Véhicules électriques : “Le Maroc doit se positionner dès maintenant”
ALI EL HARTI
Président de la Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables (FENELEC)
Selon le président de la Fenelec, il y a encore du chemin à parcourir en matière de développement de la mobilité électrique au Maroc. Cela passe par la promulgation de textes réglementaires régissant cette activité, au vu d’une demande qui ne devrait pas tarder à s’installer.
La mobilité électrique est un sujet d’actualité, et c’est aussi le thème de cette nouvelle édition de l’Elec Expo. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux ?
Aujourd’hui, la mobilité électrique est une activité en pleine expansion à travers le monde, et ce pour plusieurs raisons, la principale étant purement économique. Si la voiture électrique coûte un peu plus cher aujourd’hui à l’achat qu’une voiture thermique, recharger une batterie de voiture est beaucoup plus économique que de faire un plein de gasoil, surtout au vu des niveaux de prix actuels.
Dans le monde, la demande s’accroît pour les voitures électriques, mais qu’en est-il du Maroc ? Il faut dire que le marché de la voiture électrique y est encore à ses balbutiements. Nous sommes encore très loin de la maturité observée en Europe. Les clients marocains ont encore du mal à passer à l’électrique. Car l’infrastructure ne suit pas et le réseau de recharge électrique est extrêmement sous-équipée. Un autre frein à citer dans ce sens, c’est celui de la réglementation. Il n’existe pas de texte réglementaire pour régir cette activité, notamment la vente de l’énergie ou encore celle de la recharge électrique. Néanmoins, le gouvernement, à travers le ministère de la transition énergétique, se penche sur le sujet en collaboration avec les parties concernées. L’objectif étant d’asseoir un cadre juridique pour anticiper la demande sur les voitures électriques, laquelle ne tardera pas à s’installer sur le marché marocain.
Selon vous, quels sont les leviers de croissance à faire jouer dans ce sens ?
Par rapport à notre secteur, le Maroc s’est positionné dans l’échiquier mondial, en tant que constructeur automobile, à travers les écosystèmes de Renault et Stellantis. Désormais, il devient important pour le pays de s’affirmer aussi sur la voiture électrique. D’ailleurs, à travers la tenue de cette 15e édition de l’Elec Expo, nous voulions traiter de la thématique de la mobilité durable. Sachant que la demande de mobilité électrique est croissante dans le Royaume, nous souhaitons que nos industriels se positionnent sur ce marché. Plusieurs secteurs sont, en effet, concernés : la batterie, sa recharge , le système de gestion et le système de monitoring de la batterie, les composants électroniques… Bref des activités à fort potentiel et à forte valeur ajoutée pour l’industrie nationale. Aujourd’hui, il est clair que le secteur électrique doit s’imposer sur ce marché.
Aujourd’hui, comment se portent les secteurs représentés par la Fenelec ?
Il est difficile de livrer une unicité de constat. Notre Fédération regroupe trois activités, à travers trois associations, celles des installateurs, des distributeurs et des fabricants. L’activité qui a été la plus touchée par les effets de la crise est celles des installateurs. Ces derniers, avec la flambée des prix, se sont retrouvés face à un dilemme. En réalisant les projets sur lesquels ils sont engagés, ils risquaient d’être déficitaires. Toutefois, le gouvernement a permis à ces derniers de sortir de ce guet-apens en renonçant aux projets sans pour autant répondre aux exigences et aux clauses de garantie des contrats. Pour ce qui est des acteurs des deux autres associations, ils ont vu leur activité réduite de moitié à cause de la flambée des prix des matières premières. Il est difficile pour les opérateurs de subir une période de forte inflation. Cela dit, les pouvoirs publics sont tout à fait attentifs, et tentent de trouver des solutions aux problématiques du secteur.
Comment tirer profit de la transition énergétique dans le secteur du BTP, et quels sont les impératifs à sa réussite ?
Il faut dire qu’il n’existe pas de texte de loi qui régit ces normes de transition dans le secteur des BTP. Mais de manière générale, c’est pendant les crises qu’on arrive à forcer les choses et à aller de l’avant. Il ne faut pas attendre pour initier le changement. Il passe par une prise de conscience des Marocains, en réduisant leur consommation d’électricité déjà, mais aussi par la mise en place d’une réglementation incitative et avantageuse, qui pousse les acteurs du BTP à produire des bâtiments respectueux de l’environnement.
Il faut promouvoir davantage le produit marocain
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO