Covid-19: les priorités du parlement
Le parlement essaie autant que faire se peut d’adapter son action aux spécificités de la conjoncture actuelle. Le sujet de la gestion de la crise sanitaire déclenchée par le Covid-19 est le dossier principal des missions de contrôle et de législation. Pas de répit pour les ministres directement concernés par cette crise.
Après son oral devant les parlementaires de la chambre basse, le chef de gouvernement Saad Dine El Otmani devra retourner, la semaine prochaine, à l’institution législative pour défendre les choix gouvernementaux en matière de gestion de la crise sanitaire. Quant au ministre de la Santé, il sera interpellé, lundi prochain, par les députés après un premier passage chez les conseillers. Ce n’est pas un choix fortuit, d’après la présidente du Groupement du PPS à la chambre des représentants, Aicha Lablak. «Les Marocains attendent, chaque jour, avec impatience les nouvelles ayant trait au secteur de la santé. Il y aura certainement des nouveautés d’autant plus que le 20 avril, le jour de la séance plénière, coïncidera avec la fin du confinement qui risque d’être prolongé. Tout choix devra être expliqué», souligne-t-elle.
D’autres responsables gouvernementaux devront passer à «la barre parlementaire» pour expliquer minutieusement la stratégie adoptée dans la conjoncture actuelle, les contraintes, mais surtout la vision d’avenir. C’est le cas à titre d’exemple du ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Amakraz, qui est très attendu sur le dossier de l’emploi. Il devra s’exprimer non seulement sur les mesures qui ont été décidées par le Comité de veille stratégique mais aussi sur les perspectives d’avenir pour la sauvegarde de l’emploi tant dans le secteur formel qu’informel. Une coordination est en cours entre le gouvernement et le parlement sur la programmation des séances de législation et de contrôle.
Les députés ont décidé de se pencher aussi sur l’après-crise à travers la création des commissions thématiques dans le cadre de l’évaluation des politiques publiques. La priorité sera accordée au secteur de la santé. Comment est géré ce secteur ? Quels sont les dysfonctionnements à redresser? Quid du financement ? Quels sont les enseignements à tirer de la crise actuelle ? La majorité et l’opposition sont unanimes sur la nécessité de repenser la stratégie du secteur et de donner un coup de fouet à son financement. Les parlementaires entendent passer au crible tout ce qui a trait au système de santé en coordination avec des experts. Un rapport détaillé devra être élaboré pour changer le visage du secteur de la santé, à commencer par l’impératif de donner la priorité au pôle public qui est actuellement sur le pied de guerre.
Règlement intérieur : réforme urgente
Par ailleurs, la chambre basse s’attèle sur un autre dossier de la plus haute importance : la réforme de son règlement intérieur. Le chantier ne date pas d’aujourd’hui, mais il doit être accéléré car il faut adapter le travail de l’institution législative aux nouvelles contraintes imposées par l’état d’urgence sanitaire. Le règlement intérieur doit être amendé pour introduire les dispositions relatives à l’action du parlement au cours des circonstances exceptionnelles. D’autres amendements au règlement intérieur sont prévus par les députés qui ont travaillé pendant de longs mois sur la nouvelle réforme.
En tête des priorités figure l’amendement du système des séances des questions orales qui est jugé trop classique et ne permet pas aux parlementaires d’accomplir comme il se doit leur mission de contrôle. On s’oriente vers l’instauration d’un nouveau système basé sur des questions centrales pour permettre au maximum de députés d’interagir avec les membres du gouvernement. Il faut dire que la révision de cet instrument de contrôle des activités du gouvernement s’impose pour assurer l’efficacité parlementaire tant souhaitée.
Rappelons à cet égard que le président de la chambre des représentants avait révélé quelques pistes de réforme lors d’un point de presse qu’il avait tenu après la clôture de la session automnale. Il s’agit, entre autres, de la nécessité de poser des questions d’ordre national et d’éviter les questions d’ordre local ainsi que l’augmentation du temps de parole dédié aux répliques pour permettre à un plus grand nombre de députés de participer à la séance des questions orales. On compte aussi introduire une mesure phare et importante pour la valorisation de la mission de contrôle parlementaire : la tenue d’une séance plénière au cours de chaque session parlementaire pour contrôler les engagements du gouvernement.
Cette réforme est très attendue car c’est à travers cette séance plénière que l’image de l’institution législative est façonnée, en raison de sa transmission en direct par la première chaine nationale et en ligne. À cela, s’ajoute le renforcement du suivi des engagements du gouvernement pour optimiser le contrôle parlementaire et le valoriser. C’est une piste qui est déjà envisagée dans le cadre de la réforme en vue.