Agadir : l’ancienne ville reconvertie en forêt du Souvenir
Couvrant environ 50 ha, la forêt ou promenade du Souvenir englobera les anciens quartiers d’Agadir, antérieurs au séisme de 1960. Elle vise à promouvoir la valorisation historique de cette zone, dans le cadre du PDU de la ville.
Connecter la ville actuelle à l’ancienne, d’avant le séisme qui l’a ravagée le 29 février 1960. Tel est l’objectif de l’aménagement de la forêt ou promenade du Souvenir. Inscrite dans le cadre du 5e volet du Programme de développement urbain (PDU) d’Agadir, afférent à la promotion culturelle et à la mise en valeur du patrimoine et des lieux de culte, la forêt du Souvenir englobera une zone non aedificandi. Il s’agit de veiller à la préservation de la configuration historique et urbanistique des anciens quartiers d’avant le séisme qui a ravagé la capitale du Souss, notamment les quartiers de Talborjt, Yachach et Founty. Couvrant environ 50 ha, cette zone sera érigée en tant que poumon vert et récréatif de la ville d’Agadir, en hommage à la mémoire collective de la ville. La date de démarrage de ce projet, actuellement en cours d’étude, est prévue à la fin de l’année 2022. Parmi les composantes de ce projet, figure l’aménagement du cercle de la mémoire sous forme de passerelles piétonnes, en plus des rues de l’ancien quartier de Talborjt, dans le cadre de la composante dédiée au parcours. Sont prévues, également, des pistes de randonnées et de VTT ainsi que des voies carrossables. Plusieurs espaces sont prévus, avec notamment l’aménagement d’une clairière pouvant accueillir tous types d’événements, la création de sentiers et d’aires de détente et de jeux, en plus de l’espace de M’ssala, de points d’eau et d’aires de jeux. À noter que les circuits de promenade seront ponctués d’une signalétique relatant l’histoire de cette zone. Au total, le projet nécessitera un montant d’investissement de l’ordre de 20,5 MDH.
La reconstruction à l’identique d’avant 1960
Parmi les autres projets prévus dans cette zone, figure la réhabilitation du site historique de la Kasbah d’Agadir Oufella et de ses abords. Articulé autour de quatre composantes, le programme de ce site porte sur la restauration des remparts et de l’entrée principale de cette forteresse, à travers une opération de restitution et de réhabilitation. Ces remparts seront entièrement redessinés en un ensemble de près de 1.100 mètres linéaires de patrimoine restitué, incluant les borjs, les chemins de ronde et autres édicules de la forteresse. Par ailleurs, une porte de sortie sera aménagée au niveau de la muraille Est. En ce qui concerne la restitution de l’entrée principale, il a été convenu de recourir à un rappel de l’entrée couverte d’origine. À noter que la mise en patrimoine d’Agadir Oufella a été basée sur un protocole scientifique multidisciplinaire (archéologues, historiens, anthropologues, architectes et ingénieurs). Il a reposé sur le principe de restitution, c’est-à-dire la reconstruction à l’identique, d’avant 1960, des lieux emblématiques du site. S’agissant de la seconde composante liée aux intra-muros, elle permettra d’installer un platelage de visite étalé sur 4.200 m² environ, selon un parcours qui reprendra le tracé des anciennes ruelles de la citadelle au début du 20e siècle. Afin de permettre à la fois une appropriation du site historique et de rendre hommage aux disparus, un réseau surélevé de passerelles en bois, permettant de parcourir les lieux sans fouler le sol, sera mis en place. Parmi les éléments de cette seconde composante, figure aussi un mémorial œcuménique de 1.000 m², placé entre les trois tombeaux historiques de la citadelle. Il accueillera le public, à la fin du parcours, après un couloir du souvenir évocateur des victimes. Un miroir symboliquement brisé, commémorant la catastrophe de 1960, prendra place au cœur de l’amphithéâtre de recueillement. L’ensemble sera complété d’un couloir du souvenir orné d’un mur de témoignages multilingues.
Une plateforme de services en jonction avec le téléphérique
Pour la composante extra-muros, le projet prévoit un semi-enfouissement de tous les services dans un espace appelé «plateforme de services», en position surélevée. Il couvrira une surface de près de 6.000 m² dont environ 800 m² destinés au bâti. L’objectif est de permettre l’émergence de la forteresse blanche tout en haut de la colline. Cet espace abritera deux cafés avec terrasses -de standings différents- la billetterie, l’information touristique, le poste de police, l’infirmerie, le local de surveillance vidéo, ainsi que les sanitaires. Le tout en jonction avec l’espace dédié à la station du téléphérique, en cours de réalisation, et ses accès. Pour la plateforme de service du bas (environ 220 m² de bâti), elle accueillera les visiteurs en les orientant convenablement avec un plan de circulation à cet effet. En ce qui concerne la zone environnante à la Kasbah, elle sera couverte d’une végétation naturelle composée de plusieurs espèces, en majorité endémiques, dont notamment l’arganier. S’agissant de la dernière composante, elle porte sur les stations du téléphérique, lesquelles permettront de contribuer à la découverte du site. La réception de la première ligne de ce projet est prévue en juillet 2022. À la clef, un investissement d’environ 10 millions d’euros, mobilisé par la société Dania Land, dans le cadre de son parc d’attraction marqué par la réalisation de ce téléphérique dernière génération. Une seconde ligne est prévue à l’horizon 2024. Elle portera sur la deuxième tranche de ce projet, qui reliera Agadir Oufella au parc d’attraction «Dania Land» et à son parc aquatique «Agadir Jungle Parc». Par ailleurs, le téléphérique offrira un large panorama sur les espaces verts prévus dans le cadre de la forêt du Souvenir.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO