Maroc

Fès-Meknès. : dur, dur de nourrir le cheptel !

Face à une baisse des espaces de pâturage et à la flambée des prix des aliments, les éleveurs de la Région Fès-Meknès tirent la sonnette d’alarme. Avec la sécheresse, les quantités d’orge subventionnée sont devenues insuffisantes pour le cheptel de la région, sachant que les parcours pastoraux représentent seulement 45% des aliments de bétail, et que le reste est acheté au marché.

Les années de sécheresse se succèdent et les éleveurs trouvent de plus en plus de difficultés à nourrir leur bétail. Les quantités d’orge subventionnée et d’aliments composés disponibles dans la région sont devenus insuffisantes pour satisfaire les besoins du bétail. «Pour la province d’Ifrane, si on répartit les 25.000 quintaux d’orge subventionnée distribués sur les 800.000 têtes de bétail de la province, chaque éleveur bénéficiera d’une moyenne de deux quintaux pour son troupeau. Cette quantité est largement inférieure aux besoins des éleveurs», nous explique Mohamed Boussaidi, membre de la Chambre d’agriculture de la Région Fès-Meknès et agriculteur dans la province d’Ifrane. Et d’ajouter que «la facture liée à distribution pèse également lourd sur les charges des éleveurs qui supportent les frais de la logistique de plusieurs dizaines de kilomètres pour le transport de l’orge subventionnée à leurs villages». Dans ce cadre, les éleveurs de la région appellent les responsables de la Direction régionale de l’agriculture (DRA) Fès-Meknès à revoir la politique de distribution d’orge subventionnée en multipliant les points de distribution pour se rapprocher des villages les plus lointains. Concernant les difficultés liées à la mise en place des points de distribution dans ces villages, Kamal Hidane, directeur régional de l’agriculture de Fès-Meknès explique cette situation par l’absence de budget dédié au transport de l’orge subventionnée, appelant, dans ce cadre, les agriculteurs à se mobiliser en coopérative et association pour assurer le transport des aliments nécessaires. On remarque que les prix des aliments ont flambé. À titre d’exemple, le prix d’une botte de paille est passé d’un coût moyen de 12 DH à 35 DH actuellement, ce qui est insupportable pour les éleveurs. Face à cette situation, les professionnels remarquent que de plus en plus d’éleveurs vendent une partie de leur bétail à des prix bradés afin d’acheter de quoi nourrir le reste du cheptel, ce qui crée un déséquilibre entre l’offre et la demande.

Une surexploitation des espaces de pâturage
Une étude réalisée par la délégation des eaux et forêts sur une superficie de 7.500 hectares dans la zone du Moyen-Atlas a démontré que les parcours pastoraux disposaient d’une moyenne de 1,5 kilogramme par hectare seulement, ce qui représente une menace pour cette ressource naturelle. «On demande l’activation de l’article 16 de la loi 13-113, concernant l’appui technique et financier pour la mise à niveau du développement et de la maintenance des parcours pastoraux des éleveurs et des associations professionnelles», nous confie Mimoun Ait Majdoub, président du collectif Tiznit Dait Aoua des éleveurs de bétails. Et d’ajouter : «Les parcours pastoraux représentent seulement 45% des aliments de bétail, alors que le reste est acheté au marché.» Les éleveurs de la région pointent également du doigt la surexploitation du domaine forestier par les associations des plantes aromatiques et médicinales qui n’hésitent pas à arracher les plantes à la racine, ce qui impacte cette ressource à long terme. Selon la loi sur la gestion et l’aménagement des espaces pastoraux, le pâturage doit s’effectuer dans le respect du droit de propriété d’autrui et dans la logique de la préservation des ressources naturelles. Le texte précise qu’une aide technique et financière «peut» être accordée par l’État pour l’aménagement et la préservation des espaces pastoraux aux propriétaires.

  Mehdi Idrissi / Les Inspirations Éco



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