Politique

Élections: pourquoi faut-il voter?

Nombreux sont ceux qui estiment que «voter ne sert à rien».  Les précédentes  élections ont été marquées par un fort taux d’abstention, 57% en 2016 et 47% en 2015.  Voter est pourtant un acte citoyen. 

À J-1, le taux de participation aux élections demeure la grande inconnue. La crainte est de faire pire que les précédentes élections qui ont été marquées par un fort taux d’abstention (57% en 2016 et 47% en 2015). Contactés par Les Inspirations ÉCO, nombreux sont les acteurs politiques qui espèrent qu’une grande partie des abstentionnistes décident d’abandonner «leur position passive».

Il y va en effet de la légitimité des institutions ainsi que de la nature des profils qui seront élus. Certains politiciens s’attendent à ce que sur les 17,5 millions d’inscrits sur les listes électorales, huit à neuf millions d’électeurs se rendent aux urnes, soit un taux de participation de 45 à 50 %. Le triple scrutin pourrait donner un coup de fouet au taux de participation.

En effet, l’expérience a montré que les électeurs se mobilisent davantage pour les élections communales en raison de leur nature qui favorise la proximité. En 2015, le taux de participation aux élections communales et régionales était de 53%, contre 43% pour les élections législatives de 2016. Le taux d’abstention aurait pu être pire si tous les citoyens en âge de voter étaient inscrits aux listes électorales.

Aujourd’hui encore, un grand écart existe entre le nombre des électeurs en âge de voter, qui dépasse 23 millions, et celui des inscrits aux listes électorales, malgré la récente augmentation du nombre des inscrits. Le relèvement du nombre des électeurs inscrits risque de déteindre sur le taux de participation. Il aura aussi un impact sur les résultats car il élargit le quotient électoral qui déterminera les résultats des partis politiques en lice. Le nouveau mode de calcul se basera, au niveau des élections législatives, sur le nombre des inscrits aux listes électorales.

Il diminuera en effet le score des «grands partis» et réduira l’écart en termes de résultat entre les premières formations partisanes. L’ensemble des sièges, précisons-le, seront gagnés par le plus fort reste. Seule une participation massive des électeurs pourrait changer la donne, mais ce scénario est écarté par plusieurs observateurs en raison de la crise de confiance dans la politique, qui est loin de s’estomper avec le temps, comme en attestent les réactions des jeunes sur les réseaux sociaux et les récents appels au boycott des élections.

Vote-sanction
Pour enrayer l’inquiétante tendance à la progression de l’abstention, les appels au vote se multiplient durant cette campagne électorale qui prendra fin ce soir à minuit. Ils émanent non seulement des partis politiques, qui aspirent à améliorer leur position au sein de l’échiquier politique, mais aussi des syndicats dont certains plaident pour un vote-sanction. C’est ainsi que l’Union marocaine du travail, première centrale syndicale au Maroc, appelle à la «non-neutralité» aux élections législatives, régionales et communales, invitant les syndicalistes et les salariés à participer massivement «à cette étape importante de la vie politique au Maroc». La consigne de l’UMT est on ne peut plus claire : «Nous soutenons ceux qui nous ont soutenus et nous nous opposons à ceux qui nous ont été hostiles».

La centrale syndicale de Miloudi Moukharik appelle implicitement à sanctionner le PJD, sans le citer nommément, précisant que la participation aux élections visent à barrer la route «à ceux qui ont attaqué la classe ouvrière à travers le gel du dialogue social ainsi que le gel des salaires, le relèvement de l’âge de la retraite, la diminution des pensions de retraite, l’atteinte aux libertés syndicales et les tentatives de faire passer des lois qui ne sont pas dans l’intérêt des travailleurs ( la loi organique de la grève, la loi sur les syndicats…)». Même son de cloche auprès de la Confédération démocratique du travail qui, tout en plaidant pour une large participation aux élections, invite les citoyens à cautionner les candidats progressistes de gauche qui défendent les intérêts des travailleurs.

Quant aux bras syndicaux des partis politiques (UGTM et UNTM), ils sont mobilisés durant cette campagne électorale et soutiennent corps et âme leurs formations. Certains de leurs dirigeants sont mêmes accrédités aux élections. Les différents appels au vote vont-ils trouver écho auprès des électeurs? Rien n’est moins sûr d’après les observateurs en raison du climat de défiance qui règne sur l’échiquier politique qui est exacerbé par la conjoncture de crise sanitaire.

Les acteurs politiques sont nombreux à afficher leurs inquiétudes à cause de l’interminable crise de confiance dans la politique. Ils espèrent que, cette fois-ci, les jeunes iront voter pour former une nouvelle carte politique. Le taux de participation est en effet un facteur déterminant. Selon les pronostics, une faible participation serait plutôt favorable au Parti de la justice et du développement. En effet, le parti de la lampe dispose d’une base fixe d’électeurs qui se rendent aux urnes le jour J.

On s’attend à ce que la dernière sortie de l’ancien chef de file du PJD, Abdelilah Benkirane, à la veille des élections, mobilise davantage l’électorat du PJD dont les partisans qui sont en colère contre l’actuelle direction du parti. Le PJD ne serait pas le seul à tirer profit d’un faible taux de participation, mais aussi ceux qui recourent à l’achat des voix, d’après un ténor du PPS.

Le parti du livre ne cesse d’appeler les électeurs, depuis le début de la campagne électorale, à aller voter massivement pour barrer la route à tous ceux qui optent pour des méthodes peu orthodoxes afin de gagner aux élections. Le secrétaire général des progressistes, Nabil Benabdellah, estime que seul le vote massif contribuera à l’émergence d’un Maroc nouveau, mettant en garde les jeunes contre la reproduction de la même erreur que «ceux qui tournent le dos à la politique».

Les partis courtisent les jeunes

Les partis politiques courtisent particulièrement les jeunes durant cette campagne électorale. Ils misent sur ceux qui se sont récemment inscrits aux listes électorales. Celles-ci comptent désormais quelque 17,5 millions d’inscrits contre 15.325.811 en mars 2020 et 15.746.600 en mars 2021. Rappelons à cet égard que ce sont principalement les jeunes entre 18 et 24 ans qui se sont récemment inscrits aux listes électorales. Cette catégorie représente désormais 8 % de l’électorat inscrit aux listes contre 3% par le passé. Quant à la tranche 25-34 ans, elle représente toujours 19% contre 21% pour ceux qui sont âgés entre 35 et 44 ans, 20% pour les citoyens entre 45 et 54 ans, 9% pour la catégorie 55-59 ans, alors que les 60 ans et plus représentent plus de 23%. Par milieu de résidence, les urbains représente 56% des électeurs inscrits.

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO



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