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Interview avec Moulay Lhassan Hbid, président de l’université Cadi Ayyad Marrakech

Publi-rédactionnel avec M. Moulay Lhassan Hbid, président de l’université Cadi Ayyad Marrakech

1. Quelles sont les caractéristiques spécifiques de votre établissement ?
L’université Cadi Ayyad est la plus grande et la plus ancienne institution publique qui relève de l’enseignement supérieur de la Région de Marrakech Safi. Sa spécificité est liée d’abord à l’environnement dans laquelle elle s’ancre. Cette région, comme toutes les régions du Maroc, est pourvue de sa propre particularité culturelle, historique, socioéconomique et autre. Les particularités sont liées également à ses potentiels et à ses difficultés. Tous ces éléments contribuent à définir le rôle et les orientations de l’université.

L’université se définit aussi selon les caractéristiques, dans le cadre ci-dessous, qui la constituent :
De plus, Cadi Ayyad offre une formation diversifiée et regroupée en 216 filières dont 59% de filières sont professionnalisantes. Elle a intégré les Soft skills et les langues (25% des programmes en Master) d’une manière transversale, elle s’appuie sur une pédagogie numérique (Hybride et Inversée) et s’oriente de plus en plus vers l’ouverture à l’international.

La recherche à l’UCA s’affirme continuellement, devient affirmée et évolue pour être de plus en plus soutenue avec plus de 700 Publications/an au registre Scopus, 20% du budget de l’Université, une dotation exceptionnelle de 20 MDH en 2019, 17 MDH en 2020 et 290 Mobilités de recherche (+195 étudiants et +95 enseignants)

Elle a mis en place une Gestion Participative à travers une gestion administrative de qualité qui s’appuie sur la formation continue des personnels, un mode de gestion par projet, une dématérialisation de la gestion des ressources humaines et une approche budgétaire basée sur une démarche de performance.

2. Comment se prépare la prochaine rentrée dans votre établissement ?
La rentrée universitaire 2021/2022 se fera sous le signe du Bachelor dans les établissements à accès ouvert. Notre priorité en cette fin d’année est donc de mettre sur pied ce projet. Cadi Ayyad, à l’instar des autres universités, a fixé les contenus de ses formations en fin mars et les inscriptions seront ouvertes à partir de juillet 2021. Les formations qui représentent une plus-value au cursus des étudiants sont les langues, les soft skills et le numérique. Le système flexible des UV sont les grandes nouveautés du système du Bachelor. Aujourd’hui le Bachelor comprend 23 projets de filières qui sont en cours de révision. Ces filières permettront d’enrichir, d’optimiser et de moderniser la carte de formation.

Dans ce cadre, l’Université Cadi Ayyad a proposé pour accréditation 23 filières Bachelor ventilé comme suit :
La rentrée universitaire 2021/2022 verra également des changements au niveau de la recherche diplômante. Ces changements visent les objectifs suivants :

1. Besoin pour un Cadre de référence pour l’ingénierie de la recherche diplômante (Master et Doctorat)
2. Réduire les disparités dans l’ingénierie de la recherche diplômante et surmonter les difficultés des étudiants à cet égard
3. Faciliter la mission d’encadrement du professeur(e) et fournir à l’étudiant(e) un document de référence pour encadrer sa recherche
4. Organisation et standardisation des fondements de la recherche diplômante
5. Consolider la formation en ingénierie de la recherche diplômante, et fournir des définitions pratiques des concepts utilisés dans cette ingénierie, en vue d’en améliorer la qualité
6. Couplage de ce qui est commun aux différentes disciplines et ce qui est spécifique à certaines d’entre elles

L’UCA s’est engagée à prendre l’ensemble des mesures nécessaires pour réussir les challenges de cette rentrée universitaire, et pour que la rentrée universitaire ne dépasse pas la date limite du 6 septembre 2021. Elle a ainsi fixé un échéancier qui a été adopté en fixant les délais d’inscription, de réinscription, de démarrage des cours et de transfert. Par ailleurs, et dans le souci de garantir le bon déroulement de l’opération d’accueil des nouveaux étudiants, l’UCA va prendre toutes les dispositions sanitaires, logistiques, d’écoute, d’assistance et d’accompagnement nécessaires.

3. Quelles sont les nouvelles offres et dynamiques de l’innovation que vous comptez mettre en avant cette année pour vous démarquer de la concurrence ?
Au-delà de la concurrence habituelle au niveau de la qualité de la pédagogie et de la recherche et à la capacité à faire face à la massification, les changements que connaît le Maroc et qui ont engagé toutes les forces vives du pays sur la voie du développementsocial et économique, ont imposé une concurrence saine pour stimuler les compétences des lauréats dont le Maroc a besoin aujourd’hui et demain.

La concurrence est orientée vers la capacité de l’université à engendrer des lauréats qui ont bénéficié de formations en interim, de formations professionnalisantes qui leur faciliteront l’intégration professionnelle, qui, pendant leurs cursus ont pu effectuer des stages concluants et jouir de la relation de proximité avec les entreprises que l’université développe et prend en compte dans ses stratégies. Aussi, l’entité qui était mise en place pour prendre en charge l’optimisation des capacités émotionnelles, stratégiques et de gestion de carrière est le Career center de Cadi Ayyad. Ce centre compte un bilan favorable en matière de formation, d’orientation, de conseil et d’insertion professionnelle à travers une panoplie d’activités qui ambitionne de renforcer l’employabilité des étudiants de l’Université Cadi Ayyad.

D’un autre côté, l’université Cadi Ayyad a conçu sa carte de formation en tenant compte de ces éléments cruciaux et qui répondent aux attentes de la région et du pays. De plus, les contenus des formations qui répondent au monde socioéconomiques doivent être en adéquation avec les attentes de ce dernier.
C’est ainsi que l’UCA opte pour des filières à fort taux d’employabilité. Les exigences de compétences du monde socioéconomique régional, national et international entraînent des défis importants pour la formation. Ainsi, au titre de la session 2021, l’Université Cadi Ayyad vise à accréditer des filières pour les nouveaux métiers de demain notamment :

Diplôme d’Ingénieur en :
• Génie Cyber-Défense et Systèmes de Télécommunications Embarqués (GCDSTE) (ENSAM) ;
• Réseaux, Systèmes & Services Programmables (ENSAM) ;
• Génie Informatique et Intelligence Artificielle (ENSAS) ;
• Génie Aéronautique et Technologies de l’Espace (ENSAS).
DUT en :
• Génie Agroalimentaire (EST El Kelaa) ;
• Génie Agronomique (EST El Kelaa) ;
• Management Agricole et Agroalimentaire (EST El Kelaa).
Master en :
• Management Logistique (FSJES)
• Marketing Digital & E-Business (FSJES)
• Didactiques des Sciences Expérimentales et des Mathématiques (ENS)
• Langues et Traduction (FALM)
• Grammaire et Texte (FALM)
• Rhétorique et Analyse du discours (FALM)
• Energétique et Environnement (FSSM)
• Droit de la Famille et les règles de la
jurisprudence Maliki (FPS)

4. Sans doute, la pandémie aura agi comme un révélateur et incite à se projeter dans l’enseignement et la formation de demain. Quelles traces durables cette période va-t-elle laisser, selon vous, dans les pratiques universitaires au Maroc ?
Cette pandémie qui nous a pris au dépourvu nous a fait un ultimatum : bien choisir ou mal choisir. Face à cet impératif, nous avons fait notre choix, celui de l’adaptation, de la résilience et surtout de l’anticipation.
Les pratiques universitaires ont vite délaissé la démarche hermétique dont elle s’accommodait depuis des décennies. L’université évolue dans un écosystème qui la lie aux entreprises, aux institutions gouvernementales et aux autres fournisseurs de l’économie du savoir avec lesquelles elle est amenée à travailler en étroite collaboration. La pandémie est une prise de conscience pour l’université l’incitant à consolider son ancrage et s’assimiler dans une intelligence collective, seule à même de dépasser les grands défis tel que celui que nous avons vécu il y’a bientôt deux ans et que nous continuons à vivre sans une visibilité aucune sur son dénouement. C’est ainsi que l’université s’oriente de plus en plus vers les concepts de Co-innovation et de Co-pilotage et met en œuvre des actions qui accompagneront la région aborder ses différents défis. Elle a ainsi procédé à :
– La mise en place d’un observatoire épidémiologique avec la faculté de médecine qui est en phase de finalisation dont l’objectif d’apporter des solutions aux crises régionales et contribuer à la dynamique nationale dans ce sens ;
– La création d’un centre pour réfléchir, à partir de ce que nos chercheurs experts font avec le CRI, pour mener une recherche scientifique exhaustive sur l’impact de la crise sanitaire induite par cette pandémie sur les moyennes et petites entreprises et sur tous les secteurs de la région.

Nous ambitionnons à travers cette action de créer un noyau qui serait un éventuel observatoire pour accompagner les politiques publiques de la région et constater leur impact sur la population. Cette conjoncture sanitaire nous oblige à faire une recherche réactive et proactive qui permet à l’université de répondre de façon rapide aux imprévus ou même de les anticiper. Aussi, nous encourageons et soutenons, les projets portant sur la Covid-19, qui portent sur des thématiques diverses, comme l’intelligence artificielle, la biologie moléculaire, l’enseignement à distance, la culture, la sociologie, etc. dans l’objectifs de les évaluer et d’en sortir des livrables qui profiteront à la population.

-La réorientation de nos thématiques prioritaires : l’épidémiologie par exemple est une thématique qui s’est imposée à nous alors qu’elle n’était pas prioritaire.
L’orientation structurelle imposée par la crise sanitaire nous a poussé vers l’amélioration de l’axe du digital et de l’environnement numérique de travail, et l’intégration de nouveaux modes d’apprentissage via d’autres plateformes et des solutions innovantes. Un effort a été consenti depuis deux ans et qui concerne la mise à niveau du data center de l’université. D’autres actions aussi importantes ont été réalisées dans ce sens et ont permis de doter l’université de la fibre optique, d’installer l’intranet et d’augmenter la capacité du débit. Cette digitalisation nous permettra de dispenser nos enseignements et de maintenir nos recherches même dans des conditions qui pourront nous surprendre dans l’avenir comme celles de la pandémie dont nous ne sortons pas encore, et du confinement qu’elle nous a imposé par le passé.

De ce fait, notre université se trouve devant l’urgence d’accélérer le développement de la politique de numérisation parce que nous empruntons de plus en plus la voie de l’université virtuelle. Pour cela nous devons étendre la digitalisation pour qu’elle touche les systèmes de gouvernance, les pratiques d’accès à l’information, ou l’utilisation des ressources. En parallèle de tout cela, nous continuerons la production des contenus numériques et la préparation technique des classes virtuelles pour renforcer l’enseignement à distance.

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