Banques : pas de risque qui préoccupe Bank Al-Maghrib outre mesure
Dans un environnement très incertain, Hiba Zahoui, directrice de la Supervision bancaire, se montre rassurante sur la santé des banques et leur capacité à affronter les vents contraires. En revanche, la conjoncture a affaibli de nombreuses associations de microcrédit. Des faillites ne sont pas exclues mais c’est un risque qui diminue, estime la Banque centrale. Une batterie de mesures a été mise en place pour éviter des défaillances dans le secteur.
La conjoncture aurait pu les faire dérailler mais les banques continuent d’afficher des ratios de solvabilité assez confortables, soit 15,8% pour le ratio global et 12% pour le ratio de fonds propres de catégorie 1. La Banque centrale n’a pas opposé de veto à la distribution de dividendes, ce qui veut dire qu’au niveau individuel, elle est aussi satisfaite. Si les banques ont passé sans accroc les stress tests menés par la Direction de la supervision bancaire et par le Département de la surveillance macro-prudentielle, les menaces sont nombreuses, leurs clients étant confrontés à de nouvelles adversités.
«Nous surveillons de près les développements. Mais il n’y a pas un sujet qui nous préoccupe outre mesure», tempère Hiba Zahoui, directrice de la Supervision bancaire, lors de la présentation du rapport annuel de son département.
La détérioration de la conjoncture maintient les créances en souffrance à un niveau élevé. L’enchaînement des chocs maintient la pression sur la situation financière de nombreux clients. Sur l’encours de crédits de 122 milliards de DH ayant fait l’objet d’un moratoire, 75,6% a été normalisé à fin mai 2022, selon le régulateur. Ce sont des crédits pour lesquels le remboursement normal des échéances a repris. Pour le reste, il s’agit de défauts de paiement ou de crédits présentant des impayés et pour lesquels il existe des chances de recouvrement.
De façon générale, l’encours des créances en souffrance culminait à 87 MMDH à fin mai. «Le point positif est que la hausse des créances en souffrance ralentit dans le temps. Le plus important pour nous est qu’il y ait le provisionnement nécessaire derrière et que le projet de marché secondaire des créances en souffrance aboutisse pour permettre un dégonflement du stock», indique la directrice de la Supervision bancaire.
Les associations de microcrédit plus vulnérables
Servant un peu moins d’1 million de clients (plus exactement 837.000), les associations de microcrédit sont, elles, plus durement touchées par la conjoncture. La fréquence des saisons sèches pèse aussi. Le taux de sinistralité du portefeuille s’est dégradé de 200 points de base à 10,3% en 2021. Le secteur a essuyé une perte de 65 millions de DH, l’année dernière.
Des faillites ne sont pas exclues mais c’est un risque qui diminue, estime la Banque centrale. Une batterie de mesures a été mise en place pour éviter des défaillances dans le secteur. D’un côté, il y a l’accompagnement de la Banque centrale à travers l’assouplissement temporaire des règles de classification et de provisionnement des microcrédits et l’instauration d’un mécanisme de refinancement des prêts accordés par les banques aux AMC.
De l’autre, deux fonds de garantie ont été instaurés par le ministère des Finances pour les microcrédits restructurés, les nouveaux prêts accordés aux acteurs de l’économie informelle affectés par la pandémie et pour les lignes de refinancement octroyées aux AMC.
Crypto-actifs : Un projet de loi d’ici la fin dE L’année ?
«Il vaut mieux réguler, protéger les usagers et les acteurs du système financier plutôt que d’être dans une forme d’interdiction qui ne nous permet pas d’appréhender ces flux et de mitiger les risques qui en découlent pour les différents acteurs de l’économie», a estimé Hiba Zahoui, directrice de la Supervision bancaire.
Après avoir mené des actions pour sensibiliser les usagers aux risques qu’ils prennent sur les crypto-actifs mais aussi les banques sur l’usage qui peut être fait des comptes bancaires pour réaliser des transactions, Bank Al-Maghrib va encadrer l’utilisation de ces instruments. «Je pense que nous pourrions avoir un premier projet de loi d’ici la fin de l’année», a indiqué la directrice de la Supervision bancaire.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO