Pénurie de sang : les femmes enceintes surexposées aux multiples risques
Les femmes enceintes auront toujours besoin de sang pour traiter l’anémie et les hémorragies causées par des complications de certaines grossesses.
La pénurie de sang expose les femmes enceintes à plusieurs risques. En effet, elles sont souvent confrontées pendant la grossesse à des hémorragies et cette situation peut parfois leur coûter la vie en cas de non prise en charge. Le risque zéro est écarté de toutes les hypothèses par les professionnels de la santé.
Face à cette pénurie de sang, le danger est quasiment permanent chez les femmes enceintes. Avec les complications liées à la grossesse, elles ne sont pas à l’abri des risques d’hémorragie qui peuvent leur coûter la vie en cas de non traitement. «L’hémorragie quelle que soit sa gravité est imprévisible. Même avec les grossesses qui sont bien suivies, le risque zéro n’existe pas. Il y a toujours un danger d’évolution vers une hémorragie simple ou grave», indique Hafiani Yassine, anesthésiste à l’hôpital Abderrahim Harouchi CHU Ibn Rochd.
Donner du sang permet de sauver des vies humaines. C’est pour cela que la pénurie de cette matière inquiète les professionnels. Les centres de transfusion sanguine subissant l’effet de la pandémie ne drainent plus beaucoup de donneurs et cette situation expose au danger les patients en manque de sang, surtout les femmes enceintes. «Avec un besoin de 1.000 poches de sang par jour, la mobilisation reste faible. La pandémie de Covid, en plus des restrictions occasionnelles, ont fini par vider les salles d’attente qui accueillent des associations et des bonnes volontés en vue de faire un don», déplore Hafiani Yassine, par ailleurs réanimateur à la maternité.
Baisse de la mortalité maternelle
Évaluant l’évolution de la situation et les efforts déployés dans ce sens, notre interlocuteur se veut explicite. Le nombre de décès maternels estimé à 112 pour 100.000 naissances vivantes, entre 2010 et 2018, enregistre une baisse, passant à 72 pour 100.000 naissances vivantes, en 2019.
Cette réduction de 40 points est le fruit de l’amélioration de la prise en charge des femmes enceintes tant en milieu rural qu’urbain, explique le professionnel de la santé. Le nombre de décès maternels reste quasiment faible au Maroc, mais l’objectif n’est pas encore atteint, indique notre interlocuteur.
Dans la même perspective, il ajoute que les femmes enceintes auront toujours besoin de sang pour traiter l’anémie et les hémorragies causées par des complications de certaines grossesses. Remédier à ce manque de sang passe inéluctablement par une politique efficace qui s’inscrit dans la durée. Les femmes n’échappant pas aux risques comme la septicémie, l’éclampsie et les complications de l’avortement, il faut anticiper les urgences. C’est-à-dire, disposer de réserves suffisantes de sang et veiller sur une prise en charge rapide afin de sauver la vie de la mère et de l’enfant, suggère-t-il. Ceci dit, il faut impliquer aussi bien le ministère de la Santé, celui de l’Éducation, la société civile, bref toutes les forces vives de la nation. Il faut également inclure la culture de don de sang dans l’éducation et non mener des actions limitées dans le temps. S’y ajoutent l’intensification des campagnes et l’élargissement de la cible en s’adressant aux corporations professionnelles, ainsi que la désignation d’une journée nationale de don par les professionnels de la santé, suggère la même source.
Abdou Mbaye / Les Inspirations ÉCO