African Supercomputing Center : le datacenter qui fera du Maroc une nation digitale
L’UM6P a lancé l’African Supercomputing Center, son datacenter mais aussi le plus puissant supercalculateur d’Afrique au service de la recherche scientifique et de l’innovation. Cela permet au Maroc de se hisser à la 26e place mondiale et au premier rang en Afrique, en termes de puissance de calcul, devant l’Autriche et Hong Kong.
C’est le nec plus ultra des datacenters que l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6p) a inauguré en grande pompe, vendredi dernier. Baptisé African Supercomputing Center, le nouveau datacenter place le Maroc dans le Top 100 mondial des centres intelligents et propose aux entreprises et aux organismes publics une infrastructure pour organiser, traiter, stocker et entreposer de grandes quantités de données. Avec l’inauguration de cette plateforme informatique de pointe, certifiée Tier III et Tier IV par l’Uptime Institute, intégrant également le supercalculateur le plus puissant d’Afrique, plateforme essentielle pour analyser d’immenses quantités de données et résoudre des calculs d’une extrême complexité, l’UM6P renforce sa présence sur le territoire en proposant des réponses technologiques pour contribuer à la souveraineté numérique, à la sécurisation et au traitement des données exploitées. L’inauguration a été marquée par la présence de Saaïd Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Driss Ouaouicha, ministre délégué chargé de l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique, le wali de la Région Marrakech-Safi, le gouverneur de Rhamna et d’autres personnalités. À l’occasion de cet événement d’envergure, Hicham El Habti, président de l’UM6P, a déclaré qu’«au-delà de l’objectif scientifique, notre volonté est avant tout d’apporter des réponses aux industries, aux populations et aux territoires. La Big Data représente une source inestimable pour nous éclairer sur la façon dont nous pouvons relever tous les défis qui se présentent dans un monde de plus en plus numérique».
Cloud souverain
Développé en partenariat avec la prestigieuse université de Cambridge, l’African Supercomputing Center se place au 98e rang des superordinateurs les plus puissants au monde et hisse le Maroc à la vingt-sixième place mondiale et à la première africaine, en termes de puissance de calcul, devant l’Autriche et Hong Kong. Lors de son discours, Saaïd Amzazi a affirmé que «les solutions de calcul intensif qu’offre cette infrastructure peuvent être combinées pour une multitude de cas d’usage dans le monde de l’industrie notamment en automobile, en aéronautique, en chimie et cosmétique». Et de poursuivre : «avec des initiatives d’une telle envergure, l’UM6P s’engage résolument dans la voie prônée par la vision clairvoyante du roi Mohammed VI, qui place la recherche scientifique au service du développement technologique et de l’innovation, afin de promouvoir notre croissance économique». Ce projet, qui vient à point nommé, contribuera à surmonter les défis de stockage, de viabilité, de sécurité et de difficulté d’accès. Et le ministre d’estimer que ces infrastructures marquent un tournant à même de permettre au Maroc de se doter de son «cloud souverain», et de conserver la maîtrise de tous les contenus digitalisés.
Technologie de pointe
L’African Supercomputing Center, doté d’un supercalculateur (High Performance Computing: HPC) au nom très évocateur, Toubkal, bénéficie d’une capacité de 3,15 pétaflops à raison de trois millions de milliards d’opérations par seconde. Il contribuera à hisser l’UM6P aux plus hauts sommets de l’écosystème du High Performance Computing régional et continental, laissant entrevoir pour le Maroc -et plus largement pour le continent africain- l’opportunité de percer en matière de recherche scientifique et d’innovation dans tous les domaines. Parmi les domaines cités, on retrouve la modélisation du génome des plantes africaines à protéger ainsi que celle du génome du microbiome qui recouvre l’ensemble des micro-organismes vivant à la surface et à l’intérieur des sols en vue d’une meilleure compréhension de la fertilité. Il y a également celle des données satellitaires, en vue d’une meilleure gestion des terres agricoles, mais aussi la modélisation des données météorologiques en vue d’une meilleure intégration des énergies renouvelables dans le réseau.
Entrer dans l’ère de l’intelligence artificielle
Le supercalculateur (HCP) du datacenter de l’UM6P pourra, en outre, soutenir les technologies les plus pointues telles que le développement de véhicules autonomes ou encore les techniques de détection du cancer. Ce dernier est également un catalyseur de partenariat académique sur les sujets de l’intelligence artificielle et des sciences des données. En septembre prochain, l’UM6P-CS proposera une formation d’ingénieur de niveau Bac+5, spécialisée dans le numérique, avec des professeurs et des chercheurs de renommée internationale. Cette offre vient compléter le cursus polytechnique et pluridisciplinaire en abordant les questions numériques du 21e siècle, et offrir au Maroc son titre de «future nation digitale». À noter également que l’UM6P et l’Université Al Akhawayn lanceront un Master en double diplomation autour des technologies HPC et de l’intelligence artificielle. Le programme Bachelor sera quant à lui enrichi de cours et travaux pratiques qui se dérouleront sur la plateforme HPC de l’UM6P. Les deux universités œuvrent également à la mise en place d’une équipe mixte de chercheurs afin de proposer des services d’intelligence artificielle aux industriels et organismes étatiques marocains.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco