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FIAD 2024 : quels nouveaux paradigmes pour des investissements efficients en Afrique ?

Quels leviers actionner pour amener le continent africain à tirer pleinement parti de son immense potentiel ? Comment capter davantage d’investissements, mais surtout comment rendre ces investissements plus efficients ? Voilà quelques-unes des questions qui ont été adressées aux intervenants qui se sont succédé sur la tribune du 7e Forum international Afrique développement (27-28 juin).

«Ici, on investit». Le message porté par le thème de l’édition 2024 du Forum international Afrique développement (FIAD 2024) ne pouvait être plus clair. L’évènement, qui s’achève ce vendredi, est organisé par le Club Afrique Développement du groupe Attijariwafa bank. Pas moins de 2.000 participants ont répondu présent. Parmi eux, des ministres, patrons de fonds d’investissement, et autres chefs d’entreprises. Au menu : 11 pays à l’honneur, des rencontres B to B, mais surtout des panels thématiques autour de la problématique de l’investissement avec des intervenants de prestige.

Tous les regards tournés vers le secteur privé
«Le thème de cette année est factuel :  ici, c’est chez nous, en Afrique, notre continent, nos sociétés, nos communautés. C’est aussi un appel à mobiliser les énergies du secteur public, du secteur privé, des institutions internationales. C’est un appel à se faire confiance, à mieux travailler ensemble pour pouvoir créer de la valeur», a résumé Mouna Kadiri, directrice du Club Afrique Développement.

Le rôle du secteur privé était d’ailleurs un thème récurrent des plénières. La première de cet évènement avait pour thème «L’Afrique qui s’investit : les ruptures de paradigme». Un panel dédié aux réponses innovantes à apporter pour relever le défi du financement sur le continent. Un défi pour lequel le secteur privé est appelé à jouer le rôle de locomotive. Pour rappel, le Maroc ambitionne de faire passer le ratio du secteur privé à 2/3 dans l’investissement, dans le cadre de sa nouvelle charte. Une vision qui est également partagée ailleurs sur le continent.

«Le gouvernement investit dans les infrastructures, mais c’est au secteur privé d’investir pour créer des emplois sur la base des avantages et apports particuliers que l’État est capable offrir», a souligné Antoine Thomas Nicéphore Fylla de Saint-Eudes, ministre congolais du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé.

Lors de son intervention, il a notamment insisté sur la nécessité de maintenir un dialogue permanent entre l’État et le secteur privé pour «corriger les inefficacités qui empêchent d’avoir un climat des affaires attractif». Sur la même lancée, Babacar Gning, directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS) du Sénégal, a rappelé que l’une des missions principales de l’institution qu’il dirige consistait à «capter massivement les capitaux privés dans les secteurs stratégiques». Une mission d’autant plus vitale qu’elle a vocation à alléger la pression des projets de développement sur le budget de l’État.

«Aujourd’hui l’enjeu est la mobilisation massive de l’investissement privé, tout en utilisant les instruments de l’État comme des leviers», a insisté le patron du FONSIS.

Parlant de changement de paradigme dans l’approche des investissements en Afrique, Babacar Gning rappelle la nécessité de s’écarter de l’ancienne méthode qui consistait en un recours massif à la dette pour financer les projets de développement.

«Le nouveau paradigme consiste à prioriser le capital comme élément de financement des projets. Une fois qu’un projet sécurise du capital, il devient intéressant pour les banques. La rationalité financière veut que le capital précède la dette», explique le directeur du FONSI.

Financer l’innovation
«Le financement en capital a une plus grande appétence pour le risque, ce qui en fait un instrument de prédilection pour le financement de l’innovation», relève encore Babacar Gning, mettant l’accent sur l’un des défis majeurs de l’investissement sur le continent. En effet le changement de paradigme voulu passe nécessairement par le recours à des solutions innovantes. Un enjeu auquel pourrait répondre l’investissement dans les technologies.

C’était d’ailleurs le sens de l’intervention de Nelly Chatue Diop, fondatrice et CEO d’ejara, une fintech axée sur les investissements et l’épargne. L’entrepreneure a souligné l’importance de ces plateformes qui ont réussi à démocratiser l’accès à l’investissement. Pour elle, l’un des principaux vecteurs de croissance pour l’Afrique, dans les années à venir, serait de renforcer l’investissement dans l’infrastructure numérique, car c’est cette infrastructure qui servira de socle à l’innovation souhaitée.

«L’innovation est toujours en avance sur les lois en cours. Nous avons besoin que nos institutions et nos régulateurs mettent en place un cadre qui permette de booster l’innovation tout en protégeant les consommateurs», souligne-t-elle.

Le changement de paradigme passe aussi, selon Nelly Chatue Diop, par une prise en compte plus importante de la dimension inclusive. «Le monde numérique, aujourd’hui, se construit majoritairement avec des hommes. En Afrique, vu qu’on part de presque zéro, nous avons l’opportunité de le construire avec des femmes», a lancé la fondatrice d’ejara, sous les acclamations nourries de l’assistance, rappelant ainsi que la révolution économique espérée en Afrique doit aussi commencer par celle du mindset.

Antoine Thomas Nicéphore Fylla de Saint-Eudes
Ministre du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé, République du Congo

«Le gouvernement investit dans les infrastructures. C’est le secteur privé qui doit pouvoir investir pour créer des emplois sur la base des avantages que l’État va offrir.»

Mouna Kadiri
Directrice du Club Afrique Développement

«Le thème de cette année est un appel à se faire confiance, à mieux travailler ensemble pour pouvoir créer de la valeur. Qui dit créer de la valeur, dit créer de l’emploi pour une jeunesse qui en a besoin. On parle d’une jeunesse qui a besoin de croire en son avenir dans son propre continent. Et qui dit jeunesse épanouie, dit société durable»

Babacar Gning
Directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS) du Sénégal

«L’enjeu est la mobilisation massive de l’investissement privé, tout en utilisant les instruments de l’État comme des leviers»

Yann Darryl Ngomo / Les Inspirations ÉCO



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