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Fret aérien : des turbulences à prévoir sur le marché

Selon l’Association du transport aérien international (IATA), la demande de fret aérien enregistre une croissance de 8% au premier semestre 2021, soit la plus forte progression depuis 2017. Sous l’effet d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, l’approche du pic saisonnier, dès octobre prochain, risque d’accentuer ce déséquilibre et la sous-capacité du marché.

À l’instar du transport maritime conteneurisé, le fret aérien connaît lui aussi de fortes tensions. Sous l’effet d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, les tarifs se maintiennent à des niveaux élevés. Un déséquilibre qui risque de s’accentuer avec le pic saisonnier prévu pour octobre. Depuis quelques semaines, les commissionnaires de transport renforcent leurs capacités de fret aérien. L’un des derniers exemples en date est le lancement par DSV-Panalpina de son nouveau réseau Globetrotter ou la location d’un A330-300F par Geodis adossée à ses services d’affrètement AirDirect. Plusieurs raisons semblent justifier ces initiatives. D’un côté, la demande de fret aérien enregistre une croissance de 8% au premier semestre 2021 selon l’Association du transport aérien international (IATA). Soit la plus forte progression depuis 2017. Dans le même temps, les capacités disponibles, l’offre, se seraient contractées de près de 12,4%. Entre juin 2019 et juin 2021 selon la plateforme d’analyse des transports Upply, les capacités déployées au moyen de « freighters » se sont développées de près de 30% sans compenser la baisse de 40% environ de l’offre soute des avions à passagers. L’approche du pic saisonnier, dès octobre dans le fret aérien, risque d’accentuer ce déséquilibre entre l’offre et la demande et la sous-capacité du marché. Au Maroc, cette donne est exacerbée par le fait que le coût des transports maritimes échappe à tout contrôle.

Selon Mustapha El khayat, président de l’AMLOG, vice-président de la fédération africaine des Associations des Logisticiens FAAL (Benin), conseiller de l’Arab Federal of chamber of shipping (Alexandrie) et président de la Commission formation de l’union maritime pour la méditerranée (Marseille), «suite à une reprise relativement forte mais avec des moyens de transport limités, la demande a largement dépassée l’offre ce qui se traduit par des hausses des prix de transport maritime et aériens. Cette hausse n’est pas seulement le fait d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, mais par l’effet d’ententes entre les méga carriers et les alliances aériennes. Le Maroc a heureusement une compagnie aérienne nationale capable d’amortir le choc. Mais malheureusement, il n’a aucune compagnie maritime pour en faire autant. En un mot, le coût des transports maritimes échappe à tout contrôle au Maroc. Le plus dangereux est l’effet inflationniste de ces coûts de transport maritime conteneurisé qui menace l’économie marocaine», dénonce El khayat. Pour Sanaa Hassini, vice-présidente de l’Amlog, les prévisions dans ce sens annoncent une augmentation des tarifs et les perturbations de certaines lignes dont les chargeurs n’ont pas encore de visibilité. «Ce qui est certain, c’est qu’on assiste à une prépondérance des intégrateurs de transport, à un rythme concurrentiel accru en vue d’accaparer plus de part de marché», conclut-elle.

Inflation des tarifs
Comme dans le transport maritime conteneurisé et sur les terminaux portuaires, cette tension sur le marché du fret aérien est alimentée également par la fermeture totale ou partielle d’aéroports pour raisons sanitaires. Tel a été le cas de Pudong en Chine mi-août ou de New-York suite aux récentes inondations. A l’instar du maritime toujours, le déséquilibre entre l’offre et la demande s’accompagne d’une inflation des tarifs. La grande majorité des transporteurs aériens bénéficient d’ailleurs de ces augmentations à travers leurs activités cargo et de meilleurs coefficients de remplissage. Cette inflation et le manque de capacité encouragent aussi les commissionnaires à développer leur propre offre le temps que le marché se stabilise. Selon DSV-Panalpina, plusieurs mois s’écouleront avant un retour à la normale.

Les compagnies avec une offre cargo adossée principalement ou en partie sur des capacités soutes, les grands perdants
Cette photographie du marché du fret aérien coïncide avec la publication par l’IATA de son rapport World Air Transport Statistics qui classe les transporteurs de fret aérien selon leur activité. En 2020, la croissance des flux e-commerce transfrontaliers a profité aux intégrateurs. Fedex se classe de nouveau à la 1ère place et UPS reprend la 2e position à Qatar Airways 3e. Entre le 4e et le 10e rang, trois transporteurs gagnent une place: Cargolux (7e), Turkish Airlines (8e) et China Southern Airlines (9e). Emirates, Cathay Pacific et Korean Air occupent toujours les 4e, 5e et 6e places tout comme China Airlines (10e) et Air China (11e). Les grands perdants sont les compagnies avec une offre cargo adossée principalement ou en partie sur des capacités soutes. Tel est le cas de Lufthansa (15e) qui perd huit places tandis que Air France – KLM. British Airways et American Airlines n’apparaissent plus dans le top 25 de IATA.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO Docs



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