Révolution numérique dans la culture : Fès-Meknès met le turbo
Lors de la Semaine du digital organisée par le Centre régional des investissements (CRI) de Fès-Meknès, experts et institutionnels ont appelé à une adoption rapide des nouvelles technologies par les acteurs culturels. Objectif : tirer parti de la transformation digitale pour dynamiser les industries créatives, tout en préservant le patrimoine régional.
Lors de la conférence de clôture de la 3e édition de la Semaine du digital organisée, vendredi dernier, par le Centre Régional d’Investissement (CRI) de Fès-Meknès, la thématique des industries culturelles et créatives a particulièrement retenu l’attention des participants. Face aux bouleversements engendrés par le digital, les experts ont appelé à une appropriation rapide des nouvelles technologies par les acteurs culturels régionaux. Une posture nécessaire pour ne pas rater le virage numérique selon les intervenants. D’autant que Fès-Meknès dispose d’atouts indéniables pour tirer son épingle du jeu.
Une volonté portée par le gouvernement
Ce focus sur les apports du digital aux industries culturelles fait écho à la volonté du gouvernement de faire de ce secteur un levier de développement et de création d’emplois. Dans un mot lu par son représentant lors de la cérémonie de clôture, Mehdi Bensaid, ministre de la Culture, a rappelé que la promotion des filières culturelles et du patrimoine était une priorité du programme gouvernemental 2021-2026. L’ambition est double : il s’agit de préserver le patrimoine culturel national, tout en le valorisant à travers le digital, qui offre des outils de virtualisation, de reconstitution 3D et de démocratisation de l’accès à ce patrimoine. Le ministre a salué à cet égard l’apport essentiel des jeunes techniciens et ingénieurs à la numérisation des sites et monuments historiques marocains.
Pour le ministre, le digital représente aussi une opportunité pour les industries créatives d’émerger en tant que secteur économique à part entière, notamment par le renforcement de l’entrepreneuriat culturel chez les jeunes. Il a ainsi réaffirmé l’engagement de son ministère à soutenir les porteurs de projets innovants dans le numérique culturel.
Une «destruction créatrice» à l’œuvre
Lors de son intervention, Ismaël Belkhayat, entrepreneur dans le domaine des nouvelles technologies, a insisté sur l’ampleur de la révolution en cours avec le développement de l’intelligence artificielle (IA). Selon lui, son impact sera bien plus important encore que celui d’internet ou des smartphones. Il compare cette période à une «destruction créatrice» qui va transformer de nombreux secteurs en faisant disparaître certains emplois, mais en créant de nouvelles opportunités. À ses yeux, les entreprises et les individus qui sauront s’adapter à ces bouleversements technologiques sont ceux qui réussiront dans le futur.
Pour illustrer la rapidité de cette évolution, Ismael Belkhayat a pris l’exemple récent d’une startup marocaine qui lui a présenté un outil d’IA capable de générer automatiquement des commandes à partir de notes vocales de clients analphabètes. Cette innovation fait peser une menace sur l’emploi des dizaines de salariés actuels mais ouvre également de nouvelles perspectives au business. L’entrepreneur en a conclu que toutes les organisations doivent désormais intégrer et s’approprier les dernières innovations technologiques, sous peine de se faire «disrupter» par leurs concurrents. Et cela vaut aussi bien pour les grandes entreprises que pour les startups dont certaines disposent d’outils aussi puissants.
Incubation de projets à fort potentiel
Tout au long de la Semaine du digital, de nombreuses sessions de formation et de sensibilisation ont été proposées aux participants : marketing digital, propriété intellectuelle, financement des entreprises culturelles et créatives ou encore transformation numérique des médias. L’intelligence artificielle comme accélérateur de croissance du secteur a également été au cœur des débats lors de divers ateliers. Cet événement s’est clôturé par une cérémonie récompensant les lauréats d’un hackathon dédié aux industries culturelles.
Durant trois jours, ces porteurs de projets innovants ont planché pour pitcher leurs solutions devant le jury. Au final, les trois projets les plus prometteurs ont été primés : ils bénéficieront d’une offre d’incubation de six mois afin de concrétiser leurs idées. De quoi leur permettre de passer du stade de prototype à une véritable solution commercialisable.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO