Immobilier résidentiel. Les prix, pour l’instant, épargnés par l’inflation tous azimuts
Le pouvoir d’achat immobilier s’est amélioré au premier trimestre avec la baisse de 5,8% des prix des biens résidentiels et de 3 points de base du taux d’intérêt moyen du crédit à l’habitat. Même si elles baissent, les transactions restent dans la moyenne des niveaux pré-covid. Par contre, les risques qui pèsent sur l’activité sont élevés avec le ralentissement de la croissance, la hausse du chômage et la pression sur les revenus des ménages.
Pour l’instant, les prix des biens immobiliers sont épargnés par l’inflation, notamment, des matériaux de construction et c’est tout bénef pour les candidats à l’accession au logement. La baisse de 0,3% des prix des biens résidentiels sur trois mois et de 5,8% par rapport au premier trimestre 2021 s’accompagne d’une quasi-stabilité du taux moyen du crédit à l’habitat (-3 points de base au 1er trimestre à 4,21%) selon les chiffres de la Banque centrale et de l’ANCFCC.
Toutefois, l’IPAI est très général et ne renseigne pas sur la tendance des prix dans l’immobilier ancien et neuf ni sur leur comportement selon les segments. Depuis des mois, les promoteurs immobiliers alertent sur la flambée des prix des matériaux de construction qui tire dans leur sillage les prix de revient.
«Les prix de revient augmentent considérablement. Certains opérateurs sont obligés de réduire leur marge pour vendre afin de rembourser leurs crédits», indique Anice Benjelloun, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI).
L’on assiste peut-être aussi à un rééquilibrage des rapports sur le marché, les marges des promoteurs étant souvent critiquées. Le contexte aurait entraîné l’arrêt de nombreux chantiers et la baisse d’environ 30% des dépôts des autorisations de construire, estime-t-il.
Sur les trois premiers mois de l’année, les transactions dans le résidentiel ont baissé de pratiquement 10% par rapport au trimestre précédent et de 6,6% comparativement à la même période en 2021. Il faut nuancer cette baisse d’activité puisque les deux périodes de benchmark figurent parmi les meilleurs trimestres enregistrés jusque-là. Sachant que depuis le premier trimestre 2020, les transactions affichent des mouvements brusques à la hausse comme à la baisse.
Comparées à la période pré-pandémie, les ventes du premier trimestre 2022 figurent dans la moyenne. Par contre les risques sont orientés à la hausse avec le ralentissement de la croissance économique, la hausse du chômage et la pression sur les finances des ménages.
Les promoteurs immobiliers dans l’expectative
«Il y a urgence à trouver une solution», prévient Anice Benjelloun. Les incertitudes autour de la guerre en Ukraine et sur l’évolution des prix des matériaux de construction menaceraient la reprise dans le secteur et surtout les emplois, sous-entend le promoteur immobilier.
Pour la Fédération, la hausse des prix de certains matériaux de construction serait déconnectée des fluctuations à l’international. De leur côté, les professionnels du secteur se défendent de toute hausse abusive.
Il existe d’autres leviers sur lesquels les pouvoirs publics pourraient agir pour baisser les prix de l’immobilier, en particulier le coût du foncier et la fiscalité. Dans le contexte actuel, la voix des promoteurs immobiliers a du mal à résonner, le gouvernement ayant du pain sur la planche avec la sécheresse, les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et l’accélération de l’inflation.