Tourisme : Tanger victime de sa cherté ?
Tanger et la région du Nord dans son ensemble sont-elles sur le point de perdre leur aura ? Cette année, la fréquentation est en nette baisse dans la ville du détroit en ce début de haute saison touristique. Selon certains professionnels, cela s’explique par la cherté des offres, poussant de plus en plus de touristes nationaux à aller en Espagne voisine.
«Franchement, cette année, je ne peux pas encore parler de haute saison. C’est très bizarre, mais nous ne sentons pas qu’il y a de la demande, alors qu’habituellement à pareille moment, c’était vraiment le rush». C’est Brahim Lachaibi, directeur de l’agence immobilière «Acces Immo Tanger», qui fait ce constat alarmant sur le début de la haute saison touristique dans la ville du détroit. Ce constat est très partagé dans le Nord du Maroc, où l’on constate une baisse sensible de la fréquentation des touristes, surtout nationaux, en cette haute saison touristique.
«Je pense sincèrement que Tanger est finalement victime de sa cherté, car la hausse continue des prix et des biens proposés aux visiteurs nationaux et aux touristes étrangers a fini par en décourager plus d’un», poursuit notre interlocuteur, qui fait part d’une réduction sensible des demandes en appartements de location dans la ville tangéroise, pourtant une destination phare des touristes nationaux en cette période de vacances.
Là, la plupart des demandes en appartements ou de maisons de vacances visent des tarifs abordables, d’entrée de gamme. «Habituellement, les prix varient de 400 à 2.500 DH en fonction du bien ciblé, mais nous constatons aujourd’hui que les vacanciers sont davantage à la recherche d’appartements pas du tout chers et de taille modeste», renchérit le directeur général de l’agence «Acce Immo Tanger».
Concurrence espagnole ?
Du côté des professionnels de l’industrie hôtelière, on tarde encore à communiquer sur le début de la haute saison. Mais il va sans dire que la baisse de fréquentation globale de la ville risque de se répercuter sur les performances de l’industrie hôtelière locale, sachant qu’ici, le gros du chiffre d’affaires se fait durant l’été. En tout cas l’alerte est suffisante pour être prise en compte, en attendant la suite du mois d’août, période de plus forte fréquentation.
Cette année, d’autres villes du Maroc, à l’image des destinations comme Agadir, semblent attirer plus les visiteurs que Tanger, mais dans la ville du détroit, un autre constat est fait.
«Au regard de la cherté des offres comparées à la même qualité qu’ils peuvent avoir à l’étranger, nombreux sont les Marocains qui préfèrent désormais aller voir ailleurs, comme en Espagne voisine», fait remarquer Brahim Lachaibi.
Une donne à prendre au sérieux là aussi, car il est en effet très fréquent d’entendre des retours d’expériences sur ce gap entre la cherté et le niveau bas de l’offre dans les villes marocaines, en comparaison avec les prix compétitifs des destinations européennes du Sud de la Méditerranée.
Performances
Pour rappel, les établissements d’hébergement touristique classés (EHTC) au niveau de la préfecture de Tanger-Asilah ont enregistré, au cours de l’année 2023, plus de 1,6 million de nuitées, selon les chiffres de l’Observatoire national du tourisme (ONT), soit une hausse de 21% par rapport à l’année précédente.
Globalement, dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 21 projets majeurs sont prévus dans le cadre de la feuille de route régionale du tourisme, pour renforcer l’offre touristique autour des filières City Break ainsi que Nature et Découverte et Bord de mer pour le tourisme interne.
Ces projets couvrent, entre autres, la mise en tourisme de plusieurs sites touristiques et plages, ainsi que le développement des produits d’hébergement, la valorisation touristique des anciennes médinas, et la création d’une ville d’attraction touristique et de loisir à Tétouan.
Abdellah Benhamed / Les Inspirations ÉCO