Politique de l’eau : où va le Maroc ?
Les mesures préconisées par le Plan national de l’eau suscitent une forte mobilisation. L’enveloppe budgétaire allouée, qui s’élève à plus de 115 MMDH, devra servir essentiellement à renforcer et à diversifier les sources d’alimentation en eau dans les milieux urbain et rural.
L’état d’avancement du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 revient à l’ordre du jour de l’Exécutif, après la tenue de la deuxième réunion du comité de pilotage, présidée par le chef de gouvernement. Le programme national reste un levier crucial pour la généralisation du raccordement, mais aussi pour assurer les sources d’approvisionnement en eau d’irrigation des surfaces agricoles. L’enveloppe budgétaire allouée au programme national, qui s’élève à plus de 115 MMDH, devra servir essentiellement à diversifier les sources d’alimentation en eau dans les milieux urbain et rural. Pour le chef de gouvernement, il s’agit «d’adopter un modèle de gouvernance efficient en vue d’assurer le suivi et l’évaluation de diverses composantes de ce projet», a-t-il indiqué durant les travaux du comité de pilotage.
Les mesures projetées
L’examen de la situation actuelle des ressources en eau à l’échelle nationale, ainsi que des mesures à prendre pour assurer l’alimentation en eau potable de toutes les régions sont deux questions cruciales après le démarrage de la saison agricole 2020-2021. La feuille de route qui a été tracée conjointement par le gouvernement et les agences des bassins hydrauliques devra doter les divers intervenants de modes plus performants, en vue d’assurer un approvisionnement normal, mais aussi de lutter contre les risques qui planent sur plusieurs zones menacées de sécheresse ou d’inondation. En tête de liste des actions projetées figurent «l’établissement des atlas des zones inondables et le renforcement des systèmes de suivi et d’alerte, ainsi que la réalisation des travaux de protection contre les inondations», souligne le plan d’action projeté. Au programme, également, plusieurs mesures destinées aux bassins ayant un déficit chronique en eau, dans l’objectif de poursuivre les programmes prioritaires, ainsi que les mesures relatives aux systèmes de détection et d’alerte de risques d’inondation qui ont été mis en place. La cartographie des zones inondables permet de clarifier les champs d’expansion des crues, pour limiter le risque qui plane sur les zones d’habitation urbaine et rurale. À souligner que le financement durable pour les projets qui concernent 7.876 douars, ainsi que 659 centres ruraux, pour un coût qui dépasse 15 MMDH, devra être assuré à partir de 2021 en vue de généraliser le raccordement au réseau de l’ensemble des communes rurales ciblées. La rationalisation de la consommation ainsi que les campagnes de sensibilisation ciblées restent prioritaires d’ici la fin de l’année, notamment pour permettre au plan national d’entamer les projets liés à la préservation des ressources en eau et à l’amélioration du processus d’assainissement des eaux usées. Pour ce segment, les données montrent que les stations de traitement des eaux usées ont connu une floraison durant les cinq dernières années, avec 140 stations qui assurent le traitement de près de 45% des eaux usées. L’objectif visé est de 60% en 2022. Le coût d’investissement a été estimé à 43 MMDH et concerne 366 villes et municipalités, 72 centres à caractère urbain, et plus de 1.150 centres chefs-lieux de commune.
La continuité du programme fortement mise en avant
Le Plan national de l’eau se fonde sur une approche régionale destinée à couvrir les besoins des 12 régions du pays durant les sept prochaines années. Le caractère urgent des interventions requises, ainsi que la nécessité de la poursuite du programme d’économie d’eau dans le domaine agricole, poussent les exécutants du programme national à privilégier les actions qui entrent dans le domaine des infrastructures, essentiellement la construction des barrages de petite et de moyenne tailles dans l’optique de satisfaire les besoins des populations vivant dans les zones non raccordées. Avant la fin de cette année, le pays compte atteindre un taux de raccordement global au réseau de 80% en milieu urbain et de baisser la pollution domestique d’au moins 50%. Le nombre de centres ayant bénéficié de projets d’assainissement liquide est de 255 sur les 330 prévus dans le cadre du programme national de l’assainissement liquide. Enfin, le comité de pilotage devra se focaliser sur le vaste domaine de la contractualisation avec des partenaires qui ont de l’expertise en matière d’assistance technique pour le contrôle des études et des travaux d’exécution des barrages et des aménagements des cours d’eau. Sur ce volet, un diagnostic des barrages en exploitation devra être établi avec des propositions relatives aux travaux de réhabilitation durant l’année 2020.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco