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Finances publiques. Abdellatif Komat : « L’État s’est engagé dans la maîtrise du déficit budgétaire »

Pour le doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca, la dynamique économique devrait être plus forte au cours de l’année prochaine, surtout pour soutenir les engagements sociaux du gouvernement. Dans cette interview, Abdellatif Komat revient sur la mobilisation des ressources fiscales ainsi que sur les perspectives relatives aux investissements. Interview.

Le gouvernement entend poursuivre ses efforts sur le plan fiscal dans son prochain projet de Loi de finances. Comment voyez-vous cette démarche se matérialiser ?

L’accent sera certainement mis au niveau de la fiscalité. Il faudra achever la réforme fiscale. Il faut aller jusqu’au bout de cette réforme, en élargissant l’assiette fiscale, en intégrant le secteur informel, entre autres mesures. L’objectif est d’augmenter les recettes de l’État et leur permettre de continuer leur tendance positive. Il y a une nouvelle approche ces dernières années. Entre autres, il nous faudra un taux de croissance plus élevé, une dynamique économique plus forte. Un élan s’annonce sur le plan des investissements. L’impact de ces engagements pourra aussi avoir un effet sur la dynamique économique, car il ne faut pas oublier que le climat social se répercute également sur l’évolution économique. Sachant que l’État s’est engagé dans la maîtrise du déficit budgétaire qui est actuellement de 5,5% du PIB. L’État s’engage sur des dépenses sociales tout en promettant une maîtrise des dépenses, c’est donc une équation très difficile.

Sur le plan budgétaire, quelle est la capacité du gouvernement à tenir ses engagements sociaux tout en assurant un équilibre budgétaire ?

Il faut d’abord jeter un œil sur le montant qui sera engagé. Une partie de ces engagements concerne l’année 2024. Mais il y a lieu de souligner que le gouvernement a déjà procédé à des hausses de salaires en faveur des fonctionnaires opérant dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Et à vrai dire, ceux-là constituent la majorité des fonctionnaires. Et ils ne sont pas inclus dans les hausses décidées récemment et actives graduellement à partir du 1er juillet. Ainsi, on peut dire que l’essentiel est déjà budgétisé. Il faut donc relativiser, car l’engagement est prévu depuis le mois d’avril 2022. En définitive, je ne pense pas que tous ces nouveaux engagements puissent vraiment se répercuter sur le déficit budgétaire. Ce sont des engagements maîtrisables, même s’il faut prévoir un impact plus important pour l’année 2025. Car la deuxième tranche de hausse est prévue à partir du début de l’année prochaine.

Le Chef du gouvernement donne des orientations pour poursuivre la politique sociale. Peut-on dire que cet Exécutif est marqué par une certaine vocation sociale ?

Je pense qu’on peut lui reconnaître ce positionnement social, bien qu’il y ait encore des défis à relever sur le plan de l’emploi. Ce que nous relevons lors du bilan de mi-mandat, c’est surtout les résultats mitigés en ce qui concerne la bataille pour l’emploi. Les chiffres font même état d’une perte nette d’emplois. Par contre, en ce qui concerne la sécurité sociale, l’ambiance positive avec les partenaires sociaux et la décision de revoir l’IR (impôt sur le revenu) tablent parfaitement avec cette orientation sociale du gouvernement.

Et pour ce qui est des retraites, quelles solutions voyez-vous émerger ?

S’agissant des retraites, je crois que la vraie réforme n’est pas encore parachevée. Là, ce sont des solutions intermédiaires qui sont d’actualité. L’idée est de créer deux pôles, un public, un autre privé et de regrouper les caisses. C’est une question centrale. C’est un dossier important à solutionner, en plus de celui sur la formation professionnelle. Sur ce dernier point, les entreprises appellent à mieux soutenir la formation professionnelle avec une réallocation plus efficace des fonds qui y sont alloués.

Les dossiers relatifs au droit de grève et à la réforme des retraites ne sont pas encore totalement «vidés». Quels impacts économiques futurs sont à prévoir, notamment sur la réforme des retraites ?

Ce sont des dossiers qui trainent depuis des années et je pense qu’il est temps de les solutionner en prenant des décisions afin que l’on puisse avancer. Le Maroc entre dans une dynamique importante. En plus de la dimension sociale, il y a aussi l’ouverture sur les investissements internationaux. Cela exige donc de solutionner cette question relative au droit de grève. Concernant le Code du travail, il faut rappeler qu’il est là depuis trois décennies. Il a donc besoin d’être revu sur un certain nombre de dispositions. La grande question se pose au niveau de la flexibilité du travail et de la compétitivité des entreprises. C’est une question qui est vue de différentes manières, et qui sont opposées. 

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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