Développement : c’est parti pour l’économie bleue
La Banque mondiale vient d’approuver un prêt de 350 millions de dollars pour appuyer le lancement du programme économie bleue du gouvernement. Cette ligne de crédit vise à stimuler la création d’emplois et la croissance économique, tout en améliorant la durabilité et la résilience des ressources naturelles, ainsi que la sécurité alimentaire, un enjeu dont l’importance s’est encore accentuée avec les répercussions de la guerre en Ukraine.
Du nouveau en matière de développement sectoriel. La Banque mondiale vient d’approuver un prêt de 350 millions de dollars pour appuyer le lancement du programme économie bleue du gouvernement. Un prêt visant à stimuler la création d’emplois et la croissance économique, tout en améliorant la durabilité et la résilience des ressources naturelles, ainsi que la sécurité alimentaire, un enjeu dont l’importance s’est encore accentuée avec les répercussions de la guerre en Ukraine.
Un objectif qui passe par le développement des cadres institutionnels requis, l’amélioration de la gestion intégrée des ressources naturelles et le renforcement de certains secteurs pour une économie bleue résiliente au changement climatique dans des zones ciblées. «Bordé par la mer Méditerranée et l’océan Atlantique sur 3.500 km, le Maroc possède un fort potentiel de développement de l’économie bleue.
Ses zones côtières représentent déjà plus de la moitié du PIB et des emplois du pays, alors qu’un plus grand potentiel demeure inexploité dans les filières bleues établies et naissantes, comme l’aquaculture, l’algoculture et les énergies marines renouvelables.
Comme l’indique le diagnostic établi dans son Nouveau modèle de développement, le Maroc a la possibilité de développer des «clusters côtiers» qui attirent les investissements et créent des emplois, tout en assurant un développement durable», souligne Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb.
Un projet, deux volets interdépendants
Dans le détail, le projet comprend deux volets interdépendants destinés à étayer le programme gouvernemental. Le premier, qui s’articule autour d’une commission interministérielle et de mécanismes de coordination régionale, soutient l’établissement de cadres institutionnels visant à renforcer la coordination verticale et horizontale. Il s’attachera également à instaurer un nouveau modèle de fonctionnement collaboratif au sein des secteurs et des régions, à optimiser la planification budgétaire et à œuvrer à des objectifs communs.
Le second volet porte sur l’investissement dans des domaines clés de l’économie bleue, notamment le tourisme durable et le sous-secteur de l’aquaculture ; la formation professionnelle dédiée à la gestion de l’économie bleue ; la protection et la gestion des services écosystémiques ; et l’amélioration de la résilience climatique dans des zones ciblées.
La création d’emplois et la croissance économique qui en découleront devraient stimuler la reprise après la pandémie de Covid-19. Pour contribuer à la sécurité alimentaire, le programme soutiendra la création d’exploitations aquacoles et la préservation des ressources marines dans des aires protégées.
Il s’emploiera, par ailleurs, à promouvoir l’égalité entre les sexes et l’inclusion des jeunes à travers des structures d’accompagnement (incubateurs d’entreprises) et un appui technique.
Démarrage par des relevés marins
Pour commencer, des relevés marins seront effectués pour estimer, sur une base scientifique, la santé des réserves halieutiques et déterminer les mesures à suivre pour les gérer. La qualité des plages, atout majeur pour le tourisme côtier, fera également l’objet d’une surveillance environnementale, tandis que l’exploitation d’images satellites des zones littorales permettra de mesurer l’érosion et d’étayer les décisions relatives au développement des zones côtières.
Enfin, 14 nouvelles exploitations aquacoles, mêlant élevage de crustacés et culture d’algues, seront créées pour stimuler la production, attirer de futurs investissements et générer de nouveaux emplois pour les femmes et les jeunes, ce qui favoriserait l’ouverture de ce sous-secteur au plus grand nombre. «Fort de ses abondantes ressources marines et côtières, le littoral marocain offre, au sortir de la pandémie, des perspectives d’emplois et de reprise équitable, et une plus grande résilience face au changement climatique.
Le Maroc s’emploie à créer une société plus verte, plus résiliente et plus inclusive. Le programme économie bleue sert de plateforme commune à des régions et des filières diverses pour l’élaboration et la mise en œuvre de solutions intégrées dédiées à une administration efficace des ressources marines et côtières.
Le programme soutient ainsi une société équitable et durable», indique Marcelo Hector Acerbi, spécialiste senior de l’environnement et responsable du projet. Signalons que ces projets vont dans le même sens que les recommandations du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Nouveau modèle de développement (NMD).
Un projet en droite ligne avec les recommandations du CESE et du NMD
En effet, reconnaissant que l’économie bleue constitue un enjeu stratégique pour le Royaume, le CESE a même produit un rapport où il préconise l’adoption d’une Stratégie nationale de l’économie bleue durable et inclusive, adaptée aux vocations territoriales et déployée autour des secteurs économiques traditionnels (pêche, tourisme et activités portuaires), tout en développant de nouveaux secteurs porteurs de forts potentiels de croissance (aquaculture, écotourisme, bioproduits marins ou biotechnologies, construction navale, énergies,…).
Ce rapport a mis à la disposition des décideurs, acteurs et parties prenantes une réflexion stratégique sur le capital maritime et le milieu marin, avec une analyse des atouts, des contraintes, des opportunités et des menaces, outre la proposition d’une ligne directrice et des recommandations opérationnelles pour la mise en place d’une stratégie nationale de l’économie.
Le document du CESE sur l’économie bleue a également mis en avant le consensus des différents acteurs sur le potentiel énorme de la richesse halieutique du Maroc et souligné l’urgence de faire converger les efforts des acteurs étatiques et non étatiques pour accélérer une transition réussie vers l’économie bleue et ainsi répondre aux besoins pressants, tout en respectant les principes de bonne gouvernance et de gestion durable des ressources et des écosystèmes.
À noter que dans la dernière étape de son diagnostic, le CESE s’est intéressé à un point nodal de l’économie bleue, à savoir la question de la gouvernance, pour parvenir à la préservation de l’espace marin, sa valorisation et son exploitation durable et inclusif.
Insistant sur ce point, le CESE avait notamment souligné que la transition vers une économie bleue requiert un leadership de haut niveau afin d’assurer les fonctions de coordination et d’arbitrage pour des interventions convergentes et efficaces des différents secteurs productifs.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO