Electricité. Abdellatif Bardach : “La séparation comptable des activités de l’ONEE pour bientôt”
Abdellatif Bardach
Président de l’ANRE
Abdellatif Bardach, président de l’ANRE, a présenté devant la Commission parlementaire des infrastructures, de l’énergie, des minéraux et de l’environnement, le 19 juillet, le premier rapport annuel de son institution, inscrit dans le cadre de son plan de développement 2021-2025. A cette occasion, il a déclaré qu’un système de tarification électrique s’impose. D’autres chantiers sont également dans le pipe. Eclairages.
C’est un premier bilan positif pour l’ANRE. Quels sont vos chantiers pour 2022 ?
Parmi les principaux chantiers de 2022, nous ambitionnons, tout d’abord, de fixer le tarif d’utilisation du réseau national de transport de l’électricité, suite aux concertations avec les différentes parties prenantes qui ont, d’ailleurs, déjà commencé et qui se déroulent dans d’excellentes conditions. Ensuite, après plusieurs réunions avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), le Conseil de l’ANRE a établi des recommandations relatives aux principes devant régir les relations entre les deux entités.
Nous nous apprêtons maintenant à passer à la vitesse supérieure pour l’exécution des travaux de ce chantier qui est essentiel comme prélude à l’autonomie, puis à l’indépendance du gestionnaire du réseau de transport de l’électricité. Il convient, cependant, d’indiquer qu’il revient à l’ONEE de présenter à l’ANRE, pour approbation, les règles précises de séparation comptable. Les autres chantiers, dont l’exécution sera accélérée en 2022, concernent l’approbation du programme pluriannuel d’investissement du gestionnaire national du réseau de transport de l’électricité, le Code de bonne conduite de ce gestionnaire, les indicateurs de qualité…
Vous avez mené un travail de terrain pour vous enquérir des éléments susceptibles de renforcer votre mission de contrôle. Qu’en déduisez-vous ?
Notre travail de terrain vise, en effet, à mieux connaître les contraintes et les attentes des différentes parties prenantes. Il nous permet de prioriser nos actions afin de répondre aux problématiques du secteur à partir des prescriptions de la législation en vigueur et, notamment, de la Loi n° 48.15 relative à la régulation du secteur de l’électricité et à la création de l’ANRE. Ce travail nous permet ainsi de mettre le doigt sur les points qui méritent une investigation approfondie par nos équipes, une fois que les indicateurs de performance auront été arrêtés. Nos prérogatives de contrôle sont, d’ailleurs, très larges conformément à la Loi n° 48.15, et nous entendons les mettre en œuvre pour garantir le respect des réglementations en vigueur et la qualité du service fourni aux utilisateurs.
La feuille de route 2021-2025 reste ambitieuse. Quels sont les moyens à mettre en place pour y arriver ?
En effet, notre feuille de route est ambitieuse, mais elle est réalisable. Pour cela, nous avons besoin de renforcer nos moyens humains et matériels. Comme plusieurs parlementaires l’ont bien constaté, nos effectifs et notre budget sont loin de suffire pour répondre à l’ampleur et à la complexité de notre mission. Il est évident que la mobilisation des ressources financières propres de l’ANRE, conformément aux dispositions de la loi, nous permettra non seulement de réunir les conditions de la consolidation de nos moyens d’intervention, mais également de renforcer notre indépendance.
Comme l’a bien noté le Nouveau modèle de développement, le régulateur du secteur électrique doit être fort, compétent et indépendant pour être en mesure d’assumer pleinement son rôle. Bien entendu, au-delà de nos propres moyens, nous avons la possibilité de mobiliser une coopération internationale judicieuse grâce aux relations privilégiées que nous avons tissées avec les régulateurs méditerranéens, européens, francophones et africains. La conjonction de tous ces moyens nous permettra de relever les défis que pose notre ambitieuse feuille de route.
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO