Maroc

Stratégie Halieutis : Mohammed Sadiki fait le point

Renforcement de la structuration de la pêche artisanale, meilleure captation de la valeur ajoutée, préservation de la ressource avec une meilleure transformation… Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, rappelle les grandes priorités halieutiques et aquacoles du royaume. 

Faisant partie des trois segments de la pêche partageant l’exploitation des ressources halieutiques marocaines, la pêche artisanale a besoin à la fois davantage de structuration et de modernisation bien que celle-ci ait été aussi priorisée dans le cadre de la première mouture de la stratégie Halieutis, lancée depuis 2009. C’est l’aveu formulé par Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, à l’issue de la 6e édition du salon Halieutis, tenue la semaine dernière à Agadir, particulièrement dans le cadre de la stratégie éponyme à l’horizon 2030. Sur près de 240.000 emplois générés par le secteur de la pêche maritime, le segment artisanal représente  environ 60.000 emplois directs, soit plus de 25% des effectifs à travers l’exploitation de 17.000 barques artisanales au niveau de 150 sites de pêche. «L’éradication de la pêche Illicite, non déclarée et non réglementée (INN), passe impérativement par une profession à la fois bien organisée et bien structurée avec l’adhésion et l’engagement des professionnels de ce segment», a insisté Mohammed Sadiki. Outre la consolidation de la captation de la valeur ajoutée au niveau des zones concernées par la pêche maritime, le ministre a mis l’accent sur le renforcement de la transformation et la génération d’emplois. «En toute objectivité, le nombre d’unités existantes n’est pas suffisant pour accompagner la transformation de 1,56 million de tonnes et la création de plus de valeur ajoutée, d’où l’importance de renforcer ce volet».

8 MMDH consacrés à la stratégie Halieutis
Au total, le nombre d’unités de valorisation est actuellement de 497 structures, dont 198 unités de congélation et 105 de conserve de poissons. Selon le ministre, ces volets figurent parmi les priorités de la seconde mouture de la stratégie Halieutis. Cette dernière a mobilisé 8 MMDH pour le financement des projets inscrits dans le cadre de cette feuille de route.

«Malgré les différents repos biologiques basés sur les données scientifiques de l’INRH, la production nationale a atteint 1,56 million de tonnes en 2022, soit une hausse de 10% par rapport à l’année 2021 qui a enregistré 1,4 million de tonnes», a-t-il fait savoir.

Par contre, la valeur des débarquements a reculé en générant 13,6 MMDH en 2022 contre 15,1 MMDH en 2021. S’agissant des exportations, elles se sont élevées à 883.000 tonnes en 2022, soit une hausse de 13% avec une valeur égale à 28 MMDH. Globalement, les exportations ont été destinées essentiellement aux marchés européens à hauteur de 58% alors que le marché africain a capté 15%. De plus, 9% a été acheminé hors UE et la même part a été destinée au marché américain alors que l’Asie a capté 6,5%. La croissance des exportations en volume a atteint 4,1% en moyenne, sur la période 2015-2021, passant de 642.000 t à 818.000 t tandis que les exportations en valeur ont affiché une croissance annuelle moyenne de 4,7%, sur la période 2015-2021, passant de 19,4 MMDH à 25,5 MMDH.

1,5 MMDH pour la recherche scientifique
Interagissant sur la situation de la ressource halieutique et les indicateurs de biomasse, Mohammed Sadiki n’a pas manqué l’occasion d’expliquer que «les arrêts de pêche à travers l’instauration des différents repos biologiques doivent être perçus comme étant des actions liées à la gestion de la ressource en fonction des zones de pêche. Ces instaurations sont décrétées à la base de résultats de la recherche scientifique de l’INRH et la concertation avec les professionnels», a-t-il souligné.

Dans ce sens, le Maroc a investi un budget de près de 1,5 MMDH en matière de recherche scientifique essentiellement à travers l’acquisition de six navires de recherche océanographique. Le dernier en date a été récemment acquis pour un montant de 500 MDH afin d’avoir des données précises et surtout actualisées. Rappelant la problématique des intermédiaires qui perturbe la chaîne de distribution, Sadiki a affirmé, lors de son intervention, que le réseau d’intermédiaires nécessite une organisation en annonçant que dix marchés de gros de poissons ont été créés jusqu’à présent au niveau national pour faciliter la commercialisation des poissons dans les villes marocaines. Pour l’aquaculture, le ministre a souligné aussi que cette activité a été dotée d’un nouveau cadre règlementaire et juridique, allusion faite à la loi relative à l’aquaculture marine.

Aquaculture : un nouveau cadre réglementaire
Publié au Bulletin officiel du 9 janvier 2023, ce texte a défini les modalités et les règles de gestion de l’aquaculture marine et son développement, ainsi que le régime juridique applicable aux activités d’aquaculture marine régies auparavant par les lois de la pêche maritime.

«Ce texte offre désormais plus de visibilité aux investisseurs et encadre ce secteur qui connaît un engouement sans précédent, surtout avec la réalisation des Plans d’aménagement aquacole au niveau du littoral national», a déclaré le ministre.

Parallèlement, la loi n° 85.21 a été modifiée et complétée par la loi n°52.09 portant création de l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) afin de l’harmoniser avec les textes législatifs relatifs à l’Agence et avec les dispositions de la loi réglementant l’aquaculture tout en renforçant la mission et les attributions de l’ANDA.

«La production aquacole permettra d’instaurer l’équilibre au sein du marché national à travers son apport en matière de production halieutique, mais aussi son impact attendu sur la question des prix», a-t-il indiqué.

Le ministre a mis aussi en exergue l’importance de l’Initiative de la Ceinture Bleue pour la pêche et l’aquaculture durable en Afrique en tant qu’instrument africain d’appui aux stratégies bleues sous forme de plateforme collaborative et son institutionnalisation, notamment à travers le renforcement du volet afférent à la coopération Sud-Sud. Il a annoncé aussi qu’un protocole d’accord a été signé avec l’Espagne au sujet de la sécurité sanitaire des produits alimentaires et leurs traçabilités, y compris halieutiques, dans le cadre des travaux de la 12e Réunion de haut niveau Maroc-Espagne. Ce protocole permettra de fluidifier les échanges commerciaux entre les deux pays à travers l’acheminement des produits marocains vers le voisin ibérique.

Yassine Saber / Les Inspirations Eco



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