Transformation digitale : pourquoi ça “beugue” ?
Notamment depuis le passage de la vague de la Covid-19, la nécessité de la digitalisation consensus. D’après les résultats d’une récente enquête sur la maturité digitale au Maroc, menée par l’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (AUSIM) et le groupe Devoteam, 95% des sondés estiment que l’impératif d’une digitalisation est ancré dans les esprits, le digital pouvant créer un avantage concurrentiel indéniable. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de la pratique, les opérateurs qui passent à l’acte se font plus rares. La même enquête révèle, d’ailleurs, que seuls 60% des opérateurs déclarent avoir digitalisé un ou plusieurs processus et fonctions et un opérateur sur sept affirme avoir entamé le processus de transformation. Autre constat relevé par cette enquête à laquelle ont pris part plus de 70 dirigeants en charge des Système d’information (SI) et de la transformation digitale dans les entreprises marocaines de différentes tailles: l’opérationnalisation et l’acculturation digitale restent les principaux défis à relever.
En effet, plus de la moitié des sondés indique que l’absence d’une feuille de route opérationnelle, combinée à une faible adoption des NTIC, empêchent une exécution optimale de la transformation digitale. «Parmi les freins les plus récurrents, on retrouve en première position le manque de vision stratégique, et l’absence d’une feuille de route formalisée pour mener à bien le chantier de la transformation. Le deuxième frein est le manque d’acculturation et la faible adoption des NTIC. En troisième place, nous retrouvons le manque de ressources», lit-on au niveau de l’enquête.
Selon Laurent Chata, Partner digital & data transformation de Devoteam management consulting EMEA, «la transformation digitale est un processus itératif : il est fondamental de fixer le cap, impulsé par la stratégie de l’entreprise». Et de poursuivre : «Sa déclinaison en une roadmap opérationnelle de transformation doit se faire par incréments pour pouvoir y intégrer les réalités de marché, les ajustements de la stratégie et les difficultés rencontrées en chemin». Dans un autre registre, l’enquête a essayé de répondre à deux questions essentielles. L’une concernant les ressources et actifs à disposition pour réussir la transformation digitale et l’autre sur la manière dont ces ressources sont exploitées. Ainsi, pour répondre à la première problématique, les initiateurs de l’enquête ont interrogé les DSI sur les thématiques SI Legacy, Architecture & infrastructure et Fonctions support, telles que définies par le canevas digital. Et pour la deuxième question, elle s’est intéressée à la qualité des interactions internes et externes. Cependant, si la majorité des opérateurs dispose d’une bonne maîtrise du parc applicatif et des release, l’enquête souligne que l’âge moyen des applicatifs est assez élevé : la majorité des applications ayant plus de 5 ans pour 56 opérateurs sur 70. Sans compter que moins de 40% des opérateurs ont adopté des démarches en gestion de produit. Plus loin, l’enquête ajoute que moins de 10% des répondants ont affirmé disposer d’infrastructures et de services de transverses permettant un fonctionnement en mode plateforme.
Enfin, l’enquête n’a pas manqué de souligner l’impact de la crise du coronavirus sur le digital. Une entité sur trois a, en effet, déclaré avoir mis en place la visioconférence depuis le début de cette crise tandis qu’une organisation sur six a mis en place des systèmes d’accompagnement et moins d’une sur six a structuré sa démarche d’un budget de fonctionnement et d’instances de gouvernance. Faut-il le souligner, la majorité des personnes sondées dans le cadre de cette enquête sont des DSI et/ou des directeurs de la transformation digitale (59%) ou alors des directeurs généraux d’ETI et de PME (11,13%). De plus, près de 50% des opérateurs sondés sont des PME, notent les initiateurs qui ajoutent que les secteurs primaire, secondaire et tertiaire de l’économie sont également représentés, ainsi que les entreprises de droit public et privé.
Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco