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Médias : Twitch va fermer au pays de l’e-sport à cause de coûts de réseau trop élevés

La plateforme américaine de streaming de jeux a annoncé mercredi qu’elle arrêterait son service en Corée du Sud en février. La plateforme, qui appartient au groupe Amazon, juge que la poursuite de ses activités dans le pays est devenue « impossible » en raison de frais d’utilisation du réseau haut débit «10 fois plus élevés que ceux de la majorité des autres pays».

«Les opérations de Twitch en Corée du Sud devraient prendre fin le 27 février 2024», annonce le communiqué signé Dan Clancy, PDG de Twitch. La plateforme américaine de streaming vidéoludique avait annoncé en mars qu’elle allait supprimer plus de 400 emplois pour pouvoir financer la poursuite de son activité dans le pays d’Asie hyperconnecté. Twitch a expliqué avoir «déployé beaucoup d’efforts pour trouver des moyens de continuer à opérer en Corée du Sud en réduisant les coûts», comme en ajustant la qualité maximale de ses vidéos, mais juge que la situation financière n’est plus tenable.

Un géant quitte le pays de l’e-sport
Twitch a établi une forte présence parmi les joueurs en Corée du Sud. Le pays est connu pour sa communauté de joueurs passionnée et compétitive, ainsi que pour des mégastars comme Faker, un joueur considéré comme le Michael Jordan de l’e-sport. Racheté en 2014 par Amazon pour environ 842 millions de dollars, Twitch se présente comme la plus importante plateforme mondiale de streaming sur la thématique du jeu vidéo, avec plus de 31 millions de visiteurs en moyenne par jour. Les titres du service de streaming vidéo sud-coréen Afreeca TV, le concurrent de Twitch, ont bondi de près de 30 % à la Bourse de Séoul. Des utilisateurs sud-coréens de Twitch se sont dit consternés par cette annonce. «Nous tenons à réitérer qu’il s’agit d’une décision très difficile et que nous tous, chez Twitch, sommes profondément attristés», indique le communiqué de la société, qui estime que «la Corée du Sud a toujours été un acteur de premier plan dans la communauté mondiale de l’e-sport et continuera de le faire».

Une question de réglementation
Contrairement à de nombreux autres pays, la Corée du Sud autorise les fournisseurs de services internet à facturer des frais supplémentaires aux entreprises qui utilisent beaucoup de données. Au grand dam du géant américain du streaming Netflix, qui a engagé des poursuites dans le pays, pour contester les frais élevés d’utilisation du réseau.

En Europe, les patrons des principaux groupes de télécoms, dont Deutsche Telekom, Orange et Vodafone, réclament de longue date à l’Union européenne d’instaurer «une juste contribution» financière des géants du numérique comme YouTube ou Facebook, face aux coûts du trafic de données qu’ils génèrent. Mais après une vaste consultation sur le sujet, «la majorité» des organisations et citoyens interrogés «ont exprimé leur opposition» à cette proposition, a souligné un rapport mis en ligne en octobre par la Commission européenne. Les raisons le plus souvent invoquées sont qu’un tel mécanisme découragerait l’innovation, augmenterait les prix pour les consommateurs, ou entraînerait encore un possible impact sur le principe d’égalité de traitement et d’accès des contenus en ligne, dit de «neutralité du net».

En septembre 2020, la Cour de justice de l’UE a considéré qu’un fournisseur d’accès ne pouvait pas privilégier certaines applications ou certains services en leur accordant un accès illimité, quand des services concurrents sont soumis à des mesures de blocage ou de ralentissement. Aux États-Unis, la «neutralité du net» fait l’objet d’âpres batailles depuis des années. L’administration Trump était par exemple revenue sur ce principe, voté deux ans auparavant sous la présidence de Barack Obama, en l’accusant de décourager les investissements dans de nouveaux services. Joe Biden, qui en a fait l’une des priorités de son administration, peine désormais à le restaurer. 

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO



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