggae, du rock de Pink Floyd et du folk de Bob Dylan.

Lorsque la télévision turque lui demande de définir sa musique, en 2021, Hindi Zahra estime que «personne ne devrait définir qui que ce soit. Chaque être humain est multiple. Je ne suis pas seulement blues, jazz ou rock, j’aime tout cela. Les gens disent “tu es ceci, tu es blanc, vous êtes africains, vous êtes chinois…”, mais ce n’est pas vrai. Nous sommes multiples, nous sommes plusieurs choses en même temps. Je veux le montrer dans la musique.» À «Paris Match», le 23 juillet 2017, elle confiait que «la culture amazighe appartient à l’Afrique. La culture gnaoua est une des représentations de l’identité africaine marocaine, qu’il faut repositionner dans son continent. Nous ne sommes pas Européens et nous ne sommes pas du Moyen-Orient. Le terme “schizophrénie” est souvent utilisé au Maroc pour évoquer cette culture tiraillée entre Orient et Occident, mais en fait, elle est multiple. Ces mouvements occidentaux qui parlent d’une seule identité se trompent lourdement. Nous sommes tous des mélanges de couleurs, de cultures, d’origines.»

À défaut de définition, Hindi Zahra donne une métaphore culinaire : «Souvent, ma musique est une composition que je compare au couscous ou à la paëlla : il y a du jazz, du blues, du rock, du folk et de la musique traditionnelle. Je ne vois pas pourquoi je devrais faire un choix, ni par rapport aux langues ni par rapport aux styles musicaux.» En cela, elle voit un pouvoir, expliquait-elle à la chaîne turque : «c’est un pouvoir parce que c’est une ouverture, le pouvoir d’être beaucoup de choses à la fois, de comprendre beaucoup de processus de pensée, beaucoup de cultures. C’est une façon d’être riche, qui enrichit la musique, aussi. Cela rend pauvre, d’être une seule chose.»

Le «monde de l’inconnu»

Le «Guardian», décidément peu avare en compliments à son endroit, l’avait aussi comparée à une «Patti Smith d’Afrique du Nord». Si l’on considère qu’en 2019 Patti Smith, après ses nombreux tubes, est partie sur les pas de Rimbaud en Éthiopie, enregistrer un album dans la maison du poète, le raccourci fait sens. Hindi Zahra, en effet, donne de l’importance à l’expérience de la transe. «Il faut accepter de s’ouvrir au monde de l’inconnu et oublier son égo pour s’élever en unité avec les autres. Quand on est en transe, le sang tourne à une grande vitesse, et le cœur bat très fort. Il y quelque chose de magique, des émotions se dégagent, positives, bienfaitrices pour le corps, car quand les sentiments sont refoulés, les maladies commencent à apparaitre et se fixent profondément dans les organes. Entrer en danse, en transe, c’est comme changer les compositions chimiques du corps, pour moi, c’est une thérapie», confie-t-elle à Paris Match.

Elle semble d’ailleurs avoir de qui tenir : «Mon arrière-grand-père était un saint dans la région d’Agadir et son tombeau existe toujours. Quand j’étais enfant, nous allions à pied avec les femmes de la famille, prier sur sa tombe, nous faisions à manger dans le cimetière et donnions l’aumône aux pauvres. Ensuite, nous dormions sur sa tombe pour honorer son esprit. Dans la culture préislamique, beaucoup de femmes étaient des saintes, nous retrouvons leur empreinte encore présente dans certaines cultures. Je fais des interventions à la faculté d’Agadir sur le chamanisme marocain», précise l’artiste, dont le cœur sur la main ne semble pas l’empêcher d’avoir la tête sur les épaules.

Patrie cosmopolite

Le public attend un nouvel opus de l’artiste cosmopolite, mais l’on ne saurait récriminer contre un processus de création dont le temps ne peut être que le sien. «Hand made», le titre de l’album de 2010, signifie «fait à la main», avec les moyens artisanaux de l’amour du travail bien fait, en toute intimité. Il faut respecter les secrets de fabrication de Hindi Zahra. Celui de 2015 est intitulé «Homeland», littéralement «la patrie», une patrie comprise au sens très large et très accueillant.

On ne saurait parler véritablement de nostalgie, mais lorsque le morceau «Broken Ones» demande «Y a-t-il quelqu’un pour me dire où peuvent aller les gens brisés ?», on peut supposer que Hindi Zahra a quelques éléments de réponse en tête. Cette chanson est presque une berceuse. Il convient donc de répondre par la douceur à la douceur, et de patienter. Pour y aider, Bollywood, Cuba, la pop, le rock, le Cap-Vert… tout cela, et bien plus encore, sera donc en concert avec Hindi Zahra le 13 septembre 2024, au Studio des Arts Vivants. À ne rater sous aucun prétexte ! 

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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