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Ciment : le “bâtiment” et la “distribution” en prennent plein la figure !

Pour le seul mois d’avril, les livraisons de ciment des membres de l’Association professionnelle des cimentiers (APC) ont chuté de 22,80%, par rapport à la même période de l’an dernier. Détails ! 

Suite à la flambée des prix de la quasi-totalité des matériaux de construction, les ventes cumulées de ciment, principal indicateur de l’activité du secteur du BTP, ont reculé de 5,10% à fin avril 2022, pour atteindre 4.330.631 tonnes, contre 4.563.332 tonnes pour la même période en 2021.

Au vu de l’évolution des ventes par débouchés, il apparaît que le niveau des livraisons est tiré vers le bas par un ralentissement particulièrement important observé dans la distribution et le bâtiment, assurément les segments les plus touchés par la crise inflationniste.

Le niveau de baisse des ventes de ciment enregistré dans ces segments atteint -11,69% pour la distribution et -7,55% pour le bâtiment, quand d’autres débouchés s’en sont un peu mieux sortis, surtout le béton prêt à l’emploi (BPE) avec +15,25%, le préfabriqué (+1,60%), et les infrastructures (+1,57%).

Pour le seul mois d’avril, les baisses enregistrées dans ces segments sont encore plus importantes : -35,11% dans le bâtiment et -28,06% dans la distribution. N’empêche que les autres débouchés ont aussi fortement subi la crise : -19,10% pour les infrastructures, -14,35% pour le préfabriqué, et -7,48% pour le béton prêt à l’emploi.

Les futurs acquéreurs seraient sur le fil du rasoir
Dans leur dernière sortie, à l’issue de la réunion du conseil d’administration tenue le vendredi 22 avril, les promoteurs immobiliers réunis au sein de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) signalaient que «bien au delà de l’inflation», ils traversent une situation inédite «qui met gravement en péril l’intérêt des futurs acquéreurs, la préservation de plusieurs centaines de milliers d’emplois et l’équilibre de la profession»…

Tablant sur «un ralentissement de l’activité du secteur de plus de 50%», après le mois de Ramadan, la FNPI a décidé de mener une action sur quatre dimensions : La première, d’ordre juridique et réglementaire concerne : la tenue d’une réunion d’urgence avec Fatima-Zahra Mansouri, ministre de l’Habitat ; adresser une plainte au Conseil de la concurrence ; demander l’ouverture d’une enquête auprès du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ; et enfin interpeller le Haut-commissariat au Plan (HCP).

Des actions concrètes pour couper l’herbe sous les pieds des spéculateurs


Propositions de flexibilité administrative et de leviers fiscaux, création d’une centrale d’achat… Telles sont les autres actions que compte mener la Fédération nationale des promoteurs immobiliers pour atténuer les effets de la flambée des prix des matériaux de construction. Sur le plan administratif, la FNPI appelle à prolonger de deux ans les conventions de logement social.

Et ce, «compte tenu de la difficulté d’approvisionnement et de la montée des prix». Elle demande aussi de prolonger d’une année «le délai des autorisations de construire, compte tenu du manque de visibilité des opérations sur le secteur».

La FNPI réclame également «l’arrêt de l’application de la taxe sur les terrains non bâtis (TNB), ainsi que la réduction de 50% des frais d’enregistrement et de conservation foncière au profit des acquéreurs, dont le pouvoir d’achat a été considérablement impacté ces dernières années». Enfin, le troisième axe vise la protection de la profession contre les ententes et la spéculation.

Ainsi, la FNPI «engage un processus de création d’une centrale d’achat qui permettra de mutualiser les approvisionnements des opérateurs du secteur de la construction immobilière à des conditions d’achat et de règlement optimisés et transparents, tant auprès des fournisseurs marocains que des importations directes de l’étranger».

Objectif de la centrale d’achat : couper l’herbe sous les pieds des spéculateurs et mettre en concurrence réelle les différents intervenants pour essayer d’aboutir à une réalité des prix qui ne soient pas majorés, en effectuant des achats groupés pour tous les adhérents de la fédération.

L’idée est que tous les promoteurs adhérents de la FNPI devraient pouvoir passer par cette centrale d’achat de manière à bénéficier de prix les plus près possibles de la réalité du marché.

La structure des coûts, le long de la chaîne de valeur, remise en cause

Objectif visé à travers les enquêtes introduites par la FNPI : vérifier s’il n’existe pas une entente justifiant l’augmentation des prix. Comme souligné dans Les Inspirations Eco n°3067 du 29 mars 2022, les prix de la plupart des matériaux de construction ainsi que de ceux utilisés dans le secteur des bâtiments et travaux publics «BTP» ont connu une tendance haussière, selon les résultats d’une enquête de terrain, menée par les services extérieurs du ministère de l’Industrie et du commerce.

Certains produits ont connu une augmentation plus importante que d’autres, à savoir le verre, le cuivre, l’aluminium, l’inox, les câbles électriques, le bois et le fer à béton. Cette flambée se justifie principalement par la combinaison de plusieurs facteurs qui se sont répercutés sur les prix des matériaux de construction, explique la tutelle.

Parmi ces derniers, on peut citer l’envolée des prix de la matière première à l’échelle internationale, la croissance exorbitante du coût du transport et du carburant, le renchérissement des coûts de production et l’impact des tensions régionales.

Mais comment expliquer la flambée du prix des briques alvéolaires aussi appelées briques rouges, fabriquées à base d’argile et de sable, matériaux dont rien ne saurait justifier l’augmentation du prix. Soulignons que le prix de ces briques alvéolaires a grimpé de 1,20 à 1,95 DH durant les derniers mois.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO



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