Chômage au Maroc: un tsunami nommé Covid-19
Le taux de chômage a grimpé de 2,7 points entre 2019 et 2020, passant de 9,2% à 11,9%. La perte d’emploi s’est accentuée dans les deux milieux rural et urbain et tous les secteurs d’activité économique sont concernés. Chiffres du HCP à l’appui !
C’était prévisible ! Le chômage s’est encore creusé en 2020, malgré les mesures exceptionnelles mises en place par l’Etat pour soutenir les opérateurs économiques. Ainsi, le taux de chômage s’est accru de 2,7 points entre 2019 et 2020, pour passer de 9,2 à 11,9 %. C’est ce que confirme la dernière note d’information du Haut Commissariat au Plan (HCP) relative a la situation du marché du travail au cours de l’année écoulée. Le chômage a concerné 1.429.000 personnes au niveau national, soit 322.000 personnes de plus comparativement à une année auparavant. C’est ainsi le résultat d’une hausse généralisée, passant de 3,7 à 5,9 % en milieu rural et de 12,9 à 15,8 % en milieu urbain. En 2020, « la situation du marché du travail a connu, sous l’effet conjugué de la pandémie de la Covid-19 et de la campagne agricole sèche, une détérioration caractérisée par une destruction des postes d’emploi, une chute du volume horaire du travail et une hausse du chômage, du sous-emploi et de l’inactivité », commente le HCP dans sa note d’information. Dans le détail, l’économie nationale a perdu 432.000 postes d’emploi, contre une création de 165.000 postes en 2019. Cette perte a concerné tant l’urbain que le rural, avec une déperdition de 295.000 emplois en milieu rural et 137.%000 autres en milieu urbain, et ce, dans tous les secteurs d’activité économique.
Baisse généralisée du taux d’activité
Pour le HCP, la baisse structurelle du taux d’activité qui caractérise le marché du travail marocain « s’est accentuée en 2020% ». Suite à une régression de 0,2 points en 2019, le taux d’activité a reculé d’un point en 2020 pour s’établir à 44,8 %. Il est détaillé souligné par les équipes d’Ahmed Lahlimi que «cette baisse est plus prononcée en milieu rural (-2,2% points), passant de 52,2éé% à 50% qu’en milieu urbain (-0,4%), passant de 42,3%%à 41,9 %». Ce recul généralisé résulte, selon le HCP, de l’accroissement de la population en âge d’activité (15 ans et plus) de 1,5 % par rapport à 2019, mais aussi du recul de la population active de 0,9% (-111.000 personnes). De plus, il est à noter que même le taux d’activité des femmes a reculé, perdant 1,6 point pour s’établir à 19,9 %, contre 70,4 % pour les hommes (-0,6 par rapport à 2019).
A l’origine, la perte d’emploi
Le taux d’activité est en baisse et le taux d’emploi suit la même tendance. En effet, celui-ci a chuté de 41,6 %% à 39,4 % au niveau national (-2,2 points), de 1,6 point en milieu urbain (de 36,9% à 35,3%) et de 3,2 points en milieu rural (de 50,3 à 47,0%). « La baisse de ce taux a été plus accentuée parmi les hommes (2,6 points) que parmi les femmes (1,9 points). Après avoir créé en moyenne 121.000 au cours des trois dernières années, l’économie nationale a perdu, en 2020, 432.000% postes d’emplois ». Par type d’emplois, 255.000 postes rémunérés ont été perdus, 116.000 en milieu urbain et 139.000 en milieu rural. L’emploi non rémunéré a, de son côté, régressé de 176.000 postes, soit 157.00%0 en zones rurales et 19.000 en zones urbaines.
Tous les secteurs sont concernés
Le HCP note par ailleurs que la perte d’emploi a été observée dans tous les secteurs, cette situation est prévisible dans le sens où la majorité des secteurs ont été fortement impactés par les effets négatifs de la crise sanitaire. Ainsi, le secteur de l’»agriculture forêt et pêche» a perdu 273.000 postes d’emploi au niveau national, dont 266.000 dans le rural et 7.000 en milieu urbain. Le secteur des «services», quant à lui, a perdu 107.000 postes d’emploi au niveau national (91.000 en milieu urbain et 16.000 en milieu rural), enregistrant une baisse de 2,2%% de l’emploi dans ce secteur. En outre, l’»industrie y compris l’artisanat» a perdu 37.0%00 postes, soit 26.000 en milieu urbain et 11.000 en milieu rural, ce qui correspond à une baisse de 2,8 % du volume de l’emploi dans ce segment. Le secteur des BTP, quant à lui, a perdu 9.000 postes d’emploi (8.000 postes en milieu urbain et 1.000 dans le rural). Pour ce qui est de la situation régionale du marché de l’emploi, il est à noter que cinq régions abritent 72 % de l’ensemble des actifs âgés de 15 ans et plus. La région Casablanca-Settat vient en première position avec 22,4 % d’actifs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (13,5 %), de Marrakech-Safi (13,4%%), de Fès-Meknès (11,6%) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11%). Trois régions enregistrent des taux d’activité supérieurs à la moyenne nationale (44,8 %). Il s’agit de Casablanca-Settat (47,8 %), Marrakech-Safi (46,6 %) et Tanger-Tétouani-Al Hoceimatii (46,6 %). Cependant, les taux les plus bas sont enregistrés dans les régions de Drâa-Tafilalet (40,9 %) et de Souss-Massa (41,5 %).
Le sous-emploi se creuse
Entre 2019 et 2020, le nombre de chômeurs a augmenté de 322.000 personnes, soit une progression de 29 %, passant de 1.107.000 à 1.429.000 chômeurs. Les analystes du HCP expliquent que «cette hausse est la conséquence d’une augmentation de 224.000 chômeurs en milieu urbain et de 98.000 en milieu rural. Elle est exclusivement attribuable au chômage des personnes qui ont perdu leur emploi». Au niveau des diplômés, le taux de chômage a enregistré une hausse de 2,8 points, passant de 15,7 % à 18,5 % et parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans de 6,2 points, passant de 24,9 % à 31,2% %. Le volume du sous-emploi est passé, durant la même période, de 1.001.000 à 1.127.000 personnes, de 514.000 à 619.000 dans les villes et de 487.000 à 508.000 à la campagne. Par conséquent, le taux de sous-emploi est ainsi passé de 9,2 % à 10,7 % au niveau national, de 8,3 % à 10,1 % en milieu urbain et de 10,4 % à 11,6 % en milieu rural.
Sami Nemli / Les Inspirations Éco