Bourse : les sociétés cotées effacent les stigmates de la crise
Le chiffre d’affaires des entreprises du Masi a rebondi de près de 10% à 257 milliards de DH, après une baisse de 5% en 2020. Porté par la reprise rapide de l’économie, le marché a même retrouvé son niveau d’activité d’avant-crise. Cela dit, quelques secteurs comme l’immobilier sont encore à la traîne. Les vents contraires vont persister en 2022. La sécheresse et la poussée de l’inflation constituent deux menaces majeures pour la croissance et donc pour les résultats des sociétés cotées.
Après un exercice 2020 atypique, l’année 2021 n’a pas été exempte de perturbations avec la persistance du Coronavirus dans la nature et la fermeture des frontières au cours des derniers mois. Malgré ces vents contraires, l’économie a fortement rebondi avec une hausse de plus de 7% du PIB. Ce score spectaculaire, dû à un effet de base favorable, a permis aux sociétés cotées de renouer avec la croissance et même dépasser leur niveau d’activité d’avant-crise. Le chiffre d’affaires du marché a augmenté de près de 10% à 257 milliards de DH (hors Afriquia Gaz) selon Attijari Global Research après une baisse de 5% en 2020.
La hausse des revenus est particulièrement marquée dans les secteurs mines, services de transport, énergie (hors Afriquia Gaz), automobile, ciment ou encore agroalimentaire. Excepté les télécommunications, tous les secteurs cotés ont amélioré leur chiffre d’affaires en 2021. En revanche, tout le monde n’a pas encore retrouvé le niveau d’activité d’avant-crise, notamment le secteur immobilier dont les revenus sont encore moitié inférieurs à ceux de 2019.
Les entreprises financières en bonne forme
Le produit net bancaire a totalisé 67,6 milliards de DH en 2021 en hausse de près de 4% grâce à la bonne tenue de la marge sur intérêts et des commissions. L’un des points positifs dans les comptes des banques est l’amorce de la décrue du coût du risque après la constitution de provisions massives en 2020. L’indicateur a baissé de 34% à Attijariwafa bank, de 10% à BCP, de 36% à BMCI et 91% à Crédit du Maroc. Dans les assurances, le chiffre d’affaires s’est hissé à 21 milliards de DH pour les opérateurs cotés, porté par le dynamisme de l’épargne en dirhams et la percée des contrats en unités de compte.
Le segment non-vie enregistre aussi une bonne progression. Pour l’ensemble du secteur, les primes émises dépassent la barre de 50 milliards de DH. Les entreprises de BTP et les cimentiers cotés à la Bourse de Casablanca ont retrouvé des couleurs après un exercice 2020 difficile. La plupart, dont LafargeHolcim Maroc, Sonasid ou encore le dernier arrivé TGCC, ont vu leur revenus progresser à deux chiffres.
2022 sera encore une année d’épreuves
Entre la situation sanitaire, le déficit pluviométrique, l’inflation… les incertitudes autour de la croissance sont nombreuses. Le Maroc vit l’une des pires sécheresses au cours des dernières années. La baisse probable des revenus des ménages ruraux et la poussée de l’inflation en raison du renchérissement des prix des produits alimentaires et de l’énergie sont de nature à peser sur la consommation des ménages, le principal moteur de la croissance. Ces développements ne seront pas sans conséquences sur les performances des sociétés cotées.
A l’heure actuelle, «le principal indicateur de mesure à stabiliser ou tirer le marché vers le haut sont les dividendes», relève un professionnel de marché. Les premières annonces des poids lourds de la place sont plutôt encourageantes. Attijariwafa bank va relever son dividende à 15 DH par action et BCP prévoit de distribuer 8,50 DH contre 8 DH les deux années précédentes. Quelques jours auparavant, Maroc Telecom avait dévoilé un dividende de 4,78 DH par action, un coupon en hausse de 19% mais toujours inférieur à l’historique.
Frank Fagnon / Les Inspirations ÉCO