Déficit budgétaire : le Trésor dans une situation confortable

Le Trésor serait dans la capacité de satisfaire ses besoins de financement importants en 2023, lesquels se sont élevés à 210 MMDH à fin février. En attestent ses placements sur le marché monétaire dont les niveaux ont dépassé les 50 MMDH en moyenne durant le mois de mars. Le Trésor devrait afficher un ratio d’endettement de 70% en 2023. Ce ratio aurait atteint 66,7% en février.

Le Trésor devrait être en mesure de maîtriser son budget en 2023. À l’origine, une amélioration importante des recettes fiscales indirectes qui contribuent à hauteur de 38% à la reprise des recettes de l’État. Pour leur part, la TIC et la TVA ont été soutenues par la hausse des prix. De ce fait, les recettes ordinaires se sont améliorées de 10,7% à 43,1 MMDH sur la même période. Pour leur part, les dépenses ordinaires ont augmenté de 7,8% (+4,5 MMDH) et le solde ordinaire ressort à –7,9 MMDH. Le besoin de financement s’est creusé à 17,7 MMDH (-1 MMDH) à fin février 2023, en raison de la réduction  (-7 MMDH) du stock des opérations en instance.

217 MMDH de besoin de financement brut
Ce besoin a été satisfait à hauteur de 96% sur le marché domestique, dont 24% via le recours au marché de la dette intérieure. Ce flux important d’endettement intérieur vise à faire face au financement des tombées du Trésor qui devraient dépasser les 50 MMDH au cours des mois de mars et avril.

«Selon nos estimations, le besoin de financement brut du Trésor, d’ici la fin de l’année 2023, devrait s’établir à 217 MMDH. Celui-ci est calculé à travers un reliquat de financement du déficit budgétaire ainsi que les arriérés du Trésor, estimés par la LF 2023 à 55 MMDH, un reliquat cumulé des tombées du Trésor restantes à fin 2023 de 161,6 MMDH, dont 155,5 MMDH sur le marché intérieur et 6,1 MMDH sur le marché extérieur», expliquent les analystes d’Attijari global research (AGR) dans le Monthly budget focus du mois de mars.

À noter que selon la LF 2023, l’argentier du Royaume devrait couvrir 57,9 MMDH de son besoin de financement brut sur le marché extérieur et le reliquat (158,7 MMDH) sur le marché domestique. Suivant cette logique, le besoin de financement intérieur brut mensuel devrait se stabiliser à 15,9 MMDH. Ce niveau élevé tient compte de la concrétisation de la totalité des financements extérieurs budgétisés par la LF 2023 à 60 MMDH, confortée par la réalisation de la dernière sortie à l’international de 26 MMDH, estiment les analystes dans ce sens.

Une situation maîtrisable
En l’absence de pressions significatives sur les finances publiques de l’État, et tenant compte de la dernière levée à l’international, l’offre en BDT du Trésor sur le marché des adjudications devrait rester maîtrisée durant le prochain trimestre. Les experts d’AGR restent confiants quant à la capacité du Trésor à satisfaire ses besoins de financement importants en 2023, soit plus de 210 MMDH à fin février. En attestent les niveaux de ses placements sur le marché monétaire qui dépassent les 50 MMDH en moyenne durant le mois de mars.

Par ailleurs, l’orientation des taux au Maroc serait étroitement liée à la politique monétaire de BAM ainsi qu’à l’impact de l’inflation sur les exigences de rentabilité des investisseurs. Rappelons que le scénario AGR prévoit une poursuite du cap restrictif de BAM en 2023. À la lumière des évolutions des postes budgétaires prévues par la LF 2023, le Trésor devrait maîtriser son déficit budgétaire 2023E à 65,7 MMDH, soit environ 4,5% du PIB. La dette du Trésor devrait poursuivre son trend haussier, dépassant les 1.000 MMDH, contre 956 MMDH en 2022.

Dans le détail, la dette intérieure devrait atteindre 760 MMDH en 2023, en hausse de 1,8% par rapport à son niveau à fin 2022. La dette extérieure du Trésor devrait augmenter de 25%, passant de 209 MMDH en 2022 à 262 MMDH en 2023.

À fin février, la dette globale aurait atteint 974 MMDH. La composante intérieure est estimée à 763 MMDH contre 211 MMDH pour la composante extérieure. Le poids de la dette extérieure dans l’endettement global du Trésor devrait se situer autour des 26% au cours de l’année 2023, en ligne avec le benchmark de référence, soit entre 25% et 30%. À l’origine, le niveau élevé des financements extérieurs prévus par la LF 2023, soit 60 MMDH. «Tenant compte des prévisions de croissance de la LF pour l’année 2023 (+4,5%), le Trésor devrait afficher un ratio d’endettement de 70% cette année.

Ce ratio aurait atteint 66,7% en février», explique-t-on dans ce sens. L’endettement intérieur ralentirait à 52,3% en février avant de reculer à 52,1% à fin 2023. Le taux d’endettement extérieur devrait s’accélérer passant de 15,3% à fin 2022 à 18% en 2023. Celui-ci se serait établi à 14,4% à fin février.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO