Énergies renouvelables : objectif (presque) atteint !
L’objectif de porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 42% en fin 2020 n’a pas été atteint. Les données arrêtées à fin 2020 montrent que la puissance électrique installée serait de 10.557 MW, avec une part des énergies renouvelables d’environ 36,8%. Analyse…
Quelques points de pourcentage auraient fait la différence ! L’objectif du Maroc, sujet de son premier engagement international dans le domaine de la transition énergétique, n’a pas été atteint. Il était, rappelons-le, question de porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 42 % en fin 2020. Dans le bilan 2020 des réalisations de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), publié en début de semaine, il est explicitement mentionné que la puissance électrique installée serait de 10 557 MW à fin 2020, avec une part des énergies renouvelables (EnR) d’environ 36,8 %. Techniquement, donc, 5,2 points nous séparent encore de l’objectif que le royaume s’était engagé à atteindre dans le cadre de l’Accord de Paris. Autre constat : entre 2018 et 2020, le pays n’a pu améliorer la part des énergies renouvelables dans son mix-énergétique que de 2,8 points.
La part des énergies renouvelables à 34 % fin 2018
En fin 2018, le patron de l’Agence marocaine de l’énergie durable (Masen) annonçait, en grande pompe, d’abord au Souverain, ensuite à la presse qu’il avait conviée à Casablanca, que le Maroc était déjà arrivé à 34% de part des énergies renouvelables dans sa production électrique. L’objectif de 42 % à l’horizon 2020 était une formalité, car compte tenu du nombre de chantiers qui vont entrer en service et des autres en cours de lancement, «cet objectif sera même dépassé». À l’arrivée en 2020, le compteur affiche 36,8 % ! Faut-il attribuer ce retard aux seuls effets collatéraux de la pandémie de la Covid-19 ? En attendant d’avoir les éclairages de l’Agence marocaine de l’énergie durable sur ce retard, signalons que tout était pourtant bien parti. En effet, plus de 3.500 MW de projets en énergies renouvelables devaient être opérationnels à fin décembre 2020. Pour rappel, dans le domaine solaire, il s’agissait de la centrale d’Aïn Beni Mathar (20 MW), du complexe NOOR Ouarzazate (NOOR I : 160 MW, NOOR II : 200 MW, NOOR III : 150 MW et NOOR IV : 72 MW), de NOOR Laâyoune I (85 MW) et de NOOR Boujdour I (20 MW). Ceci, sans oublier les 1.800 MW supplémentaires qui étaient attendus entre 2020 et l’année en cours. Dans le domaine éolien, en plus des projets en activité portant sur 1.200 MW, dont 657 MW développés par le privé dans le cadre de la loi 13-09, plusieurs autres sites devaient entrer en service, notamment ceux d’Amougdoul (60 MW), Tanger I (140 MW), Torres/Koudia Al Baïda (50 MW), Tarfaya (300 MW), Akhfenir I et II (200 MW), Aftissat (200 MW), Jbal Khalladi (120 MW), Foum El-Oued (50 MW), Haouma (50 MW), Lafarge (32 MW) et Cimar (5 MW). Bref, il y avait 850 MW à livrer entre 2020-2021. Dans l’hydraulique, plus de 20 barrages répartis à travers le royaume permettaient déjà de produire 1.770 MW et plusieurs projets hydrauliques privés étaient également dans le pipe en 2020. En somme, sur la base de ces données, on pouvait effectivement confirmer que l’engagement du Maroc aurait été tenu, grâce à l’effort déployé sur ces trois sources d’énergie que sont le solaire, l’éolien et l’hydraulique. Hélas, nous y étions presque !
L’autre défi: porter cette part à 52 % en 2030
Maintenant, regardons l’horizon 2030, où le Maroc s’est engagé à porter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 52 %. Pour faire face à ce défi, le royaume a décidé d’activer d’autres sources d’énergie propre, supplémentaires. Il y a, d’un côté, l’économie circulaire (biomasse et valorisation des déchets) pour produire de l’énergie et, de l’autre, l’hydrogène vert plus connu sous le nom de Power-to-X. Selon les conclusions de l’étude sur la biomasse, le Maroc a une production d’énergie primaire de 11,5 millions de MWh/an, répartie entre l’agriculture avec 6,6 millions de MWh/an, les déchets verts (3 M de MWh/an), la foresterie (1,7 M de MWh/an) et les eaux usées (0,2 MWh/an). La valorisation énergétique pourrait permettre de créer plus de 10.000 emplois et favoriser jusqu’à 8,5 millions de tonnes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. S’agissant de l’hydrogène et ses dérivés, cette nouvelle source d’énergie propre a un potentiel tout simplement énorme. Ses retombées en termes de production et de suppression d’émissions de gaz à effet de serre ne sont pas encore révélées, mais il est clair que l’hydrogène permettra certainement au Maroc de frapper un gros coup dans sa transition énergétique. En tout cas, le royaume a résolument pris la décision de se positionner sur ce créneau très porteur où il est déjà courtisé par plusieurs pays européens comme l’Allemagne, l’Espagne et, plus récemment cette semaine, le Portugal. À côté de ces nouvelles sources d’énergie propre, le Maroc mise également sur l’efficacité énergétique pour réduire sa facture énergétique de 30 % à l’horizon 2030. Une belle dynamique est déjà engagée dans ce domaine. En effet, le ministère de l’Énergie et les opérateurs ont mis en place un modèle de gouvernance prometteur pour relever le défi.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco