Matières premières : la France veut miser sur le développement de la culture des légumineuses
C’est inédit, la France débloque 1,4 million d’euros pour promouvoir les légumineuses dans les assiettes. Mais encore faut-il que la production suive.
L’objectif est de rééquilibrer l’assiette des Français qui ne sont pas très friands de légumes secs : avec une consommation de deux kilos par habitant et par an, ils sont loin derrière la moyenne européenne, et encore plus loin que les Canadiens qui eux consomment plus de 10 kilos par habitant et par an. Mais pour doper cette consommation, il faut aller vers une croissance de la production, rappelle Alexandre Cherki, président de la Fédération nationale des légumes secs.
Et c’est là que le défi se complique : cette campagne de promotion des lentilles, pois chiches et autres haricots secs arrive dans un contexte économique inédit au niveau mondial. Les prix des céréales sont tels, que certains agriculteurs français et européens risquent d’arbitrer en leur faveur en 2023, s’inquiète Antoine Henrion, président de l’Interprofession des huiles et protéines végétales.
Le blé ou le maïs rapportent plus aujourd’hui que les lentilles, pour ne donner qu’un seul exemple, même si les coûts de production des céréales, au vu du prix des engrais, ont bondi.
Zéro engrais azoté, un atout qui ne suffit pas
Les légumineuses ont l’immense atout de ne pas avoir besoin d’engrais azoté – elles fabriquent elles-mêmes l’azote indispensable à leur développement. Quand elles sont plantées en inter-culture, autrement dit entre deux productions, elles permettent également à la culture d’après d’économiser entre 30 et 50% d’engrais azotés.
De quoi séduire en théorie, mais il y a une limite économique : elles rapportent beaucoup moins aux agriculteurs. L’Hexagone a vu sa production augmenter de 30% en un an, mais le pays reste déficitaire en graines riches en protéines. D’ici 2030, la filière vise à occuper 8% des surfaces agricoles contre 4% aujourd’hui, pois et soja compris.
Mais le contexte actuel pourrait bien rebattre les cartes, en France et ailleurs. La possibilité de bénéficier de prix avantageux avec les céréales, et fixés à l’avance par des contrats, est en effet plus qu’alléchante pour les cultivateurs.
Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO