Tunisie : la green-tech de Yassine Khelifi valorise les oliviers
En Tunisie, les startups green se développent de plus en plus grâce à des jeunes qui misent sur les énergies renouvelables. Avec sa startup Bioheat, Yassine Khelifi crée des buchettes combustibles à base de grignons d’olives, pour remplacer le bois.
Lorsqu’il était enfant, Yassine voyait souvent des agricultrices préparer le pain «tabouna», un pain traditionnel rond, avec un feu à base de déchets d’olives récoltées dans les champs.
De cette méthode naturelle, il a tiré une idée de startup avec une machine qu’il a conçue dans la ferme familiale, en périphérie de Tunis. Elle compresse les déchets des grignons et la pulpe pour en faire une buchette. Il a fallu quatre ans à l’entrepreneur pour transformer une idée en un objet fini. Yassine Khelifi avait d’abord songé à importer des machines déjà existantes, mais la composition particulière du grignon rendait leur utilisation impossible.
«À l’échelle internationale, ils font la briquette à partir de sciure de bois, de biomasse… Ce n’est pas la même composition que les grignons et la pulpe», explique-t-il. Les briquettes qu’il fabrique ont un taux d’humidité entre 40 et 50%. Elles sont ensuite séchées au soleil pendant près d’un mois pour se transformer en combustible. Le processus de fabrication est entièrement bio et artisanal. Les briquettes émettent moins de CO2 que le bois en brûlant et reviennent moins cher.
Un produit qui séduit aussi en Europe
«La capacité de production de la machine est estimée à 1.000 tonnes par an. Aujourd’hui, on est juste à 10% de la capacité de production, et cela est dû au manque de surface de séchage, précise Yassine. C’est pourquoi on est sur une ligne de levée de fonds pour atteindre la capacité des 1.000 tonnes».
La demande pour cette énergie est forte, surtout avec les enjeux autour du gaz, liés à la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie. Dans la salle où il fait l’emballage de ses buchettes pour ses clients, Yassine projette déjà de pouvoir un jour en exporter. «À la saison estivale, on travaille beaucoup avec les restaurateurs qui utilisent les feux de bois.
Notre produit est très rentable comparé au bois ou au gaz. On a des grosses commandes et beaucoup de contacts, en Europe essentiellement (France, Belgique, Suisse…». La startup compte ainsi déjà près d’une quarantaine de clients, un nombre qui ne manquera pas d’augmenter une fois la capacité de production atteinte.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO