Covid-19: Au Maroc, « aucune rupture des médicaments »
La directrice exécutive de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique explique l’intérêt de la création de la FMIP. Pour Layla Laassel Sentissi, cette structure peut contribuer au développement industriel pharmaceutique national.
Quel est l’intérêt de la création de la FMIP aujourd’hui ?
L’industrie pharmaceutique est un secteur stratégique qui a un rôle socioéconomique important, plus que jamais en cette période de crise sanitaire mondiale. En plus de participer à la création d’emplois et de valeur ajoutée pour le pays, l’industrie pharmaceutique nationale garantit aux Marocains l’accès à des médicaments de qualité. Il est donc logique que la Fédération marocaine de l’industrie pharmaceutique (FMIP) s’insère dans un cadre national de l’entreprise et qu’elle soit représentée au sein de la CGEM, au même titre que d’autres industries.
Quelle sera la feuille de route de cette fédération ?
L’objectif de cette fédération est le développement de l’industrie pharmaceutique marocaine afin de renforcer la souveraineté du pays en termes de disponibilité des médicaments génériques et innovants. Bien entendu, elle aura notamment pour mission d’encourager l’investissement pour participer à la relance économique post-Covid-19. La feuille de route détaillée sera élaborée avec l’ensemble des membres de cette fédération le moment venu.
Comment sera constituée la fédération ? Qui seront ses membres, sachant qu’elle dépendra de la Fédération nationale de la santé (FNS) ?
Ce projet est ouvert à l’ensemble des opérateurs de l’industrie pharmaceutique. Sa vocation est justement de fédérer les acteurs du secteur. Ainsi, tous les établissements pharmaceutiques industriels nationaux et multinationaux pourront être membres de la Fédération marocaine de l’industrie pharmaceutique. En tant que membre de la FNS et partie prenante de la convention-cadre signée dernièrement entre celle-ci et le ministère de la Santé, l’AMIP y apporte sa contribution pour l’accès à la santé de tous les citoyens marocains.
Dans la stratégie de la fédération, quelle place devrait occuper l’amélioration de la compétitivité des produits pharmaceutiques nationaux à l’international, notamment en Afrique ?
Pour développer la compétitivité à l’international, il est primordial d’être fort et solide au niveau national. C’est pour cette raison que nous n’avons cessé d’appeler à la mise en place de mesures urgentes pour accompagner le secteur, notamment au niveau réglementaire (décret de prix, délais d’enregistrement des AMM, préférence nationale….), ainsi qu’au niveau social, principalement à travers l’élargissement de la couverture médicale de base. La pandémie de la Covid-19 a révélé la fragilité des systèmes de santé à l’échelle planétaire. Dans ce contexte, l’industrie pharmaceutique nationale est disposée à prendre part aux défis internationaux et à s’insérer dans l’axe Europe-Afrique.
Quel serait donc l’apport de l’AMIP dans la mise en place de la FMIP ?
L’AMIP est l’association historique du secteur, elle cumule plus de 35 ans de savoir-faire dans le domaine associatif. Ses membres intégreront la FMIP, aux côtés des autres opérateurs du secteur, non membres de l’association. Ensemble, nous défendrons l’industrie pharmaceutique et l’industrialisation du royaume. C’est là tout l’enjeu de la création de la fédération.
À quelles lacunes devra-t-elle remédier pour assurer la croissance du marché national ?
Il est nécessaire de rappeler la place qu’occupait le Maroc dans l’industrie pharmaceutique continentale durant les années 90. Aujourd’hui, nous sommes malheureusement en régression alors que nos «voisins» (Algérie, Tunisie et Jordanie) sont en train de nous devancer, bien qu’ils aient démarré leur industrie pharmaceutique bien après le Maroc, grâce à des mesures incitatives, aussi bien réglementaires que préférentielles pour la fabrication locale, implémentées par leurs gouvernements, et qui ont porté leurs fruits.
La Covid-19 a complètement chamboulé l’économie nationale. Comment l’AMIP gère-t-elle cette situation et comment compte-t-elle contribuer au développement industriel national?
Conscient de leur rôle prioritaire pour la santé des citoyens, les 30 sociétés membres de l’AMIP ont maintenu leur activité industrielle tout au long de cette crise, sans interruption, afin de répondre aux besoins du marché national, aussi bien en médicaments pour le traitement du coronavirus que d’autres pathologies, malgré l’augmentation des prix des matières premières à l’international. Grâce à la fabrication locale des médicaments et à cette industrie responsable et engagée, qui s’appuie sur plus de 60 ans d’expertise, nous n’avons eu aucune rupture au niveau des médicaments utilisés pour la Covid-19, tous fabriqués localement (chloroquine, hydroxychloroquine, azythromycine, paracétamol, vitamine C). Malgré la recrudescence de la demande mondiale, nous avons continué à nous engager aux côtés des autorités sanitaires pour garantir l’accès des Marocains aux médicaments dans les meilleures conditions.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco