Conjoncture. Presque tous les clignotants sectoriels au vert
La campagne agricole 2020-2021 a atteint 103,2 millions de quintaux, soit la deuxième meilleure production jamais enregistrée, après celle de 2014-2015, avec une hausse de 221% par rapport à la campagne précédente et 63% de plus que la moyenne des cinq dernières années. Les activités secondaires se sont également bien comportées, dans l’ensemble. Sans oublier le secteur tertiaire où transport aérien et tourisme reprennent progressivement des couleurs, grâce à l’opération Marhaba.
La Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration vient de publier sa dernière note de conjoncture sur l’évolution des indicateurs économiques à fin juillet.
Il en ressort que tous les clignotants ont viré au vert, ce qui confirme que la reprise, tant attendue, est bel et bien là ! À commencer par le secteur agricole qui a tenu toutes ses promesses cette année, avec une excellente récolte céréalière et une bonne performance à l’export des produits agricoles et agro-alimentaires.
Une campagne agricole record
En effet, après une estimation initiale de 98 millions de quintaux, la production définitive des trois principales céréales, au titre de la campagne agricole 2020-2021 a atteint, finalement, 103,2 millions de quintaux, soit la deuxième meilleure production jamais enregistrée après celle de 2014-2015, avec une hausse de 221% par rapport à la campagne précédente et 63% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Par variété, la production céréalière s’est répartie à hauteur de 50,6 millions de quintaux pour le blé tendre, 24,8 millions de quintaux pour le blé dur et 27,8 millions de quintaux pour l’orge. Le rendement céréalier moyen s’est établi à 23,7 Qx/Ha, en hausse de 320% par rapport à la campagne précédente, compte tenu d’une superficie emblavée de 4,35 millions d’hectares.
Sur le plan des échanges extérieurs, selon les données communiquées par le département de l’Agriculture, les exportations de produits agricoles ont réalisé des performances appréciables entre le 1er septembre 2020 et le 27 juillet 2021 par rapport à la même période de la campagne précédente, notamment, celles des fruits et légumes frais (+5% à près de 2 millions de tonnes), des agrumes (+3% à plus de 537.000 tonnes) et des produits maraîchers (+6% à 1,44 million de tonnes).
De leur côté, les exportations des produits agricoles transformés, hors sucre et préparations, ont atteint 323.000 tonnes entre le 1er janvier et le 27 juillet 2021, en hausse de 2% par rapport à la même période une année auparavant.
Ces hausses sont confirmées par les données publiées par l’Office des changes qui indiquent que les exportations des produits de la pêche, ont enregistré, par contre, une baisse de 9% en volume mais une hausse de 15% en valeur, au titre de la période considérée. Pour cause, le volume des débarquements de la pêche côtière et artisanale qui a enregistré un repli de 1,3% au T1-2021 avant de s’accentuer à -4,4% au T2-2021, pour clôturer le premier semestre de 2021 sur une baisse de 3%. En revanche, la valeur marchande de ces débarquements a poursuivi son appréciation notable, avec un accroissement de 57,9% au T2-2021 après +21,1% au T1-2021, pour se solder sur un raffermissement de 34,8% au terme du premier semestre 2021, après un repli de 15,7% l’année précédente.
Bonne dynamique à l’export des activités secondaires
Pour ce qui est des activités secondaires, elles se sont également bien comportées, dans l’ensemble. Le secteur extractif a pu préserver une évolution positive au terme du 1er semestre. Après une évolution positive de sa valeur ajoutée au 1er trimestre 2021 (+5,2%), l’activité du secteur a enregistré un repli au deuxième trimestre 2021, en ligne avec la baisse de la production de phosphate, principale composante du secteur, de 1,8% au T2-2021 après +9,1% au T2-2020 et +6,6% au T1-2021.
Toutefois, la production cumulée de phosphate a maintenu son évolution positive à fin juin 2021, enregistrant un accroissement de 2% après celui de +4,7%, un an auparavant. Sur le front des exportations, le chiffre d’affaire à l’export du groupe OCP s’est raffermi de 23,8% pour atteindre 31 milliards de dirhams (MMDH) à fin juin 2021. Les indicateurs de l’activité du secteur de l’énergie électrique ont également enregistré un raffermissement notable au cours du deuxième trimestre 2021.
La production s’est renforcée de 15,5% au T2-2021 après +0,7% au T1-2021, pour clôturer le premier semestre 2021 sur une hausse de 7,9%, après une baisse de 7,4% à fin juin 2020. Ainsi, malgré la hausse de l’énergie nette appelée de 6,9% à fin juin 2021, après -4% un an plus tôt, et de la consommation de l’énergie électrique, qui a connu une hausse de 16,6 au T2 2021, le volume des importations d’énergie électrique s’est replié de 26,9% à fin juin 2021. A fin juillet 2021, les ventes cumulées de ciment, principal baromètre de l’activité du secteur du BTP, ont préservé leur raffermissement, enregistrant une hausse de 17,7% et ce, après avoir connu un repli de 19,5% à fin juillet 2020.
Parallèlement, la croissance des crédits à l’immobilier s’est accélérée à +4,4% à fin juin 2021 après +1,6% un an auparavant. L’amélioration de l’activité du secteur manufacturier s’est également poursuivie au terme du 1er semestre. Sa valeur ajoutée a confirmé sa reprise au terme du 1er trimestre 2021 pour se renforcer de 1,6%, après +0,9% au T4-2020 et deux trimestres successifs d’évolution négative (T2-2020 et T3-2020).
Cette augmentation tient particulièrement à la consolidation de la valeur ajoutée de l’industrie alimentaire de 3% et de celle de l’industrie chimique et para-chimique de 5,2%, atténuée par la baisse de celle de l’industrie mécanique, métallurgique et électrique de 4,8% et de l’industrie textile et cuir de 2,3%. Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) a retrouvé, au mois de juin 2021, quasiment son niveau d’avant la crise (75%). Du coup, les exportations du secteur manufacturier ont maintenu leur bonne tenue à fin juin 2021, notamment le secteur automobile (+42,8%), les dérivés de phosphates (+28,5%), le textile et cuir (+35,1%), l’électronique et électricité (+36,4%) et l’industrie alimentaire (+3,7%).
Un bol d’air pour le secteur tertiaire dénommé Marhaba
Pour ce qui est du secteur tertiaire, le tourisme a repris timidement des couleurs, tandis que le transport aérien a renoué avec la croissance au deuxième trimestre. En effet, les recettes touristiques ont augmenté de 15,2%, au titre du mois de juin 2021, bénéficiant de la réouverture graduelle des frontières nationales, à partir de la mi-juin et du lancement de l’opération Marhaba 2021.
Alors qu’au second trimestre 2021, le secteur du transport aérien a renoué avec la croissance (+1.818,4% pour le nombre de passagers accueillis dans les aéroports nationaux et +92,1% pour le trafic du fret aérien, après -70,2% et -20,4% respectivement au T1-2021), tirant profit de l’ouverture progressive des frontières aériennes nationales à partir du 15 juin 2021.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO