Conjoncture. La demande intérieure continue de tirer la croissance vers le haut
Tirée essentiellement par la demande extérieure, cette amélioration de la situation économique fait état d’une progression à hauteur de 2,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de 2,5% au premier trimestre. Pour sa part, au troisième trimestre 2024, la croissance économique devrait s’établir à 3,2%.
En publiant le point de conjoncture au titre du deuxième trimestre 2024, l’institut national d’analyse de la conjoncture, relevant du HCP, fait état d’une nouvelle séquence de la croissance économique nationale. Tirée essentiellement par la demande extérieure, cette amélioration de la situation économique fait état d’une progression à hauteur de 2,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de 2,5% au premier trimestre.
Cette expansion aurait été impulsée par une amélioration plus soutenue de la demande intérieure, sous-tendue par un effet positif du calendrier sur les dépenses de consommation. Pour sa part, au troisième trimestre 2024, la croissance économique devrait s’établir à 3,2%, traduisant un renforcement de l’appui de la demande aux industries manufacturières et aux services de l’hébergement.
Cette évolution a été réalisée dans un contexte où l’inflation poursuit son reflux, malgré la pression encore exercée en termes de prix des produits alimentaires et non alimentaires, notamment les fruits et légumes, les viandes et les services. Sur ce registre, au deuxième trimestre 2024, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation, aurait reculé de près de la moitié (0,7%) par rapport au 1,2% enregistré au premier trimestre.
La baisse des réserves hydriques pénalise l’offre des cultures
Ce ralentissement aurait résulté, essentiellement, de la baisse de 0,5% des prix des produits alimentaires et de l’accélération de l’inflation non-alimentaire à 1,5%, après s’être établie à plus de 0,9% un trimestre plus tôt. Dans le détail, le reflux de l’inflation alimentaire, au deuxième trimestre 2024, aurait été, essentiellement, dû à la contraction des prix des produits frais, dont la contribution au recul de l’indice global aurait atteint -0,8 point, au lieu de -0,5 point au premier trimestre.
A l’inverse, une accélération des prix de certaines denrées alimentaires aurait été observée, notamment au niveau des prix des fruits, de la viande rouge et des épices. En effet, la baisse des réserves hydriques, accentuée par les effets du changement climatique, aurait pénalisé l’offre des cultures. La hausse des coûts de production liée à la faiblesse des parcours végétaux et l’augmentation des prix des aliments pour le bétail auraient poussé les prix des viandes rouges à la hausse.
Parallèlement, l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’État et les produits à prix volatils, aurait poursuivi son recul progressif, pour atteindre 2,2%, après 2,5% un trimestre auparavant. Cette décélération aurait été favorisée par le recul de ses composantes, soit respectivement de 0,6, 0,2 et 0,1 points de moins que le trimestre précédent pour les produits alimentaires, les produits manufacturiers et les frais de services.
Dépenses des ménages : puisement dans leur épargne
Parallèlement, les dépenses de consommation des ménages auraient, pour leur part, continué de faire preuve de dynamisme au deuxième trimestre 2024, affichant une hausse de 3,1%. En plus de puiser dans leur épargne, comme en attestent les 42,3% des ménages enquêtés dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture, les ménages auraient profité d’un rattrapage partiel de leur pouvoir d’achat, suite au reflux de l’inflation conjugué à la hausse des transferts publics et des transferts extérieurs, ainsi qu’à la légère hausse des emplois rémunérés.
La consommation des administrations publiques se serait accrue, pour sa part, de 3,7%, en ligne avec l’accroissement des dépenses de fonctionnement administratif. La tendance baissière des prix alimentaires aurait été, toutefois, quelque peu, atténuée par la remontée des prix des produits non-alimentaires, après plusieurs trimestres de recul. La reprise aurait été portée principalement par le regain de l’inflation énergétique, en hausse de 4,2%, au lieu d’une baisse de 0,2% un trimestre auparavant, dans le sillage de l’ajustement à la hausse des prix du gaz (0,1 point de contribution) et de l’application d’une nouvelle augmentation au mois d’avril des prix des carburants, reflétant l’accélération de leur cours à l’international à la même période.
Les prix des produits manufacturés auraient, quant à eux, poursuivi leur reflux quoique lentement (+0,6%, contre +0,7% un trimestre auparavant), freiné par la hausse des prix des articles de bijouterie et du matériel de traitement de l’information. Les prix des services auraient, pour leur part, conservé une évolution stable en variation annuelle au deuxième trimestre 2024.
Au troisième trimestre 2024, les prix à la consommation continueraient de progresser moins rapidement qu’il y a un an, s’établissant au voisinage de 0,8% pour l’inflation globale et de 2,1% pour l’inflation sous-jacente, profitant de l’allègement des pressions inflationnistes sur les biens alimentaires et les biens non énergétiques.
Amélioration plus soutenue de l’activité hors agriculture
La croissance de l’activité hors agriculture aurait pris un nouvel élan au deuxième trimestre 2024, affichant une hausse de 3,7% en rythme annuel, après un début d’année plus modéré. Cette accélération serait principalement le fait des secteurs des industries, de la construction et des services marchands. Dans les industries manufacturières, la valeur ajoutée aurait crû de 3,5% au deuxième trimestre 2024, au lieu de 2,1% au premier trimestre.
Cette accélération aurait été principalement portée par les secteurs de la chimie et des industries liées à la construction. La hausse des ventes de produits métallurgiques et la production accrue d’articles électroniques et optiques auraient également contribué à cette reprise.
Cependant, le secteur automobile aurait continué à souffrir de difficultés d’approvisionnement et d’une faible demande en Europe. Les marques françaises auraient perdu des parts de marché au profit des véhicules électriques chinois, notamment en avril et juin 2024.
Situation des autres secteurs
Par ailleurs, l’industrie extractive aurait, pour sa part, affiché une hausse de 15,6%, en variation annuelle, au deuxième trimestre 2024, au lieu d’une baisse de -9,6% au cours de la même période de l’année précédente. Pour sa part, l’activité de la construction aurait, également, confirmé sa reprise au deuxième trimestre 2024, tirée par la dynamique des travaux publics, affichant une hausse de 3% de sa valeur ajoutée, après 2,5% au premier trimestre.
L’activité du bâtiment se serait améliorée, avec une reprise de la production de logement, dans un contexte de mise en œuvre du programme d’aide à l’acquisition de logements et du redressement des crédits destinés aux promoteurs immobiliers. Cette orientation favorable aurait été confirmée par les dernières enquêtes de conjoncture réalisées par le HCP, faisant état d’une hausse de l’activité prévue par les entrepreneurs, tant dans le bâtiment que dans les travaux publics avec des carnets de commandes se situant à des niveaux historiquement élevés.
Dans les services, l’activité touristique nationale aurait continué à s’améliorer au deuxième trimestre 2024 avec la hausse de la valeur ajoutée de l’hébergement et de la restauration de 4,4% en variation annuelle, évoluant, ainsi, au-dessus de sa tendance de long terme depuis le troisième trimestre 2022. Les arrivées des touristes étrangers aux postes frontières auraient atteint 2,6 millions aux mois d’avril et mai 2024, soit une hausse de 17,7% en comparaison avec la même période de 2023.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO