Crise économique : comment les riches bravent la pandémie
La pandémie a enrichi les plus riches et a conduit une grande frange de la population mondiale à vivre dans la pauvreté. C’est ce qui ressort du rapport «Les inégalités tuent», publié par Oxfam International et présenté lors de l’ouverture du Davos Agenda. En plus de faire un état des lieux, l’organisme international a également dressé des recommandations.
Alors que les plus riches se sont enrichis durant cette crise pandémique, plus de 160 millions de personnes ont basculé dans la pauvreté. En effet, le dernier rapport de l’Oxfam, «Les inégalités tuent», publié lors de l’ouverture des «Agendas de Davos», relève que la fortune des dix hommes les plus riches au monde a plus que doublé depuis mars 2020. Elle est passée de 700 milliards de dollars à 1.500 milliards de dollars en novembre 2021.
Soit un rythme de 15.000 dollars par seconde ou 1,3 milliard de dollars par jour. Selon les chiffres avancés par Forbes, les dix personnes les plus riches du monde au 30 novembre 2021 sont : Elon Musk, Jeff Bezos, Bernard Arnault, Bill Gates, Larry Ellison, Larry Page, Sergey Brin, Mark Zuckerberg, Steve Ballmer et Warren Buffet. «Si ces dix hommes perdaient demain 99,999% de leur fortune, ils seraient toujours plus riches que 99% de toute l’humanité. Ils sont désormais six fois plus riches que les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres», indique Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International. Parallèlement, durant cette pandémie, 99% de la population mondiale ont vu leurs revenus baisser. Ce qui a fait plonger plus de 160 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté.
Pis encore, Oxfam révèle que les inégalités contribuent à la mort d’au moins 21.000 personnes par jour, soit une personne toutes les quatre secondes. Un bilan humain sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale, souligne l’Oxfam en rappelant que ces chiffres sont établis sur la base d’estimations prudentes du nombre de décès dus au manque d’accès aux services de santé, aux violences basées sur le genre, à la faim et au dérèglement climatique.
Établir une économie juste et durable
«Il n’a jamais été aussi important de s’attaquer à ces inégalités indécentes et violentes. Il y a urgence à répartir plus équitablement les richesses et les pouvoirs titanesques accaparés par les élites, notamment par le biais de mesures fiscales, pour réinjecter cet argent dans l’économie réelle et sauver des vies», souligne Gabriela Bucher. Ainsi, selon des estimations de l’Oxfam, un impôt exceptionnel de 99% sur les richesses amassées pendant la pandémie par les dix hommes les plus riches du monde permettrait, par exemple, de financer suffisamment de vaccins pour immuniser le monde entier.
Cet impôt pourrait aussi prendre en charge la protection sociale, une santé universelle, de financer l’adaptation au changement climatique ainsi que de réduire les taux de violences basées sur le genre dans plus de 80 pays. Si ces fortunes acceptent de distribuer leurs richesses pour ces actions, ils leur resteraient quelque 8 milliards de dollars de plus qu’avant la pandémie. L’Oxfam ne s’est pas contentée de dresser un simple état des lieux. Plusieurs recommandations, adressées aux gouvernements, ont été rédigées afin de rétablir une économie juste, durable et féministe. «L’argent ne manque pas. Ce mensonge a volé en éclats lorsque les gouvernements ont débloqué 16.000 milliards de dollars pour faire face à la pandémie. Les gouvernements feraient bien d’écouter les revendications des mouvements sociaux», déclare Gabriela Bucher.
Plaidoyer pour la levée des brevets vaccinaux
En effet, l’organisation mondiale préconise de récupérer une part des énormes profits réalisés par les milliardaires depuis le début de la pandémie, grâce à la mise en place d’impôts permanents sur la fortune et sur le capital. Elle recommande d’investir ces impôts dans la protection sociale, une santé universelle, l’adaptation au changement climatique ou encore la prévention des violences basées sur le genre. Elle suggère aussi de s’attaquer aux lois sexistes et racistes qui discriminent les femmes et les personnes racisées et promulguer des lois garantissant l’égalité entre les genres pour éradiquer la violence et les discriminations ainsi que d’abroger les lois qui menacent les droits des travailleurs, à se syndicaliser et à faire grève et définir des normes juridiques plus rigoureuses pour les protéger. Par ailleurs, Oxfam International plaide pour une levée des brevets portant sur les vaccins contre le Covid afin de permettre une accélération de la vaccination et la fin de la pandémie.
Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO