Pourquoi le rapport d’Alger avec le séparatisme est « extrêmement sélectif »?
Le rapport des autorités algériennes avec le séparatisme et l’autodétermination est « extrêmement sélectif », car alors qu’elle est « muette » sur les crises politiques d’autonomie qu’elle confronte chez elle, la diplomatie algérienne fait une « fixation exclusive » sur le Polisario et le Maroc, souligne samedi le politologue Mustapha Tossa.
« Ni les tentations d’autonomie des Catalans, des Kabyles ou encore des Corses pour ne citer que les plus proches géographiquement, ne semblent attirer la moindre attention du pouvoir algérien », relève le politologue dans une analyse intitulée « L’Algérie, l’incurable voisin », publiée sur le site Atlasinfo.
« Si active et si exclusive que la seule préoccupation diplomatique du pouvoir algérien est le Polisario comme arme de guerre contre le Maroc. Cet état de fait déjà connu de tous vient de s’illustrer de manière caricaturale par la première sortie de l’ancien-nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramatane Lamamra », rappelle Tossa.
Alors que rien n’indiquait la présence du dossier du Sahara marocain sur l’agenda de la réunion des Non-Alignés, le responsable algérien, dans un « réflexe pavlovien », détourne sa thématique principale pour débiter sa propagande sur le Polisario, ajoute-t-il.
C’est pour condamner cette situation « absurde » que l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilal, a vigoureusement dénoncé le « discours des dupes » de Lamamra qui « se dresse en fervent défenseur du droit à l’autodétermination » et « refuse ce même droit au peuple Kabyle, l’un des peuples les plus anciens d’Afrique, qui subit la plus longue occupation étrangère », explique Tossa.
Rappelant les propos de l’ambassadeur Hilale qui a souligné que « l’autodétermination n’est pas un principe à la carte. C’est pourquoi le vaillant peuple Kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination », le politologue relève qu’en réponse à cet argumentaire, la diplomatie algérienne est entrée dans une « hystérie surjouant l’indignation ».
« De l’aveu même de ses plus proches soutiens que de ses oppositions intimes, le régime algérien a depuis le début du mandat de Abdelmadjid Tebboune démultiplié les démarches de provocation à l’égard du Maroc », note le commentateur, faisant observer que la revue officielle de l’armée algérienne « Al Djeich » est devenue un « brûlot éditorial où les harangues contre le Maroc sont devenues sa principale marque de fabrique ».
Signe de cette fixation algérienne, poursuit le politologue, la diplomatie d’Alger a une vision à dossier unique. Toutes les ressources humaines et financières de sa diplomatie sont centrées pour servir un seul objectif : faire du Polisario l’alpha et l’oméga de sa stratégie, alors qu’Alger est « aphone » sur toutes les crises régionales : la Palestine, la Libye, la Syrie , l’Iran , le Yemen…, renchérit-il.
Toutes ces crises qui monopolisent l’attention internationale sont absentes de l’activité et des préoccupations d’Alger. Un seul sujet cardinal: le Polisario qui « sert de paravent à tous ses échecs et d’instrument de diversion et de haine contre le Maroc », dénonce Tossa.
« Pour les beaux yeux des séparatistes du Polisario et au détriment des intérêts du peuple algérien et de son bien-être, l’actuel régime algérien est prêt à plonger l’ensemble de la région dans une confrontation militaire sanglante. Il en espère un prix politique avec la fin des contestations internes, la fabrication d’un pseudo consensus national pour faire taire les voix discordantes et s’assurer une continuité », pointe-t-il.
Or, constate le politologue, il se trouve que le Maroc n’est pas tombé dans ce « piège de la provocation », ce qui rend les « charges agressives » algériennes, pour le moment médiatiques et politiques, aussi « anachroniques et déphasées » pour la population algérienne, plus préoccupée à tenter de sortir des marasmes de la crise économique et sanitaire que de penser faire la guerre au Maroc.
Au yeux du politologue, beaucoup a été écrit sur la relation « pathologique » qu’entretient le régime algérien avec son voisin marocain. “De l’obsession maladive à la tentation suicidaire, rien dans le vocabulaire des psychopathes n’a été épargné à cette vision algérienne des rapports de forces avec son voisin marocain ».
« Même quand il est prouvé par une froide démonstration politique et économique qu’il est dans l’intérêt vital des Algériens d’avoir de bonnes relations avec le Maroc, le régime algérien s’entête à produire une autre logique », note-t-il, en faisant observer que celle qui sous-entend que la « survie de ce régime, la continuité de ses pulsions prédatrices et cleptomanes » ne sont possibles que s’il anime et développe une animosité active à l’égard du Maroc.
L’Algérie, ce voisin « incurable » pose un défi stratégique majeur à la région à savoir comment gérer cette obsession névrotique, qui s’aggrave au fur et à mesure des performances diplomatiques marocaines, sans tomber dans le piège de la provocation, souligne-t-il, relevant que « l’incontestable exploit est davantage dans la maîtrise de cette incommensurable irrationalité du régime algérien pour ne pas voir réaliser son agenda pyromane ».
IT