Mines : la reprise économique favorise le secteur
Après avoir été considérés comme des valeurs refuges durant la période de la crise sanitaire, les métaux précieux (or et argent) devraient perdre cette année ce statut compte tenu du rebond économique annoncé. Les réalisations des minières devraient ainsi être portées par la progression de vente des métaux de base (zinc, cobalt, plomb).
«Le secteur minier marocain devrait connaitre un développement soutenu», annonce d’emblée Yousra Maarouf, analyste senior au sein de Sogécapital Bourse lors du webinaire organisé par la Bourse de Casablanca et l’Association professionnelle des sociétés de bourse (APSB) dans le cadre du cycle «Saison de publication des résultats : Bilan et opportunités d’investissement ». Une croissance est attendue, selon l’analyste, en raison de l’engagement des pouvoirs publics et des opérateurs privés en vue d’intensifier les explorations et améliorer les réserves minérales. Il faut dire que le secteur minier occupe aujourd’hui une place importante dans l’économie nationale en termes de contribution dans le produit intérieur brut (PIB), les exportations et dans le développement régional et rural.
« C’est pour ces raisons que les pouvoirs publics ont adopté une stratégie minière nationale, qui vise, entre autres, à tripler le chiffre d’affaires (CA) du secteur avec pour objectif 15 MMDH à l’horizon 2025, et décupler les investissements d’exploration et de prospection pour atteindre 4 MMDH et à doubler le nombre actuel d’emplois directs à 30.000 emplois», explique l’analyste.
Yousra Maarouf s’est ensuite attelée à l’analyse de l’évolution des cours des métaux précieux, des métaux de base ainsi que les recommandations concernant les trois valeurs cotées (Managem, CMT et SMI). Il faut dire que les matières premières (les métaux en particulier) avaient subi de fortes pressions sur les cours alimentés, essentiellement par la frénésie sur les marchés mondiaux, et ce en dépit des politiques monétaires qui ont été engagés en vue de faire face à la crise sanitaire. Une volatilité des cours qui a sensiblement impacté les réalisations commerciales des minières cotées. Une tendance qui devrait s’inverser au cours de l’exercice 2021.
Ainsi, l’analyste prévoit pour Managem un chiffre d’affaires de près de 5,698 MMDH en 2021, en hausse de 20,6% par rapport à une année auparavant, et un résultat net part du Groupe (RNPG) de 388,98 MDH, après 224,7 MDH au titre de l’année écoulée. Des réalisations qui devraient être portées par une progression des volumes de vente des métaux de base attendue, liée à la reprise économique amorcée. Le cuivre et le cobalt figurant parmi les métaux en vogue sur les années à venir. Côté métaux précieux, la tendance observée en 2020 devrait s’inverser au vu du rebond économique attendu.
«Ces métaux devraient ainsi perdre leur statut de valeur refuge, aussi bien au niveau de l’or que de l’argent», explique Yousra Maarouf.
L’envolée du cours des métaux précieux sur la semaine écoulée étant liée aux incertitudes liées aux pressions inflationnistes des USA. Côté opérationnel, nous sommes confiants quant à la capacité du groupe à maintenir son niveau de rentabilité opérationnelle au niveau normatif actuel, avec une marge aux alentours de 35%. «Nous pensons que le groupe devrait tirer profit de la relance économique mondiale attendue, à travers la commercialisation de métaux de base contribuant à plus de 50% à l’excédent brut d’exploitation (EBE) global du groupe. Des métaux phares devraient profiter sur les prochains exercices d’un effet cours très favorable, en lien avec la transition écologique, le développement des infrastructures de communication et informatiques, plus globalement à l’amélioration de la perspective économique mondiale», soutient-elle, notant, par ailleurs, que le cours bas du billet vert profiterait également à ces métaux. Sogécapital Bourse valorise, ainsi, le titre à 1.398 DH, soit un down-side de 6,7% par rapport au cours du 24 mai (1.498 DH), recommandant ainsi de le «conserver».
Pour la Société métallurgique d’Imiter (SMI), qui a connu au titre de l’année 2020 une baisse au niveau de la production en métal de 19%, impactée principalement par l’amenuisement de la teneur. «Ses réalisations opérationnelles futures devraient continuer de pâtir de cet amenuisement de la teneur», estime l’analyste, ajoutant que cette baisse de production/teneur serait, toutefois, atténuée par un effet cours métal favorable. «Le retour à la croissance entamé depuis le premier semestre 2019, après une année 2018 dans le rouge, conforte notre opinion sur le potentiel de croissance du titre, sur fond de poursuite du déploiement d’une politique d’adaptation œuvrant à améliorer la performance opérationnelle de la minière», a indiqué Yousra Maarouf, recommandant ainsi de «conserver» le titre dont le cours cible a été fixé à 2.352 DH, dégageant un upside de 4,2% par rapport au cours du 24 mai (2.257 DH).
Du côté de la Compagnie Minière Touissit (CMT), l’analyste a souligné que ses réalisations opérationnelles futures devraient retrouver leurs niveaux d’avant crise, tirées essentiellement par la progression des volumes de vente des métaux de base, en lien avec la reprise économique en vue». Elle estime, par ailleurs, que la demande en Zinc et en Plomb devrait se maintenir à des niveaux proches de leurs niveaux actuels, avec une légère pression haussière sur les cours. «L’année 2021 serait une année de retour à des niveaux normatifs de production et de rentabilité opérationnelle pour la mine de Touissit. D’ailleurs, la reprise économique a été amorcée dès la seconde moitié de l’année et c’est la raison pour laquelle nous pensons que la valeur actuelle du titre CMT intègre, d’ores et déjà, les principaux leviers de croissance potentiels», conclut-elle. D’où la recommandation de «conserver» le titre avec un cours cible de 1.553 DH.
Aïda Lô / Les Inspirations Éco