Ramadan : faut-il revenir à l’heure GMT+1 ?
Chaque mois de Ramadan, le Maroc passe à l’heure d’été en retardant l’heure légale (GMT+1) de 60 minutes. Un changement aux multiples avantages mais non sans quelques inconvénients.
C’est inscrit dans le marbre ou presque ! Chaque Ramadan, le Maroc passe à l’heure GMT en retardant l’heure légale (GMT+1) de 60 minutes. Après cette parenthèse d’un mois, les pendules sont remises à l’heure légale du Royaume (GMT+1).
Cette opération est prévue pour le dimanche 23 avril 2023 à 2h, après la fin du mois sacré. Loin d’être une simple manipulation des aiguilles d’une montre, l’adoption de l’heure d’été pendant le mois du Ramadan au Maroc est dûment motivée par des retombées économiques. Tout d’abord, elle s’explique par des avantages en termes d’économies d’énergie. En effet, avancer les horloges d’une heure, c’est raccourcir artificiellement, d’une certaine manière, les journées de travail. Ce qui permet aux populations de profiter gratuitement de la lumière du jour pendant les heures de veille.
Pour l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), ce changement d’heure représenterait dès lors des économies d’énergie importantes pour l’éclairage public. Mieux, le passage à l’heure GMT entrainerait une baisse de la demande d’énergie pendant les heures de pointe d’autant plus que les horaires de travail sont ainsi décalés vers des périodes où la demande d’électricité est habituellement plus faible. «C’est un calcul qui n’est pas fantaisiste. Il est possible de faire des économies d’énergie avec ce petit réglage», nous explique un économiste sous couvert d’anonymat. Il regrette toutefois qu’il n’y ait pas suffisamment de données officielles publiques à ce sujet pour donner plus de poids à la justification de ce changement d’heure annuel. En plus de la réduction de la demande d’énergie, l’alignement avec les horaires internationaux faciliterait les échanges commerciaux entre le Maroc et ses partenaires européens, comme en témoignent les données compilées depuis 2018.
En effet, les importations ont bondi, en valeur, de 28,373 milliards de dirhams (MMDH) au cours du mois de ramadan 2018 à 29,465 MMDH pendant le même mois de 2019. Quant aux exportations, leurs montants sont passés de 16,629 MMDH à 18,147 MMDH sur la même période. La tendance haussière est la même au cours des mois de Ramadan des années de Covid (2020, 2021 et 2022). Elle devrait également se confirmer en 2023. L’alignement avec les horaires internationaux ne facilite pas que les échanges commerciaux. Il favorise aussi les communications et les collaborations entre le Royaume et ses partenaires. Mais le passage à l’heure d’été a aussi son lot d’inconvénients.
En effet, déplacer les horaires de travail peut entrainer une demande d’électricité importante pendant les heures de pointe et rallonger les journées de travail qui commencent plus tôt que d’habitude dans certains secteurs. Cette mesure favorise aussi les embouteillages, perturbant ainsi la circulation dans les grandes agglomérations d’autant plus que les gens cherchent par tous les moyens à rentrer à la maison à temps pour le ftour.
Du côté des entreprises qui doivent s’adapter aux nouveaux horaires, le passage à l’heure GMT est souvent synonyme de réorganisation du point de vue logistique et administrative. Ce qui est susceptible d’engendrer des coûts de mise en œuvre. Tous ces avantages et inconvénients laissent notre interlocuteur «partagé». Selon lui, «il est très difficile de se faire une opinion bien tranchée sur la question du changement d’heure au Maroc».
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO