Exportations d’artisanat : la baisse de régime impose l’accélération de la relance
Après une stabilisation de l’activité en juin dernier, les indicateurs des exportations artisanales continuent de chuter durant le dernier trimestre de l’année. Plus de 35% des artisans n’ont pas encore pu reprendre leurs activités.
En cette période de crise sanitaire, la situation frôle la catastrophe dans le secteur de l’artisanat. Plus de 79% des artisans ont en effet déclaré leurs besoins en liquidités. C’est pourquoi le gouvernement souhaite, avant fin 2020, injecter une dose d’optimisme dans cette activité, où 64% des professionnels ont bénéficié des aides directes distribuées en trois tranches cette année. «La commercialisation et le paiement des dettes restent les deux problème majeurs rencontrés après la reprise des activité», indique le rapport de la commission des secteurs productifs au sein de la Chambre des représentants. D’après les données de ce document, plus du tiers des artisans n’ont pas encore pu reprendre leurs activités, ce qui va jusqu’à plomber la dynamique des exportations du secteur. En effet, après une chute historique de l’ordre de 80% entre les mois de mars et de mai de cette année, les exportations ont à nouveau reculé à partir du mois de juillet, oscillant entre 5% et 20%. L’examen parlementaire de la mauvaise conjoncture actuellement subie par les artisans a également mis l’accent sur les mesures destinées à tempérer l’annulation des commandes. En l’absence des foires nationales et internationales, l’État compte sur les canaux numériques en vue de permettre aux exportations marocaines de revenir à leur seuil de janvier 2020. À noter que 71% des unités artisanales ont enregistré une baisse de 100% de leurs activités, et 77% d’entre elles ont enregistré une baisse importante de leurs chiffres d’affaires depuis le déclenchement de la crise sanitaire.
Plusieurs mesures décrétées
Après la signature de 7 conventions de partenariat avec des plateformes du commerce électronique, l’État compte énormément sur les nouvelles formules du financement qui seront lancées, dans l’optique de la mise en place du Registre national des artisans. Le rapport parlementaire souligne surtout l’importance de «la poursuite des projets d’infrastructure actuellement en cours, spécialement ceux entrant dans le cadre de la valorisation des anciennes médinas», indique l’évaluation dressée par les élus. Pour l’amélioration des aptitudes des artisans, l’État devra lancer 8 «villes des compétences» dans les principales cités historiques du pays, en vue de «hisser la capacité d’accueil des établissements, après le lancement des travaux à Agadir, Laâyoune et Béni Mellal. Le gouvernement cite quatre chantiers phares qui sont programmés, à commencer par la révision du modèle économique de la poterie et de la tapisserie, ainsi que la révision des prérogatives de la Maison de l’Artisan.
Une refonte globale de la reconnaissance
Parmi les grands chantiers programmées, figure la mise en place du Registre national des artisans, devant servir de plateforme unique pour les professionnels du secteur. Plusieurs notions seront révisées, dont celle de maître artisan ou encore d’aide artisan, et plusieurs conditions de transparence sont désormais exigées aux personnes morales. Un énorme vide juridique devra être comblé pour ce volet, car jusqu’à présent, aucune définition légale ne fait foi en matière de réglementation et d’organisation du métier. Les exigences contenues dans d’autres législations ont été également prises en compte, notamment la protection du consommateur, avec l’imposition de la formation pour certains métiers en vue de sauvegarder la qualité des produits commercialisés. La liste des métiers qui devront dorénavant s’exercer à l’issue d’une formation obligatoire devra être établie par décret. Il faut dire que la mise en œuvre de la nouvelle loi de l’artisan est un jalon essentiel du processus de revalorisation de la profession, ainsi que pour l’amélioration des conditions d’exercice des artisans. À l’ordre du jour également, la mise en valeur de l’identité marocaine via les produits commercialisés à l’étranger, avec plusieurs mesures qui forment le socle des valeurs culturelles véhiculées par les artisans marocains.
Youness Bennajah / Les Inspirations Éco